
La Mauritanie et la Grande-Bretagne ont signé, mercredi à Nouakchott, un mémorandum d’entente couvrant des domaines économiques cruciaux : infrastructures, routes, eau, énergie et électricité. Le texte a été signé par le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Merzoug, et le secrétaire d’État britannique chargé des Affaires africaines, Lord Collins.
Un partenariat présenté comme stratégique
L’accord intervient quelques semaines après la visite d’une délégation commerciale britannique en Mauritanie, en juin dernier, conduite avec le soutien de géants comme BP, Aura Energy et la Banque mauritanienne de commerce et d’industrie (BMCI). À l’époque déjà, Londres affichait son intérêt pour les vastes ressources énergétiques mauritaniennes, en particulier le gaz offshore et l’uranium, ainsi que pour les besoins colossaux du pays en matière d’infrastructures.
Entre opportunités et dépendance
Officiellement, ce mémorandum ouvre la voie à un renforcement de la coopération bilatérale et à de nouveaux investissements. Mais pour de nombreux observateurs, il pose une question centrale : ces engagements se traduiront-ils réellement par des projets concrets, ou resteront-ils au stade des annonces politiques ?
La présence de multinationales comme BP illustre l’appétit des grandes compagnies pour les ressources mauritaniennes. Or, l’expérience régionale montre que ces partenariats se traduisent souvent par une dépendance accrue vis-à-vis des majors étrangères, avec peu de retombées locales réelles en matière d’emplois ou de transfert de compétences.
Les obstacles intérieurs
Au-delà de l’effet d’annonce, la Mauritanie doit encore relever ses propres défis : bureaucratie paralysante, lenteurs administratives, manque de coordination entre institutions. Autant de freins qui, par le passé, ont compromis ou retardé de nombreux projets d’infrastructures. Sans une gouvernance plus rigoureuse, les ambitions affichées risquent de se heurter aux mêmes blocages.
Diversifier ou répéter les mêmes schémas ?
Si l’ouverture vers la Grande-Bretagne peut être lue comme une volonté de diversifier les partenariats au-delà de l’Union européenne ou de la Chine, elle doit aussi éviter le piège d’une nouvelle dépendance. L’enjeu pour Nouakchott n’est pas seulement de signer des mémorandums, mais de transformer ces accords en leviers réels de développement, capables de répondre aux attentes pressantes des populations en matière d’eau potable, d’électricité et de routes praticables.