Mardi dernier à Nouakchott, la Première Dame, Dr Marième Fadhel Dah, a supervisé la cérémonie de signature de la Charte nationale pour l’édification de la famille, un projet lancé par l’Union nationale du patronat mauritanien (UNPM). Les porteurs de ce projet estiment que cet événement marque une étape importante dans les efforts visant à renforcer les valeurs familiales et sociales au sein de la société mauritanienne.
Un consensus un peu forcé…
La charte a été signée par plusieurs personnalités éminentes, dont le secrétaire général de l’Union des oulémas mauritaniens, le président de l’UNPM, et le président de la Commission nationale des droits de l’homme, en plus de nombreux représentants d’organisations de la société civile. Cette diversité de signatures est, selon les initiateurs de ce projet, significative d’un consensus autour de l’importance de la famille en tant que fondement de la société mauritanienne.
Lors de la cérémonie, M. Mohamed Zeine El Abidine Cheikh Ahmed, président de l’UNPM, a salué l’engagement de la Première Dame, soulignant que sa supervision témoigne de son intérêt constant pour le progrès social et la préservation des valeurs islamiques. Il a également mentionné que la charte représente un jalon significatif dans les responsabilités sociales de l’UNPM, visant à promouvoir et à préserver les valeurs fondamentales de la société islamique.
Les objectifs de la Charte
La Charte nationale pour l’édification de la famille vise à instaurer des principes directeurs qui renforcent la structure familiale. Elle appelle à un processus consultatif impliquant toutes les parties prenantes, y compris les autorités publiques, les juristes et les acteurs de la société civile. M. Cheikh Ahmed a remercié le gouvernement, en particulier le Président de la République, M. Mohamed Cheikh El Ghazouani, pour son soutien dans cette initiative.
Les thèmes abordés dans la charte sont hétérogènes, notamment en matière de gestion des ressources, de lutte contre le gaspillage et d’établissement de bases solides pour la famille. M. Cheikh Ahmed a exprimé sa conviction que la présence de la charte et son suivi contribueront au succès de ses objectifs en faveur des familles et du bien-être général.
Engagement envers les valeurs islamiques
Le secrétaire général de l’Union des oulémas mauritaniens, M. Cheikh Saleh, a souligné que l’adoption de cette charte témoigne d’une sensibilité aux besoins des citoyens. Les signataires s’engagent à respecter les règles de la charia dans les cérémonies de mariage, de condoléances et de félicitations, tout en prenant en compte le caractère sacré des mosquées.
Parmi les dispositions clés de la charte, on trouve des mesures visant à alléger les dots, à éviter les extravagances dans les contrats, ainsi qu'à lutter contre la prodigalité. Ces initiatives visent à atténuer les charges financières des ménages et à promouvoir une culture de simplicité et de respect des ressources.
La cérémonie de lancement a rassemblé de nombreuses personnalités, dont la ministre de l’Action sociale, de l’Enfance et de la Famille, Mme Saviya N’Tahah, ainsi que des représentants de diverses commissions et acteurs économiques.
Un scepticisme persistant
Cependant, cette initiative suscite des interrogations. Certains critiques se demandent si une charte axée sur la famille est réellement dans le champ de compétences du patronat, qui devrait prioritairement s’occuper des questions économiques et des conditions de travail. Pour eux, l’implication de l’UNPM dans ce domaine pourrait être perçue comme une dispersion par rapport à ses responsabilités premières.
Ces critiques soulignent que la mission du patronat est de défendre les intérêts des entreprises et d’œuvrer pour le développement économique. En s’engageant dans des sujets sociétaux, l’UNPM risque de diluer son message et de s’éloigner de son rôle fondamental.
Néanmoins, d’autres voix s’élèvent pour soutenir que la santé économique d’un pays est intrinsèquement liée au bien-être de sa population et à la stabilité familiale. Ainsi, certains plaident pour une approche intégrée, où l’économie et la famille ne sont pas perçues comme des domaines distincts, mais plutôt comme interconnectés.
Dans tous les cas, cette initiative soulève des débats sur le rôle approprié du patronat dans des questions qui semblent éloignées de ses missions traditionnelles. À l’avenir, il sera crucial pour l’UNPM de trouver un équilibre entre son rôle de défenseur des intérêts économiques et son engagement social, afin de garantir que ses actions soient perçues comme constructives et bénéfiques pour l’ensemble de la société.