
À Belém, au Brésil, la COP30 s’est ouverte sur de nouvelles promesses de financement climatique, notamment pour les pays les plus exposés aux crises sécuritaires et environnementales. La Mauritanie s’est félicitée de rejoindre la plateforme internationale de sécurité climatique, un mécanisme censé mieux articuler climat, prévention des conflits et stabilité régionale.
Sur le papier, l’annonce est flatteuse : intégration à un réseau stratégique, accès facilité aux financements du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), et un positionnement plus audible dans les arènes internationales. Dans la réalité, les questions demeurent nombreuses.
Car si plusieurs pays africains élaborent déjà des cadres nationaux liant climat et sécurité, la Mauritanie, elle, n’a toujours pas défini sa propre doctrine en matière de sécurité climatique. Aucun document public ne décrit comment l’État entend protéger ses zones les plus vulnérables — vallée du fleuve, zones pastorales, centres urbains submergés par l’érosion côtière — ni comment seront utilisés les financements à venir.
Le contraste est d’autant plus frappant que le Guichet d’action climatique de la BAD, financé par des partenaires européens, oriente 75 % de ses ressources vers l’adaptation, principalement sous forme de dons. En clair : l’argent existe, mais encore faut-il savoir quoi en faire.
Pendant ce temps, d’autres pays du Sahel, comme le Tchad, ont déjà structuré leurs priorités : stabilisation des communautés, protection des terres agricoles, résilience hydrique. La Mauritanie, elle, continue de rejoindre des plateformes et de signer des engagements… sans traduire ces annonces en politiques opérationnelles.
Rejoindre la plateforme de sécurité climatique est donc un signal positif — mais insuffisant.
Tant que Nouakchott ne produira pas un plan national clair, transparent et évalué, les financements risquent de se diluer dans le brouillard habituel des “projets pilotes” et des “cadres en préparation”.
À la COP comme ailleurs, les effets d’annonce ne remplacent pas une stratégie.

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