Afrique de l’Ouest : la BAD injecte des milliards pour électrifier l’avenir — la Mauritanie au cœur de la transition énergétique | Mauriweb

Afrique de l’Ouest : la BAD injecte des milliards pour électrifier l’avenir — la Mauritanie au cœur de la transition énergétique

lun, 13/10/2025 - 13:37

 Un vent nouveau souffle sur l’Afrique de l’Ouest. Alors que la région peine depuis des décennies à sortir de l’obscurité énergétique, la Banque africaine de développement (BAD) vient de donner un coup d’accélérateur décisif : deux financements majeurs, en Mauritanie et au Niger, viennent d’être approuvés pour transformer durablement l’accès à l’électricité et renforcer la résilience économique.

Ces projets, d’un montant cumulé dépassant 440 millions de dollars, marquent une étape cruciale pour une région où près de la moitié de la population vit encore sans accès régulier à l’énergie.

Mauritanie : un projet hybride solaire-éolien à 300 millions de dollars

En Mauritanie, la BAD a validé un financement de 300 millions de dollars destiné à la mise en œuvre d’un projet hybride solaire-éolien d’une capacité de 60 MW, dans le cadre de son initiative continentale “Desert to Power”.

Ce projet, qui s’ajoutera à une capacité nationale d’environ 450 MW actuellement installés, vise à renforcer la sécurité énergétique du pays, tout en accélérant sa transition vers les énergies propres.

Selon Mohamed Ould Khaled, ministre mauritanien de l’Énergie, ce financement « permettra d’accroître la production d’électricité sans alourdir la dette publique, tout en développant une filière nationale d’énergie renouvelable créatrice d’emplois ».

Les travaux, qui devraient débuter dès 2026, concernent plusieurs zones stratégiques du pays, notamment dans le nord et le centre, où les conditions climatiques sont particulièrement favorables à la production éolienne et solaire.

Au-delà de l’impact technique, ce projet symbolise une ambition : faire de la Mauritanie un acteur énergétique régional, capable d’alimenter à terme le marché ouest-africain, voire européen, à travers les interconnexions électriques en cours de conception avec le Sénégal et le Maroc.

Niger : une gouvernance énergétique repensée

De son côté, le Niger bénéficiera d’un financement de 144,7 millions de dollars pour la première phase de son Programme de soutien à la gouvernance et à la compétitivité du secteur énergétique.

L’objectif est double : déployer 240 MW d’énergie solaire d’ici 2030, dont 50 MW avant la fin de 2026, et réformer la gestion du secteur afin d’attirer davantage d’investissements privés.

Aujourd’hui, à peine 22,5 % des Nigériens ont accès à l’électricité, une situation qui freine la croissance économique. Ce programme pourrait porter la contribution du secteur manufacturier au PIB de 2,5 % à 3,8 %, selon les estimations de la BAD, tout en favorisant une montée en puissance des entreprises locales dans la chaîne de valeur énergétique.

Des retombées sociales directes

Derrière les chiffres, il y a surtout des vies humaines qui changent.
Ces projets permettront à des milliers d’écoles, de centres de santé et d’entreprises de bénéficier d’une alimentation stable en électricité.

Les coupures chroniques, si familières aux populations rurales et urbaines, devraient diminuer de manière significative.

Pour les populations mauritaniennes, notamment dans les régions enclavées, ce développement pourrait signifier la fin de la dépendance aux générateurs au gasoil, coûteux et polluants.

Une stratégie régionale de transformation énergétique

Ces investissements ne sont pas des gestes isolés. Ils s’inscrivent dans une stratégie régionale ambitieuse de la BAD visant à fournir de l’énergie à 250 millions d’Africains d’ici 2030.
Le programme Desert to Power, lancé en 2018, couvre onze pays du Sahel, dont la Mauritanie, le Niger, le Mali et le Tchad. Il a pour but de transformer les vastes zones désertiques en pôles d’énergie propre, capables d’alimenter durablement la croissance.

Dans le contexte actuel de crise climatique mondiale, cette initiative prend une dimension géopolitique majeure : elle place l’Afrique de l’Ouest au cœur de la transition énergétique mondiale, tout en réduisant sa vulnérabilité économique face aux fluctuations des prix du pétrole.

 

Mauritanie : un positionnement stratégique confirmé

Pour Nouakchott, cette décision de la BAD confirme la crédibilité croissante du pays en matière de transition énergétique.

Outre ce projet solaire-éolien, la Mauritanie développe déjà d’autres initiatives phares :

  • le méga-projet d’hydrogène vert de Chami, en partenariat avec le consortium Chariot–TotalEnergies ;
  • le programme d’électrification rurale soutenu par la Banque mondiale ;
  • et les interconnexions électriques avec le Sénégal dans le cadre du Projet OMVS.

En combinant ses ressources naturelles abondantes (soleil, vent, littoral) et sa position géographique stratégique, le pays ambitionne de devenir un fournisseur énergétique majeur pour la sous-région.

Un tournant pour l’Afrique de l’Ouest

Ces deux projets, en Mauritanie et au Niger, constituent bien plus qu’un simple investissement énergétique : ils représentent un pari sur l’avenir.
Un avenir où l’accès à l’énergie devient un levier de développement, où l’innovation verte crée de l’emploi et où la souveraineté énergétique devient synonyme de stabilité politique et sociale.

Alors que les regards se tournent vers 2030, une chose est sûre :

l’Afrique de l’Ouest ne veut plus subir la crise énergétique — elle veut la résoudre, durablement et à sa manière.