
La Commission des finances de l’Assemblée nationale s’est réunie ce lundi soir sous la présidence du député Ali Mamoudou Kane pour examiner le budget du ministère du « Renforcement de la jeunesse, de l’emploi, du sport et de la fonction publique » dans le cadre du projet de loi de finances 2026. Le ministre Mohamed Abdallah Ould Louly a présenté un exposé détaillant les lignes budgétaires et les priorités annoncées du département.
Montant total : 2,12 milliards d’ouguiyas.
Mais une fois encore, les interrogations de fond demeurent. Et le « méga-ministère » aux compétences éclatées doit composer avec une critique récurrente : beaucoup de slogans, peu de résultats mesurables.
Un portefeuille gigantesque… pour des politiques encore floues
Quatre secteurs aussi lourds que stratégiques — jeunesse, emploi, sport, fonction publique ont été réunis dans une même structure. En théorie, cette fusion devrait permettre une vision transversale. En pratique, elle produit surtout : une dilution des responsabilités, des priorités mouvantes, et une difficulté à savoir qui fait quoi, et avec quels moyens.
Le budget présenté n’apporte que rarement des indicateurs de performance, des bilans des programmes existants, ou des preuves d’impact sur les problématiques qu’il prétend traiter.
La jeunesse attend des solutions, pas des tableaux Excel
Avec un taux de chômage des jeunes toujours élevé, un secteur sportif en crise structurelle, et une fonction publique en quête de réformes réelles, on pouvait s’attendre à ce que la Commission des finances exige des clarifications sérieuses.
Parmi les questions évitées ou insuffisamment détaillées : Quels nouveaux dispositifs d’insertion pour les jeunes ? Quels résultats pour les projets financés en 2024–2025 ? Quel suivi des fonds injectés dans les infrastructures sportives ? Quelle stratégie pour moderniser la fonction publique ?
Aucune réponse précise n’est apparue dans l’exposé ministériel. On y retrouve surtout une répartition comptable, fragmentée, sans vision globale d’impact.
2,12 milliards… mais quel rendement social ?
Le budget, bien que conséquent, ne dit rien sur : l’efficacité réelle des programmes d’appui à l’emploi, la gouvernance du sport et la gestion des fédérations, la lutte contre la précarité des jeunes diplômés, la réforme de la fonction publique face à l’inflation et à la stagnation des salaires.
Les parlementaires, quant à eux, ont écouté, pris note… et très peu interrogé.
Comme si la simple lecture d’un montant suffisait à valider une politique publique.
Un ministère clé, mais encore en pilotage automatique
À la veille d’une année budgétaire décisive, le pays aurait besoin : de plans opérationnels, d’indicateurs mesurables, de bilans publiés, et d’une vision stratégique assumée.
Or, le sentiment dominant après cette séance est celui d’un pilotage administratif, non d’une politique ambitieuse pour la jeunesse.
Le ministère gère, mais ne transforme pas. Il dépense, mais n’évalue pas.
Il promet, mais ne prouve pas. Une équation inquiétante pour un secteur supposé porter l’avenir du pays.

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