
Le ministère de l’Économie et des Finances a rendu public, vendredi dernier, un communiqué en réponse à des publications virales sur les réseaux sociaux émanant d’une investisseuse étrangère. Ces posts, diffusés à partir du 5 avril 2025, dénonçaient des pratiques administratives entravant le climat des affaires, notamment des cas de négligence, d’obstacles bureaucratiques, de pressions injustifiées et de tentatives de corruption.
Face à ces accusations, le ministère a annoncé la création d’un comité d’enquête chargé d’« établir les faits, examiner tous les tenants et aboutissants de cette affaire, garantir la prise de décisions appropriées et assurer aux citoyens le droit à l’information ». Cette initiative vise à répondre aux préoccupations soulevées tout en réaffirmant l’engagement des autorités en faveur de la transparence et de l’amélioration de l’environnement économique.
Une réaction rapide pour préserver la crédibilité des réformes relatives à l’amélioration du climat des affaires
Les allégations de l’investisseuse, dont l’identité est connue, ont rapidement suscité l’émoi sur la scène économique nationale. Dans son communiqué, le ministère a souligné l’importance de « préserver la confiance des partenaires étrangers » et de « garantir un cadre équitable pour tous les investisseurs ». Le comité, composé d’experts indépendants et de représentants institutionnels, a mené des auditions et analysé des documents administratifs liés aux activités de la plaignante.
Enjeux et perspectives pour la Mauritanie
Cette affaire intervient dans un contexte où la Mauritanie cherche à attirer davantage d’investissements étrangers, notamment dans les secteurs minier, énergétique et agricole. Le pays, qui a engagé ces dernières années des réformes pour améliorer son classement dans les indices internationaux de facilité de faire des affaires, ne peut se permettre des controverses susceptibles d’entacher sa réputation.
Les observateurs notent que la réactivité du gouvernement témoigne d’une prise de conscience accrue des défis persistants en matière de gouvernance. « La transparence est un pilier essentiel pour bâtir une économie résiliente », a rappelé un porte-parole du ministère, insistant sur « l’importance de signaler tout abus via les canaux officiels ».
En réagissant promptement à ces allégations, la Mauritanie envoie un signal fort : celui d’un État déterminé à protéger son intégrité économique et à consolider la confiance des investisseurs. L’efficacité des actions engagées sera cependant jugée à l’aune des résultats tangibles sur le terrain.
Le communiqué est ainsi libellé :
”A la suite de la diffusion, à partir du 5 avril 2025, de publications sur l’un des réseaux sociaux par une investisseuse étrangère concernant le climat des affaires en République Islamique de Mauritanie, mentionnant des pratiques administratives inadéquates telles que la négligence, les obstacles, les pressions injustifiées, et les tentatives de corruption, le ministère de l’Économie et des Finances a constitué un comité d’enquête pour établir les faits, examiner tous les tenants et aboutissants de cette affaire, garantir la prise de décisions appropriées et assurer aux citoyens le droit à l’information.
Après avoir achevé ses investigations dans le délai prévu, le comité a soumis son rapport final contenant une évaluation détaillée du processus administratif de l’entreprise concernée et une analyse objective des faits soulevés. Le comité s’est basé sur des interviews avec toutes les parties prenantes, y compris les collaborateurs de l’investisseuse concernée après que celle ci ait refusé de coopérer, ainsi que sur l’évaluation des procédures administratives adoptées au sein des départements concernés. Le comité a recueilli les témoignages de 20 personnes, comprenant des fonctionnaires, des experts comptables et des employés du secteur privé.
Les conclusions du comité après avoir mené son enquête sont les suivantes :
-Des lacunes et des dysfonctionnements ont été observés, notamment le manque ou l’absence de coordination entre certains départements publics liés aux activités des investisseurs, y compris l’accès à l’information et la communication avec les usagers.
-Il a été constaté à travers l’enquête que l’entreprise concernée n’était pas en conformité avec le cadre légal mauritanien, notamment pour ce qui concerne ses obligations fiscales.
-Aucune preuve matérielle ne permet de prouver des pratiques systématiques de corruption ou des pressions institutionnelles. Le comité exprime son étonnement face au manque de coopération de l’investisseuse avec l’enquête, ayant initialement refusé de collaborer avant de se rétracter et de renouer le contact hier pour demander les garanties et une confidentialité, affirmant qu’elle refuse de dévoiler l’identité ou les identités des personnes qu’elle accuse de lui avoir demandé un pot-de-vin en échange d’avantages fiscaux illégaux ou pour la délivrance de permis de travail. Celui qui appelle à la transparence et prétend être la cible de comportements aberrants ne doit pas protéger des fonctionnaires corrompus en refusant de révéler leurs identités dans le cadre d’une enquête officielle, un comportement punissable par les textes en vigueur .
Le comité a formulé un ensemble de recommandations importantes, parmi lesquelles :
-Accélérer la numérisation des procédures administratives pour garantir la transparence, la traçabilité et la facilitation des services aux usagers ;
- Renforcer les compétences des ressources humaines grâce à une formation continue basée sur les normes modernes du service public et l’éthique professionnelle ;
-Améliorer la communication institutionnelle interne et externe pour assurer la fluidité de l’information et promouvoir une culture d’ouverture et de transparence.
-Transmettre les résultat de cette investigation à l’Agence Judiciaire de l’Etat, pour engager la procédure appropriée.
À la lumière de ces conclusions, le ministère de l’Économie et des Finances réaffirme :
-Son engagement à poursuivre ses efforts pour établir un climat d’investissement attractif, crédible et compétitif ;
-Son engagement à appliquer les recommandations de ce rapport et à les intégrer au processus de réformes en cours ;
-Son appel aux journalistes, blogueurs et intellectuels à ne pas se laisser entraîner par des allégations qui ne résistent pas à l’enquête et à la vérification, et qui pourraient nuire à la réputation du pays.
Nouakchott, le 11 avril 2025