
Les travaux de la trente-sixième session du Conseil des ministres arabes chargés de l’environnement se sont ouverts, jeudi, au Palais des Congrès “Mokhtar Ould Daddah” à Nouakchott. Cet événement marquant, inscrit dans le cadre des activités de la Semaine arabe de l’environnement, se tient sous le thème fédérateur : « Politiques environnementales au service de l’être humain ». Il vise à élaborer une position arabe unifiée pour faire face au changement climatique et à promouvoir la création d’un marché du carbone régional, symbolisant la conviction que l’investissement dans l’environnement est un investissement dans l’humain.
Un cadre stratégique pour des défis communs
La cérémonie d'ouverture a mis en lumière l'urgence de relever les défis environnementaux qui menacent la stabilité et le bien-être des populations arabes. Les débats ont porté sur une série de menaces, notamment le changement climatique, la pollution sous toutes ses formes, la dégradation des sols, la désertification, la sécheresse et l'érosion de la biodiversité.
La ministre de l’Environnement et du Développement durable, Mme Messouda Baham Mohamed Laghdaf, présidente en exercice de la session, a souligné que les délibérations techniques et les échanges de vues soutiendront les politiques de durabilité dans les pays arabes. Elle a affirmé l'engagement constant de la Mauritanie envers les mécanismes d'action commune au sein de la Ligue des États arabes, un engagement ancré dans un sentiment d'appartenance et de solidarité régionale.
Les piliers de la coopération régionale
Les discussions ont fait émerger plusieurs priorités essentielles pour la coopération environnementale arabe :
-Coordination pour les négociations climatiques : Les participants ont plaidé pour un renforcement des capacités des négociateurs arabes afin qu'ils puissent participer efficacement aux négociations internationales sur le climat, en particulier en prévision de la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP30) qui se tiendra à Belém, au Brésil, en novembre 2025 ;
-Création d'un marché du carbone : Une des ambitions affichées est la coordination des efforts pour créer un marché du carbone dans la région. Cet outil vise à la fois à stocker les gaz à effet de serre et à renforcer la résilience face aux impacts climatiques ;
-Mobilisation des financements : La nécessité d'aider les États arabes à créer un environnement propice à l'investissement et à mettre en place les cadres juridiques nécessaires pour attirer les financements climatiques a été identifiée comme un levier crucial.
Initiatives nationales au service d'une vision régionale
Les interventions des ministres et chefs de délégation ont illustré la diversité et la vigueur des actions entreprises au niveau national.
Le Maroc, représenté par l'ambassadeur Hamid Chabar, a mis en avant son approche intégrée combinant protection de l'environnement et développement économique et social. Le Royaume s'appuie sur sa Stratégie nationale de développement durable 2035 comme cadre pour accélérer la transition vers une économie verte et promouvoir la justice environnementale.
L'Arabie Saoudite, par la voix de son vice-ministre, l'ingénieur Mansour bin Hilal Al-Shaiti, a présenté les avancées concrètes réalisées dans le cadre de sa Vision 2030. Les aires protégées couvrent désormais plus de 18% du territoire, avec un objectif de 30% d'ici 2030. Le Royaume a également lancé l'initiative « Arabie Saoudite Verte » pour réhabiliter 40 millions d'hectares de terres dégradées et mis en place un système de gestion des déchets visant un taux de recyclage de 90% .
Une feuille de route pour l'action future
La session de Nouakchott n'est pas un événement isolé. Elle s'inscrit dans un processus dynamique, incluant la 61e session des experts arabes en environnement et le 4e Forum arabe de l'environnement, qui ont précédé la réunion ministérielle. Ces assises constituent une plateforme de dialogue de haut niveau pour l'échange d'expériences et la formulation de positions communes.
L'appel lancé par la Mauritanie et ses partenaires à considérer l'environnement comme un « levier de développement et non comme un fardeau » résume l'esprit de cette rencontre. Les pays arabes affirment leur volonté de faire de la protection de l'environnement un axe essentiel pour construire des économies résilientes, capables de croître tout en préservant leurs ressources naturelles pour les générations futures.
La 36e session du Conseil des ministres arabes de l’Environnement à Nouakchott a posé les bases d'une collaboration régionale renforcée. En cherchant à parler d'une seule voix sur la scène internationale, notamment en amont de la COP30, et en promouvant des politiques intégrées, les pays arabes démontrent leur prise de conscience des enjeux et leur détermination à placer l'être humain au cœur de leurs stratégies environnementales. Le chemin est tracé pour une transition collective vers un développement durable, où la nature est perçue comme le plus précieux des alliés.

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