Dans la localité d’Al Khawa-2, dans le département de M’Bout au Gorgol, les communautés défavorisées viabilisent, cultivent, développent leurs zones agricoles ; ces efforts se font en commun, entre les communautés peules et harratines de la commune de Taringua. Une perspective d’une réelle et concrète unité vers un but partagé. Mohamed El Hor et Moukhazoum Mint Ahmed font partie des initiateurs de cette action. Rencontre avec deux révolutionnaires dans l’âme qui ont choisi de réunir les communautés et de s’émanciper par la terre.
La poigne ferme de ceux sûrs de leurs efforts dans la vie ; le sourire et le regard doux des gens de paix. Mohamed El Hor inspire la sérénité et le mouvement en même temps : un ruisseau qui coule. Un ruisseau qui veut devenir une source d’eau et de vie pour sa communauté à Al-Khawa 2 mais également pour les localités environnantes. « En 2004 j’ai longtemps réfléchi à la contribution que je pourrais apporter à ma communauté, totalement sevrée des droits humains les plus élémentaires, dans une région où les séquelles de l’esclavage sont encore très vives. Il y a des dizaines de petites adwabas (hameaux – ndlr) pas très éloignées les unes des autres, mais divisées par des frontières invisibles, érigées par un système féodal fondé sur l’esclavagisme ; ceci a créé des générations durant un déficit de solidarité, de fraternité, de coopération élémentaires » affirme Mohamed El Hor.
Une réflexion qui fait le lien entre les droits humains et l’accès à la terre des communautés défavorisées et discriminées. « En cultivant nos terres en commun, nous faisons parallèlement la promotion de nos droits les plus élémentaires » continue le quarantenaire. « Nous sommes confrontés à un problème mondial d’expropriation des terres. De notre côté, nous avons viabilisé et sécurisé des terres dont personne, même les autorités ne voulaient ! Aujourd’hui nous vivons pleinement des fruits de ce projet lancé en 2004. Nous cultivons différents légumes vendus jusqu’à Nouakchott, des arachides, du bissap, mêmes des fruits comme la mangue ou le citron » dit-il fièrement.
Confrontés au défi des mentalités féodales et rétrogrades dans la région « autant des autorités, que des anciens esclaves eux-mêmes, maintenus de fait dans cet état dans les adwabas » précise Mohamed, les communautés de la zone font face à l’érosion des sols rendant ainsi le travail de la terre bien plus difficile. « Le Hakem et le gouverneur visent le statut quo » ajoute à côté de lui Moukhazoum Mint Ahmed, présidente de la coopérative des femmes à Al Khawa-2. Une situation qui selon elle maintient le problème de la faim dans certaines adwabas, car « les harratines ont la volonté et la force de travailler, mais n’arrivent pas à simplement le faire à cause de ce laxisme des autorités dans leur région ».
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