La Mauritanie et le Sénégal renforcent leur vigilance face aux menaces venues du Mali | Mauriweb

  La Mauritanie et le Sénégal renforcent leur vigilance face aux menaces venues du Mali

sam, 13/09/2025 - 14:00

Les forces armées mauritaniennes et sénégalaises ont intensifié leur coopération sécuritaire dans la zone frontalière commune, dans un contexte marqué par la recrudescence des violences terroristes au Mali voisin. Une patrouille fluviale conjointe a récemment sillonné plusieurs localités entre Bakel-Aroundou et Diougountourou, à proximité de la frontière malienne, selon un communiqué de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA) du Sénégal.

Une coordination stratégique pour sécuriser les frontières

Pour Nouakchott, cette opération témoigne d’une volonté claire de renforcer la coordination militaire avec Dakar. Déjà en mai dernier, deux patrouilles mixtes avaient été menées, dont une avec la Mauritanie, illustrant une dynamique de coopération soutenue. Ces initiatives viennent compléter l’« Opération Karangué », déployée par le Sénégal pour sécuriser ses régions frontalières de Tambacounda et Kédougou, zones particulièrement exposées aux infiltrations armées venues du Mali.

La Mauritanie, qui partage une longue frontière avec ce pays, suit avec attention l’évolution sécuritaire dans la région de Kayes, de Nioro et de Ségou, où le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM/JNIM) multiplie les attaques. Ces incursions fragilisent la stabilité régionale et menacent directement les corridors commerciaux, essentiels aux échanges entre le Sénégal, le Mali et la Mauritanie.

Le spectre malien aux portes de la Mauritanie

La Mauritanie, qui a jusque-là réussi à contenir sur son sol les actions terroristes grâce à une stratégie préventive et une vigilance accrue de ses forces armées, ne peut ignorer la détérioration rapide de la situation au Mali. Le blocus imposé récemment par les groupes armés sur les villes de Kayes et Nioro, ainsi que l’attaque du corridor Kidira-Bamako, rappellent combien la menace reste proche.

Le rapt de chauffeurs sénégalais début septembre et leur libération ultérieure illustrent la vulnérabilité des transporteurs et, au-delà, la fragilité des flux économiques. Le corridor Dakar-Bamako, vital pour l’approvisionnement du Mali, mais aussi pour les échanges commerciaux avec la Mauritanie, reste une cible privilégiée des groupes terroristes.

Un enjeu économique et sécuritaire partagé

Pour Nouakchott, la sécurisation de ces axes dépasse la seule dimension militaire : il s’agit aussi d’un enjeu économique stratégique. Le Mali, premier partenaire africain du Sénégal, concentre plus de 800 milliards de francs CFA d’exportations sénégalaises en 2024, dont une partie transite par les infrastructures portuaires mauritaniennes. Toute perturbation de ces routes affecte donc indirectement la Mauritanie, à la fois partenaire économique et État voisin.

La nécessité d’une vigilance constante

Les patrouilles conjointes sénégalo-mauritaniennes traduisent une prise de conscience régionale : face à la menace djihadiste persistante, aucun pays n’est à l’abri. Pour la Mauritanie, il s’agit de rester dans une posture proactive, en soutenant la sécurisation des zones frontalières et en maintenant une coopération militaire étroite avec ses voisins.

Car, au-delà des opérations ponctuelles, la véritable bataille reste celle de la résilience régionale face à un terrorisme qui exploite chaque faille. Dans ce contexte, Nouakchott veut apparaître non pas comme un simple spectateur, mais comme un acteur vigilant et déterminé à défendre sa stabilité, tout en s’assurant que l’insécurité malienne ne déborde pas sur son territoire.