La rue mauritanienne regorge de chômeurs alors que le secteur de l’emploi s’enfonce En 2015, 35% de la population était sans emploi. En 2016, ce taux est de 38% ! C’est du moins ce que vient de révéler une étude faite par l’université de Nouakchott qui prévoit le chiffre alarmant de 42% de chômeurs pour l’année à venir.
Une situation dramatique quand on sait que cela frappe en premier lieu la jeunesse du pays. Près de 63% des étudiants produits par l’université pour le monde du travail, ces cinq dernières années, sont toujours dans la rue à la recherche d’emploi alors que seuls 6% du restant ont obtenu un travail équivalent à leurs diplômes et 31% occupent des travaux en deçà de leurs capacités intellectuelles.
Il faut dire que ces cinq dernières années, la Fonction publique a circonscrit son recrutement à moins d’un millier de fonctionnaires chaque année, avec un accent appuyé sur les jeunes diplômés chômeurs.
Les seuls recrutements d’importance (évalués globalement à 6000) ont été effectués dans les forces de sécurité tels la gendarmerie, l’armée nationale et dans une moindre mesure, la Garde nationale et la police. Dans chacun des cas, le recrutement a davantage concerné les grades inférieurs voire les subalternes que les officiers.
Il faut dire ici que nombre de jeunes, pour accéder à l’emploi, dévaluent leur statut. Lors des derniers concours d’agents de police comme lors du dernier concours des Douanes, ils étaient nombreux, les jeunes maitrisards qui se sont présentés à ces deux tests, en présentant uniquement, leur diplôme de fin d’études secondaires.
Pour autant, quand on sait que la demande d’emploi est d’environ 12.000 postes annuellement, on comprend mieux pourquoi le chômage ne cesse pas de grimper. Et la situation est davantage difficile quand on sait que le pays est entré depuis quelques années dans une crise financière et économique sans précédent qui a conduit les pouvoirs publics à une politique d’austérité dont les conséquences sur l’emploi ne cessent pas de se faire sentir.
C’est d’ailleurs cette politique qui a conduit à la décision prise la semaine dernière par le gouvernement, portant sur la suppression de 6400 postes de professeurs contractuels mais aussi, le refus des Autorités, d’accorder des fiches budgétaires, aux cadres nommés dans des postes de responsabilité dans les différents départements ministériels.
Face à la situation généralisée de crise économique qui frappe le monde, le secteur privé mauritanien, a fini par montrer ses limites. Point de recrutement mais davantage de compression de personnel si ce ne sont tout simplement pas de présentation de bilan.
Ces cinq dernières années, 8265 personnes auraient perdu leurs emplois et 562 entreprises auraient mis fin à leurs activités. Il s’agit notamment de sociétés officiant dans les services de prestations diverses, du bâtiment. Plusieurs milliers de structures commerciales informelles auraient déclaré faillite et plusieurs autres ont vu leurs chiffres d’affaires baisser. Directement ou indirectement, toutes ces structures ont « envoyé des gens dans la rue ».
Il faut dire que ces dernières dix années, le taux de chômage en Mauritanie est resté l’un des taux les plus élevés au monde, et serait même deux fois plus élevé que dans le reste des Pays du Maghreb.
Alors qu’en Mauritanie on voit les chômeurs augmenter, en Algérie, « la classe moyenne est consolidée (le PIB par Habitant a été multiplié par trois, le chômage est réduit de deux tiers (de 33% en 1999, il a été ramené à moins de 12% en 2015) et l’extrême pauvreté (personnes vivant avec moins de 1,08 dollars par jour) concerne à peine 10% de la population- la même proportion qu’en Allemagne ». explique l’hebdomadaire indépendant- jeune Afrique-.
Au Maroc, le taux de chômage avoisine, quant à lui, les 9%. Officiellement, en milieu urbain, il a atteint 13,8% contre 14, 7%, alors qu’en milieu rural, il s’est stabilisé à 4. « L’économie nationale du Maroc a généré 95.100 emplois nets en 2009, permettant ainsi au taux de chômage de reculer à 9,1 % au niveau national au lieu de 9,6 % en 2015. »
Aujourd’hui, au risque de voir la situation du pays s’effondrer, le débat sur l’économie nationale devrait d’urgence se focaliser sur l’absorption des demandeurs d’emploi.
Il s’agit d’ouvrir la Fonction publique, d’alléger les procédures de création des entreprises tout en luttant contre la fraude fiscale et de soumettre les entreprises nationales et étrangères à des mécanismes plus réfléchis d’insertion des chômeurs.
MOMS (L'Authentique)