Promotion de l’agriculture et l’élevage : Lancement de programmes de formation pour les écoles d'agriculture et de médecine vétérinaire en Mauritanie | Mauriweb

Promotion de l’agriculture et l’élevage : Lancement de programmes de formation pour les écoles d'agriculture et de médecine vétérinaire en Mauritanie

mar, 21/10/2025 - 23:40

Un atelier crucial dédié à l'élaboration des programmes de formation pour l'École Supérieure d'Agriculture de Kaédi et l'École de Médecine Vétérinaire de Néma s'est ouvert ce lundi dans la capitale mauritanienne. Cet événement, organisé par le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique en collaboration avec l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II du Royaume du Maroc, marque le lancement effectif d'un projet ambitieux financé par la Banque Islamique de Développement.

Ce projet stratégique vise à doter la Mauritanie de structures modernes d'enseignement supérieur et de recherche scientifique capables de combler le déficit de formation qualitative dans deux domaines vitaux pour son développement économique et social : l'agriculture et l'élevage. Ces secteurs traditionnels constituent des piliers essentiels de l'économie nationale et leur modernisation apparaît indispensable pour assurer la sécurité alimentaire et la croissance durable du pays.

Les réformes structurelles de l'enseignement supérieur

L'initiative s'inscrit dans la mise en œuvre du programme "Mon ambition pour la patrie" du Président de la République, Monsieur Mohamed Cheikh El Ghazouani, qui a érigé l'enseignement supérieur et la recherche scientifique en levier fondamental des priorités de l'État. Elle incarne également les orientations stratégiques du gouvernement de Monsieur Moctar Djay, Premier Ministre, qui s'articulent autour du renforcement des capacités d'accueil des établissements universitaires, de la diversification de l'offre de formation et de la décentralisation de la structure universitaire au service du développement local et régional.

Comme l'a rappelé le Secrétaire général du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Monsieur Enouey Cheikh, lors de son discours d'ouverture, "le système d'enseignement supérieur de notre pays est aujourd'hui confronté à des défis majeurs, notamment l'augmentation rapide du nombre d'étudiants, la nécessité d'adapter les formations aux exigences du marché du travail, et de garantir la qualité des programmes et leur adaptation aux transformations scientifiques et technologiques successives."

Les réalisations récentes dans le secteur

Les dernières années ont été marquées par la mise en œuvre de réformes structurelles importantes qui témoignent de la dynamique de transformation engagée :

-Création de l'extension de l'Université de Nouakchott et de l'Institut Supérieur d'Enseignement Technologique de Rosso ;

-Construction des sièges de l'Institut Supérieur du Numérique et de l'École de Commerce de Nouakchott ;

-Fondation de l'Université de Nouadhibou et de l'École Nationale d'Architecture ;

-Transformation de l'Institut Universitaire Professionnel en Institut Supérieur de Génie Civil.

Ces réalisations s'accompagnent de nombreux autres projets qui renforceront la décentralisation de l'enseignement supérieur, diversifieront ses offres de formation et soutiendront le développement local, selon les déclarations du Secrétaire général.

Présentation des deux établissements

L'École Supérieure d'Agriculture de Kaédi et l'École de Médecine Vétérinaire de Néma représentent un investissement éducatif sans précédent dans les régions mauritaniennes. Leur implantation à Kaédi et Néma, hors de la capitale, témoigne de la volonté gouvernementale de décentraliser l'excellence académique et de créer des pôles de compétence régionaux directement connectés aux bassins économiques locaux.

L'agriculture et l'élevage représentent des piliers essentiels de l'économie nationale mauritanienne. Pourtant, ces secteurs n'ont jusqu'à présent pas bénéficié d'institutions d'enseignement supérieur spécialisées sur le territoire national, obligeant les étudiants à se former à l'étranger et privant le pays d'une expertise locale adaptée à ses spécificités écologiques et climatiques.

Méthodologie de conception des curricula

L'atelier qui s'ouvre à Nouakchott réunit des experts nationaux et internationaux pendant plusieurs jours avec pour mandat précis d'élaborer les programmes de formation des deux futures écoles. Les travaux s'articuleront autour de plusieurs axes fondamentaux :

-L'analyse des besoins du marché du travail national en compétences agricoles et vétérinaires ;

-L'adaptation des contenus pédagogiques aux spécificités écologiques et économiques des régions de Kaédi et Néma ;

-L'intégration des normes internationales d'éducation dans ces domaines spécialisés ;

-La prise en compte des innovations technologiques et des défis environnementaux ;

-L'établissement de passerelles avec les autres institutions d'enseignement supérieur nationales et internationales.

