Le « dialogue national inclusif » devait s’achever le lundi 10 Octobre. Il va jouer les prolongations. Jusqu’au 13 courant, souhaite la commission de supervision et d’orientation des travaux. Une décision justifiée, selon le communiqué officiel, par « la qualité et la franchise des débats qui ont suscité l'intérêt des participants et généré des appels pour davantage de temps », écrit notre confrère AMI.
Avant d’ajouter : «cette prolongation va permettre, aux participants, de débattre et d'approfondir les sujets inscrits à l'ordre du jour des ateliers et de parvenir à des ententes pouvant aboutir à un accord consensuel et global ».
De fait, la commission qui planche sur les réformes constitutionnelles peinerait à avancer. De sérieuses divergences bloqueraient les travaux. Parce que, précisent nos sources, certains participants, dont on ignore même comment ils ont été cooptés, perturbent les discussions, en tentant de faire inscrire des points qui ne figurent pas à l’ordre du jour.
Du coup, APP et El Wiam se méfient et le font savoir. Dans un communiqué, le parti du président Messaoud Ould Boulkheïr avertit : « Nous ne nous engagerons pas dans un processus dont les résultats ne sont pas corollaires des préliminaires ». Le communiqué déplore que certains partis officiels veuillent, non seulement, rompre le consensus adopté lors des préliminaires mais, aussi, revenir sur le caractère contraignant des résolutions du dialogue.
De son côté, Idoumou Ould Jiyid Ould Abdi, secrétaire général d’El Wiam, le parti présidé par Boydiel Ould Houmeïd, déplore, dans une déclaration rapportée par nos confrères d’Al Akhbar, le « manque de sincérité du gouvernement ».
Mais ces deux partis ne savaient-ils à quoi s’attendre, eux qui déplorent l’absence d’application des résolutions du dialogue de 2011 dont ils avaient été parties prenantes ? Le blocage des travaux du conseil municipal de Rosso (1), présidé par un membre d’El Wiam, n’est-il pas le résultat du refus, par le pouvoir, d’appliquer la résolution sur la transhumance politique ?
Selon d’autres confidences recueillies auprès de divers responsables de la majorité, « oui, les travaux jouent la prolongation mais le document final du dialogue est déjà dans les tiroirs ». Si tel est vraiment le cas, voilà de quoi apporter de l’eau au moulin aux deux pôles qui ont boudé les présentes assises ! Et leurs commentaires n’y manquent pas : « Tripatouillage », aux dires d’AhmedOuld Daddah, ou « coup d’Etat » contre la Constitution, renchérit le FNDU.
Les agissements de certains participants pourraient être interprétées comme une volonté de faire dévier le dialogue, révélant, comme le suspectent les boycottistes et divers acteurs ayant pris part aux travaux, que le pouvoir disposerait d’un « agenda caché ».
Côté cour, les reportages réalisés, par la TVM, sur les ateliers laissent perplexe. On se demande même comment certains participants, notoirement connus pour avoir mangé à toutes les sauces et leur manque de crédibilité, ont pu être « cooptés ».
Des gens sans niveau, pour décider de l’avenir du pays, et dont nombre ne sont là que pour se pavaner, sinon courir à la pause-café, s’il y en a… On les a entendu fredonner, au micro de nos confrères, presque tous la même rengaine : tout se passe bien, les débats sont libres et francs, on s’est mis d’accord sur certains points, des divergences persistent sur d’autres, nous appelons tout le monde à prendre part à ce dialogue, parce que la Mauritanie en a besoin… Mais rien de concret sur les convergences, encore moins sur les divergences.
L’ambiance, dans les ateliers et les couloirs, laisse également songeur. Des va-et-vient, des à-côtés, des salutations... Une ambiance de déjà vu qui ne manquera, certainement pas, d’impacter négativement sur les résolutions attendues. N’aurait-il pas fallu choisir des experts juristes (avocats et constitutionalistes), des économistes, des sociologues, experts en communication, consultants en matière de sécurité, et autres politiques, pour nous concocter un solide document à débattre ?
De son côté, le FNDU et le RFD ont entrepris d’expliquer et de justifier leur refus de prendre part à la rencontre. Après avoir réitéré son attachement au principe du dialogue, le FNDU s’est engagé, dans une conférence de presse tenue, il y a quelques jours à l’hôtel Khater, à ne prendre part à aucun, sans en avoir discuté les préalables et le format…
Le FNDU rappelle que le pouvoir n’a jamais été sincère, dans sa main tendue, foulant aux pieds les résolutions de l’accord de Dakar et du dialogue de 2011, avant d’ignorer ceux vulgarisés, en 2014, à grand renforts médiatiques et de missions d’explications à l’intérieur du pays. « Le pouvoir préfère le cirque et le folklore, alors que le FNDU opte pour les actes qui fassent avancer la Mauritanie», signale le communiqué du Forum diffusé lors de sa conférence de presse.
Une conférence dont il aura surtout profité pour afficher son unité et la cohésion de sa position. Mais il faut souligner que certains de ses responsables estiment, tout de même, qu’après la déclaration du président de la République, sur les media espagnols, selon laquelle il ne briguerait pas un troisième mandat, la position du FNDU devrait évoluer en conséquence ; ne plus se figer sur l’exigence de réponse à sa plateforme envoyée, au pouvoir, depuis bien longtemps ; et rechercher d’autres concessions lui permettant de s’engager dans le dialogue.
DL (Le Calame)