Inondations et drames à répétition : l’absence coupable de stratégie face aux menaces climatiques | Mauriweb

Inondations et drames à répétition : l’absence coupable de stratégie face aux menaces climatiques

dim, 17/08/2025 - 13:47

Des drames humains évitables

Le week-end dernier, la Mauritanie a de nouveau été frappée par des tragédies liées aux pluies saisonnières.
Dans la vallée du fleuve, à Keur-Benéba (Gorgol), un enfant, Miaka El Houssein, a perdu la vie, noyé dans une mare formée par les crues. La Commission nationale d’urgence a par ailleurs alerté sur un “danger imminent” menaçant plusieurs infrastructures vitales : le tronçon Kiffa–M’Bout, le pont de Bir Baraka à Nirowal, et certaines portions de la route Kiffa–M’Bout.
Au même moment, à Lahj (Hodh El Gharbi), un homme a trouvé la mort et une femme a été grièvement blessée dans l’effondrement de leur maison insalubre. Ce sont les habitants eux-mêmes qui, faute de secours organisés, ont dû retirer les débris à l’aide d’un simple tracteur.

Ces drames, récurrents, témoignent d’un manque criant de prévention et de planification. Chaque année, les mêmes images se répètent : routes coupées, ponts fragilisés, maisons effondrées, pertes en vies humaines.

Des institutions réactives, jamais proactives

Le paradoxe est flagrant. Alors que la météorologie nationale rappelle que 2025 est une année dite “neutre”, sans excès climatiques particuliers — ni “El Niño” ni “La Niña” —, les autorités semblent découvrir à chaque saison les conséquences pourtant prévisibles des pluies.
Les cumuls annoncés par les services météorologiques (373 mm à Gouraye, 344 mm à Gabo, 300 mm à Baghad, etc.) étaient connus, tout comme les zones de vulnérabilité chroniques. Pourtant, aucun plan d’action concret n’a été mis en œuvre pour protéger les populations exposées.

Les comités de crise se contentent de bulletins d’alerte et d’annonces d’“interventions urgentes”, alors que la logique exigerait des programmes préventifs permanents : curage des lits de rivières, consolidation des ponts, plan d’évacuation des zones inondables, construction de logements résistants.

Une fatalité fabriquée

L’impression qui domine est celle d’un pays pris au dépourvu chaque saison par des catastrophes pourtant prévisibles. Les crues du fleuve Sénégal ne sont pas une surprise, les infiltrations de boues non plus, pas plus que la fragilité structurelle des maisons en banco des quartiers populaires.
Ce qui est présenté comme une fatalité climatique est en réalité une faillite de gouvernance. Le manque d’anticipation transforme des épisodes pluvieux normaux en catastrophes meurtrières.

L’urgence d’un changement de cap

Face à cette situation, trois priorités s’imposent :

  1. Prévision et planification : établir des plans d’action pluriannuels intégrant les données climatiques et hydrologiques, plutôt que de réagir dans l’urgence.
  2. Infrastructures résilientes : investir dans des ponts, routes et habitations capables de résister aux intempéries, avec des normes de construction adaptées.
  3. Communication et transparence : informer les citoyens en temps réel, plutôt que de laisser circuler rumeurs et improvisations.

Sans cette rupture, la Mauritanie restera prisonnière d’un cycle de drames évitables où, chaque année, les mêmes victimes paieront le prix d’un État incapable de prévoir l’évidence.