Les programmes en cours d'élaboration devraient s'inspirer des meilleures pratiques internationales en matière de formation agronomique et vétérinaire, tout en les adaptant aux réalités mauritaniennes. Comme le souligne le directeur de la Planification, des Stratégies et de l'Évaluation, Monsieur Sidi Mohamed Mouloud, "ce processus d'élaboration des programmes de formation renforcerait notre système d'enseignement supérieur et répondrait aux priorités du développement agricole et pastoral national dans le pays."

Perspectives nationales et vision de développement

Dans son allocution d'ouverture, Monsieur Enouey Cheikh a situé l'importance stratégique de cet atelier : "nous considérons cette activité comme la première pierre de cet édifice économique national lié aux domaines économiques et vitaux les plus importants du pays, en particulier dans les secteurs agricole et vétérinaire." Il a en outre précisé que cette initiative s'inscrit dans le cadre de l'accord de partenariat signé avec l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II de Rabat, "qui contribuera par son expertise technique et son accompagnement sur le terrain à l'élaboration des programmes de formation et au renforcement des capacités institutionnelles de ces deux établissements."

Monsieur Sidi Mohamed Ould Mouloud a pour sa part mis en lumière la dimension stratégique du projet, qui "s'inscrit dans la vision du Président de la République, incarnée dans les programmes du gouvernement et visant à moderniser notre système d'enseignement supérieur, à diversifier ses offres de formation et à assurer sa décentralisation au service du développement global et équilibré de notre pays." Il a exprimé ses "sincères remerciements et sa gratitude aux collègues de l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II du Royaume frère du Maroc pour leur coopération sincère et leur grand intérêt pour ce projet national."

Coopération internationale et partenariat marocain

La collaboration avec l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II revêt une importance capitale pour la réussite du projet. Cet institut marocain bénéficie d'une reconnaissance internationale dans les domaines agronomiques et vétérinaires et dispose d'une expertise éprouvée en matière de conception de programmes de formation adaptés aux contextes africains.

Monsieur Mohamed Youssef, vice-président de l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, a expliqué que "ce projet est le fruit d'une coopération fraternelle profondément enracinée dans la civilisation et l'histoire entre la Mauritanie et le Royaume du Maroc dans divers domaines, ajoutant que cette coopération n'a cessé de croître et de se renforcer sous la direction des deux pays frères." Il a précisé que "ce projet reflète la vision de promouvoir le système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique, d'améliorer sa qualité et d'élever son niveau scientifique pour répondre aux exigences de développement du pays."

Impacts attendus et perspectives d'avenir

La création de ces deux établissements dans des régions éloignées de la capitale constitue une avancée majeure dans la politique de décentralisation de l'enseignement supérieur en Mauritanie. Elle devrait permettre une meilleure répartition géographique des institutions universitaires et un désengorgement des campus de Nouakchott, tout en offrant aux jeunes des régions de Kaédi et Néma la possibilité de poursuivre des études supérieures de qualité près de leur lieu de résidence.

À plus long terme, ces deux écoles sont appelées à devenir des leviers de développement régional en formant une nouvelle génération de cadres agricoles et vétérinaires immédiatement opérationnels et familiarisés avec les spécificités des terroirs locaux. Leurs activités de recherche devraient également contribuer à l'innovation dans des secteurs productifs essentiels pour l'économie nationale.

Ce projet s'aligne parfaitement avec les priorités continentales africaines, notamment la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) qui encourage une plus grande mobilité académique et l'harmonisation des normes éducatives à l'échelle du continent. Comme le soulignent les travaux de l'ADEA, "la ZLECA offre une occasion historique de repositionner l'enseignement supérieur africain : il doit devenir plus innovant, mieux financé, plus réactif aux besoins du marché du travail et plus profondément intégré au-delà des frontières".

L'atelier qui s'ouvre à Nouakchott marque le départ effectif d'un projet éducatif dont les retombées sont attendues bien au-delà du seul secteur de l'enseignement supérieur. En créant des formations spécialisées d'excellence dans les domaines agricole et vétérinaire, la Mauritanie investit dans son autonomie alimentaire et dans la modernisation de secteurs économiques traditionnels qui emploient une part importante de sa population.

La coopération mauritano-marocaine, concrétisée par l'implication technique de l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, témoigne de la dynamique de partenariat Sud-Sud et de l'émergence d'une expertise africaine capable de répondre aux défis du développement du continent.

Le chemin reste long jusqu'à l'ouverture effective des deux écoles, mais la première pierre – celle de la réflexion pédagogique et de la conception des curricula – est désormais posée. Elle ouvre la voie à une transformation durable du paysage de l'enseignement supérieur mauritanien et à un renforcement significatif de ses capacités productives dans des secteurs vitaux pour sa population et son économie.