Mer et Marine - Mardi 19 octobre, le groupe de construction français a annoncé avoir posé la moitié de la grande digue du projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), au large du Sénégal et de la Mauritanie. Onze des 21 caissons ont été installés sur plus de 600 mètres.
Ce projet doit permettre d’exploiter les gisements gaziers estimés 450 milliards de m3 de Tortue et Ahmeyim découverts en 2015 par Kosmos Energy qui a revendu ses investissement à BP. La production de GNL et de gaz naturel devait débuter en 2022. Mais elle subit des retards imputés à la pandémie de coronavirus et ne devrait commencer qu’en 2023.
En 2019, Eiffage Génie Civil a décroché un contrat à 350 millions d’euros auprès de BP, opérateur, un contrat pour piloter un consortium, avec Saipem, pour construire les infrastructures du futur terminal d’export gazier du champ Grand Tortue Ahmeyim, situé sur la frontière maritime de la Mauritanie et du Sénégal.
Il s’agit de construire un port gazier à 10 km des côtes protégé de la houle de l’Atlantique par une digue brise-lame longue de 1150 mètres. Elle protégera une jetée pour l’amarrage d’une unité flottante de production de gaz naturel liquéfié (FLNG) et l’accostage des méthaniers.
Le contrat pour le FLNG a été attribué à Gimi MS, une filiale du Norvégien Golar LNG, qui doit convertir un méthanier chez Keppel, à Singapour. L’unité traitera le gaz acheminé sur 35km par pipeline du FPSO (unité de production stockage et déchargement) situé lui-même à 80 km du champ. Le contrat EPCIC (ingénierie, approvisionnement, construction, installation et mise en service) du FPSO a été attribué par BP à TechnipFMC qui fait construire l’unité chez Cosco, en Chine.
Les caissons qui constituent la digue sont réalisés à Dakar. Il a d’abord fallu draguer et remblayer pour bâtir un polder de 12 hectares à l’arrière du mole 8 du port autonome de Dakar. Les 21 caissons nécessitant 120.000 m3 de béton sont construits sur cette aire.
Pesant 16.500 tonnes, ils mesurent 54,5 mètres de long, 28 mètres de large et 32 mètres de haut. En 40 jours, les équipes d’Eiffage réalisent un radier, coulent des voiles verticaux, posent une dale dessus et équipent le caisson. Ils sont ensuite ripés sur la barge semi-submersible BOA 33 (140 mètres de long, par 57 de large, avec un pont supportant 31.5 tonnes par m2), de l’armement norvégien BOA.
Amenés en baie de Dakar, ils sont ensuite mis en flottaison (tirant d’eau de 17 mètres), remorqués sur 120 milles vers le site d’installation pour être rempli d’eau de mer et de sable sur le site. Une fois rempli, chaque caisson, dont les dimensions avoisinent l’Arc de Triomphe, pèse 74.525 tonnes.
Ces caissons sont posés sur une fondation en enrochement. Les millions de tonnes de roches nécessaires proviennent de la carrière d’Hajar Deken, située en Mauritanie, dans le désert, à 275 km de Nouakchott. Elles ont été acheminées par la route jusqu’au Port autonome de Nouakchott port de l’Amitié, à Nouakchott. Là, elles ont été chargées sur le Simon Stevin, de Jan de Nul, navire spécialisé dans l’enfouissement de canalisations pour l’offshore.
Pendant sept mois, de janvier à juillet, il a réalisé 67 voyages, à raison de 30.000 tonnes par rotation pour ensuite déposer précisément les pierres sur les fonds de 33 mètres. En tout, 2.5 millions de tonnes de matériaux de carrière ont été déposés. Ce projet gazier est évidemment de la plus haute importance pour les deux pays qui vont devenir des poids lourds de la production gazière. Il doit être développé en trois phases.
La première, faisant l’objet d’une douzaine de puits de production par grands fonds (2850 mètres), doit permettre de produire 2.5 millions de tonnes de GNL par an. Avec les phases suivantes, elle doit atteindre 10 millions de tonnes par an, à horizon 2026-2027. Cependant, les retards pris par le projet font grincer des dents, au Sénégal.
D'autant que le champ pétrolier de Sangomar est lui aussi retardé, tandis que le pays a beaucoup misé sur cette manne pour dynamiser l'économie du pays.
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