En s’engageant à circonscrire ses mandats à deux, comme le prévoit la constitution, le président Ould Abdel Aziz ouvre forcément la voie de sa succession en 2019. Mais, ayant marqué sa présidence près de dix années durant, l’homme devrait peser de son poids lors de la future présidentielle. Et les outsiders ne manquent pas, parmi lesquels, ses deux premiers ministres mais aussi l’ancien président de sa formation politique l’UPR.
La dernière sortie du président Ould Abdel Aziz a manifestement fait tâche d’huile sur l’échiquier national. Le chef de l’Etat qui a décidé de ne pas se représenter au terme de son mandat actuel - deuxième du genre- a créé une immense confusion, au sein de ses soutiens comme au sein de son parti politique, dans les rangs de la majorité présidentielle et même au sein de l’opposition. Depuis, en effet, tous les hommes politiques se cherchent, chacun s’employant à « s’arrimer ». Et c’est dans cette situation délétère où les acteurs politiques, particulièrement ceux de la majorité présidentielle, « égarés » ne savent pas où donner de la tête, que des interrogations se posent sur le probable candidat de l’UPR lors de la future présidentielle. Le but étant de s’aligner d’emblée derrière lui, pour mieux assurer son futur. Candidat du parti, donc candidat du président sortant, ce challenger est d’emblée considéré comme l’un des plus importants favoris des suffrages à venir. D’abord parce qu’il bénéficierait de la « machine du parti », voire du Système, ensuite du soutien du président de la République, et certainement de l’aile militaire du régime. De la liste des prétendants à la succession du président, trois noms reviennent le plus souvent : les deux hommes qu’il a eus comme Premier ministre, durant ses deux législatures et l’ancien président de l’UPR. Si tous les trois ont la particularité d’avoir largement bénéficié de la confiance du président de la République, ils ne disposent pas des mêmes atouts et encore moins des mêmes dispositions pour voir le président Ould Abdel Aziz leur « confier » son fauteuil, ne serait-ce que parce que c’est d’un homme de confiance que le chef de l’État a besoin ! L’expérience de Sidioca est certainement encore fraîche dans sa mémoire, lui avait conduit ce dernier au Palais présidentiel avant de se voir démis de ses fonctions de général, chef des forces armées, par celui-là même qui le vouait finalement aux gémonies. La suite, tout le monde la connaît avec un général qui se sentant trahi, conduira un coup d’État pour reprendre le pouvoir qu’il considère en partie comme « un bien personnel »acquis à la force des armes, en 2005, des mains de Ould Taya.
Fort de cette expérience, le président Ould Abdel Aziz ne devrait pas retomber dans ces mêmes travers. C’est ce qui explique que ses choix portent sur les trois hommes qui lui seraient le plus dévoués et qui constitueraient dans tous les cas, un moindre mal pour lui. Il s’agit d’abord de son ancien premier, Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, qu’il a conservé pendant les cinq années de son premier mandat. L’homme se préparerait d’ailleurs depuis longtemps à cette perspective en constituant ses propres troupes. Fidèle à son employeur qi la révélé aux Mauritaniens, et parfait collaborateur, Ould Mohamed Laghdaf est toujours monté en grade auprès du président de la République qui l’a désigné depuis, aux fonctions, de ministre, secrétaire général de la Présidence. Fin politicien, l’homme a nettement amélioré son image auprès de l’opposition qui pourrait bien tolérer sa cooptation. Laquelle devrait cependant souffrir de sa très faible audience auprès de l’aile militaire du régime représentée par le général Ould Ghazouany. Entre les deux hommes, e courant ne serait jamais passé. En plus, dans sa quête de pouvoir, il pourrait avoir commis deux erreurs de taille, préjudiciables à son ambition : son rapprochement poussé auprès des populations de son Charg natal, surtout après des siens tribaux, les Tejekanet, qu’il a propulsés par brasses au devant de la scène, leur confiant la majeure partie des hautes fonctions de l’État. Ensuite, les conséquences de la guéguerre qu’il a menée contre son successeur Ould Hademine. Signe des temps, la chasse aux sorcières conte les siens mais aussi contre ses amis du gouvernement, boutés les uns après les autres de leurs fonctions. Pour tous les observateurs, ce fut l’expression de la volonté du président de la République qui n’aurait pas apprécié cette situation.
Son successeur Yahya Ould Hademine dispose autant que lui, d’atouts non négligeables pour bénéficier de la confiance du président de la République. Issu lui aussi de l’est du pays, véritable grenier électoral, Ould Hademine a l’avantage de compter le général Ould Ghazouany parmi ses soutiens mais aussi, le président de l’UPR, Ould Maham. Des dispositions non négligeables quand on mesure l’influence de ces deux hommes auprès du président de la République. « Distant » pour certains, « sectaire » pour d’autres, Ould Hademine qui marquera son passage à la Primature pour avoir été le premier Premeir ministre d’un gouvernement à former un cabinet « monocolore » traine - à tort ou à raison- la responsabilité de la crise économique et financière sans précédent endurée par les populations. Mais, surtout, il partage avec son prédécesseur la responsabilité d’avoir quelque part terni la présidence de Ould Abdel Aziz dans des conflits internes qui ont parfois fini par bloquer l’administration voire, arrêté la marche du pays. Autre points faibles, Ould Hademine comme Ould Mohamed Laghdaf ont la particularité d’avoir peu approché les populations, l’un comme l’autre ne disposant pas de base populaire, hors de leur milieu naturel et régional.
Le troisième larron qui n’est autre que Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine, président de l’UPR de 2009 à 2015, est l’ambassadeur actuel de notre pays en Arabie saoudite. Ce fidèle du général Ould Ghazouany, a d’abord l’avantage de ne pas aimer le pouvoir en tant que tel, ou plutôt, de ne pas être obsédé par lui… Du moins, très porté vers la religion et toujours occupé à la méditation, l’homme n’est pas demandeur, contrairement à ses deux concurrents. Pour tus ceux qui le connaissent, il serait prêt à lâcher le pouvoir quand il sera appelé à le faire et provoquerait ainsi des élections présidentielles auxquelles le président sortant pourrait se présenter s’il cherchait à revenir. Mais le meilleur atout qu’il présenterait est qu’il offre les mêmes dispositions d’un certain Sidioca que Ould Abdel Aziz était parti cueillir en 2007 du Niger lors de la première présidentielle organisée après le départ de Ould Taya. Ould Mohamed Lemine qui a l’avantage de ne pas disposer d’un entourage comme celui de Sidioca, n’est pas homme à faire des vagues et à entretenir la polémique S’il était coopté et réussissait par la suite, à occuper les plus hautes fonctions de l’Etat, il pourrait être otage de ses « géniteurs » ne serait-ce qu’en souvenir de ce qui s’est produit pour Sidioca. En 2009. Très peu porté vers la politique, malgré ses cinq années passées à la tête de l’UPR, Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine, présente de nombreux défauts : panarabiste et nationaliste jusqu’aux bouts des ongles, il a toujours tourné le dos à certaines couches de nos populations mais aussi à l’occident et à tout ce qui provient des contrées outre mer… Mais dès lors où il peut faire temporairement l’affaire de Ould Abdel Aziz, ceci compte très peu.
JOB (L'Authentique)