
Le Parlement mauritanien a ouvert ce mercredi sa première session ordinaire de l’année 2025-2026, sous la présidence de Mohamed Ould Meguett. Dans un discours solennel, le président de l’Assemblée nationale a multiplié les appels à l’unité nationale, au respect de la diversité et au bannissement des clivages tribaux et communautaires. Mais derrière cette rhétorique consensuelle, les pratiques politiques peinent à refléter les idéaux proclamés. Dans son discours d’ouverture, Ould Meguett a souligné que cette session se distinguait par un agenda « riche et varié », en raison de son importance particulière dans le calendrier institutionnel. Contrairement aux autres sessions ordinaires ou extraordinaires, celle-ci est marquée par l’examen du projet de loi de finances, considéré comme la traduction concrète de la politique gouvernementale pour l’année à venir.
Ould Meguett a insisté sur la nécessité de « protéger la cohésion nationale », en dénonçant les discours de haine et en appelant les députés à s’élever au-dessus des « appartenances étroites » – tribales, régionales, communautaires ou ethniques. Il a aussi rappelé le rôle essentiel du Parlement : entre autre, exercer un contrôle sur l’action gouvernementale et proposer des alternatives constructives.
En appelant à « enraciner la culture du dialogue et du respect de l’opinion divergente », il a voulu placer cette rentrée parlementaire sous le signe du rassemblement et de la responsabilité.
Cependant, dans la pratique, les divisions politiques et sociales demeurent fortes en Mauritanie. Les appels récurrents à dépasser le tribalisme et le communautarisme contrastent avec la réalité d’une scène politique souvent polarisée, où l’appartenance régionale ou communautaire reste un facteur déterminant dans les alliances et les carrières.
Le président de l’Assemblée a rappelé aux députés la « noblesse de leur mission », les appelant à être à la hauteur des attentes des citoyens. Il a insisté sur l’importance de l’assiduité aux travaux des commissions et des séances plénières, ainsi que sur le respect des textes et des procédures qui régissent la vie parlementaire.
Le contraste est d’autant plus marqué que les revendications sociales et économiques s’amplifient dans le pays, en particulier autour de l’éducation, de la santé et de la lutte contre les inégalités. Face à ces attentes, le Parlement peine souvent à apparaître comme une force de proposition crédible, se limitant à un rôle de chambre d’enregistrement des projets gouvernementaux.
En rappelant aux députés qu’ils portent une « lourde responsabilité » vis-à-vis des citoyens, Ould Meguett reconnaît implicitement le fossé entre le discours institutionnel et la perception populaire.
Cette nouvelle session parlementaire se veut « riche et variée », mais elle sera surtout jugée à l’aune de sa capacité à aller au-delà des discours convenus. Le défi central reste de savoir si le Parlement saura traduire dans les faits l’idéal d’unité et de responsabilité affiché par son président, ou si la politique mauritanienne continuera d’être dominée par les logiques d’intérêts étroits et la distance avec les préoccupations citoyennes.