Afrimag - La Mauritanie pense toujours à la production de l’électricité à partir du gaz qui viendrait de Banda, un champ gazier situé dans l’offshore mauritanien à distance d’environ 60 km de Nouakchott.
Après l’échec d’une première expérience avec Tullow Oil, le ministère du Pétrole, des mines et de l’énergie vient de signer avec l’opérateur énergétique international, New Fortress Energy (NFE) un mémorandum d’entente pour le développement de ce champ gazier offshore pour la génération de l’électricité.
Le mémorandum a pour objet de lancer les études de faisabilité technique et commerciale nécessaires au développement du champ et à la construction de la nouvelle centrale, ainsi que les négociations commerciales pour parvenir au cadre contractuel du projet, y compris l’accord de vente de l’énergie produite.
Le projet Banda consiste, à l’horizon 2024, à alimenter la centrale duale de 180 MW à partir du gaz et la construction d’une nouvelle centrale à cycles combinées de 120 MW permettant ainsi à la Mauritanie de se doter, pour la première fois, d’usines à gaz de production globale de 300 MW. Sur le plan de compétitivité, ce projet permettra de disponibiliser sur le marché local et régional l’un des prix de l’électricité les moins chers sur le continent.
Pour le ministère du Pétrole, «la signature de ce mémorandum s’inscrit dans le cadre de la vision stratégique du département en matière de l’énergie notamment les efforts visant à augmenter les capacités de production électrique du pays et à faciliter l’accès du citoyen à une énergie abordable, compétitive, fiable et propre.»
L’exploitation du champ gazier Banda dont le potentiel est estimé à 1.2 TCF et dont les quantités seront destinées à la production de l’électricité selon le schéma arrêté gaz-to-power, constitue un important pilier dans la vision du département de l’énergie visant à «produire une énergie propre, durable et à un prix abordable pour les besoins industriels et domestiques en s’appuyant sur les ressources gazières du pays.»
S’il est réalisé comme convenu, le projet piloté par NFE contribuera à la réalisation des ambitions du gouvernement d’élargir le réseau électrique national car seulement 45,9% de la population a accès à l’électricité, d’après la Banque mondiale.
La société prévoit aussi de fournir du gaz à la centrale thermique de Nouakchott Nord qui dispose d’une puissance installée de 180 MW. Gérée par la Société mauritanienne d’électricité (Somelec), elle peut fonctionner aussi bien au fioul lourd qu’au gaz naturel.
Le protocole d’accord signé avec le gouvernement mauritanien vise globalement à mettre en place un “hub énergétique”, a expliqué NFE. Outre la production d’électricité, le document évoque aussi la production de gaz naturel liquéfié (GNL), d’ammoniac (utilisé pour les engrais) à partir des ressources gazières présentes dans le bassin côtier mauritanien.
NFE utilisera sa technologie de liquéfaction de gaz «Fast LNG» pour produire du gaz naturel liquéfié au large de la Mauritanie pour le marché local et pour l’exportation.
La société présente cette technologie comme une solution offrant un coût plus bas et un déploiement plus rapide que les navires de liquéfaction flottants. Elle s’appuie sur des plateformes auto-élévatrices associées aux dernières technologies modulaires en matière de liquéfaction de gaz ou des infrastructures flottantes similaires.
Autres acteurs
La Mauritanie cherche à multiplier ses sources énergétiques pour son développement industriel et les besoins de sa population. Le pays développe avec le Sénégal un important projet gazier (Grand Tortue Ahmeyim, GTA) à leur frontière maritime commune. L’objectif avec GTA est de produire dans une première phase, d’ici 2022-2023, environ 2,5 millions de tonnes de GNL par an en moyenne, dans un champ dont le potentiel récupérable est estimé à environ 15 TCF (424,75 milliards de m3) de gaz.
En septembre, le gouvernement a signé un protocole d’accord avec la société britannique Chariot Oil & Gas pour développer jusqu’à 10 gigawatts d’hydrogène vert à partir de centrales éoliennes et solaires, profitant de sa proximité avec l’Europe pour l’exportation de l’hydrogène vert et ses dérivés.
En mai, le gouvernement mauritanien avait signé un protocole d’accord avec une autre société (CWP Global) pour la construction d’une centrale d’hydrogène vert d’une capacité de 30 000 mégawatts.
Par Mohamed Sneïba, Correspondant permanent - Nouakchott