
À la veille de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN, le Secrétaire général Mark Rutte a tenu, lundi 2 décembre 2025, une conférence de presse dense à Bruxelles. L’occasion de dresser un état des lieux des menaces actuelles, du soutien à l’Ukraine et des priorités en vue du prochain sommet de l’OTAN, prévu à Ankara.
Un effort de défense qui doit encore monter en puissance
Rutte a rappelé que les Alliés s’étaient engagés à consacrer 5 % de leur PIB à la défense, dont 3,5 % aux dépenses militaires essentielles.
Il a salué les progrès réalisés, tout en avertissant que la route serait longue :
« Nous ne pouvons pas relâcher l’effort. Nous devons avancer ensemble et rester responsables devant nos citoyens. »
Pour lui, l’enjeu n’est plus seulement d’augmenter les budgets, mais aussi de renforcer la production industrielle, notamment dans les drones, les systèmes anti-aériens, les capacités cyber et spatiales.
Ukraine : soutien militaire, diplomatie et pression sur Moscou
Au cœur de l’intervention : la guerre en Ukraine. Rutte a condamné les frappes russes visant les infrastructures civiles, soulignant que Moscou bénéficie du soutien de la Chine, de l’Iran et de la Corée du Nord.
Il a également évoqué les efforts diplomatiques menés par Washington pour ouvrir la voie à une paix durable :
« Les États-Unis jouent un rôle essentiel. Les discussions progressent, mais leur réussite dépendra aussi de la volonté de la Russie. »
Sur l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, Rutte a rappelé que :
- le principe d’adhésion reste valide ;
- mais l’absence de consensus au sein de l’Alliance rend cette perspective incertaine à court terme.
Parallèlement, l’OTAN travaille à des garanties de sécurité alternatives pour éviter un nouveau cycle d’agression russe.
PURL : un mécanisme vital pour l’armée ukrainienne
Le Secrétaire général s’est montré prudemment optimiste sur la progression du mécanisme PURL, qui permet aux Alliés d’acheter du matériel américain pour l’Ukraine.
Objectif : un milliard de dollars par mois.
« Nous sommes en bonne voie, mais il nous reste un dernier effort à fournir pour décembre », a-t-il déclaré.
Menaces hybrides : drones, ballons, cyberattaques
Les questions de la presse ont mis en lumière la hausse des activités hybrides attribuées à la Russie : drones tombés en Roumanie, perturbations de l’espace aérien en Lituanie, survols suspects en Belgique et au Danemark.
Rutte a présenté ces actions comme une “nouvelle normalité” :
- L’OTAN renforce la défense anti-drones dans le cadre d’Eastern Sentry.
- Les Alliés coopèrent étroitement avec l’UE et l’Ukraine pour améliorer la détection et la neutralisation des appareils.
- Les enseignements du front ukrainien alimentent directement les programmes de modernisation.
Mer Noire, Balkans, sécurité régionale
Le Secrétaire général a aussi réagi aux attaques contre des navires fantômes dans la mer Noire, évoquant « un risque supplémentaire lié à la guerre russe ».
Sur les Balkans, il a appelé la Serbie à traduire en justice les auteurs des violences de 2023 et exhorté Pristina et Belgrade à reprendre les discussions sous l’égide de l’UE.
En route vers le sommet d’Ankara
Rutte a insisté sur l’importance du prochain sommet de l’OTAN, prévu en 2025 à Ankara. Les enjeux seront multiples :
- valider une trajectoire crédible vers les 5 % de dépenses militaires ;
- accélérer la production d’armements ;
- garantir un soutien durable à l’Ukraine ;
- et, espère-t-il, accueillir les discussions dans un contexte où la guerre aurait enfin pris fin.
« Nous voulons tous voir ce conflit s’arrêter. Mais pour danser, il faut être deux. Les Ukrainiens veulent la paix. La question est maintenant de savoir si la Russie suivra. »

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