
La réalité brutale du conflit israélo-palestinien atteint un point de non-retour, où les voix s'élèvent même au sein d'Israël pour dénoncer l'indicible. Des organisations israéliennes de défense des droits humains, telles que B'Tselem et Breaking the Silence, sonnent l'alarme avec une clarté glaçante : les actions menées à Gaza présentent les caractéristiques d'un génocide. Le bilan, d'une atrocité inouïe, dépasse les 45650 morts palestiniennes confirmées (chiffre du ministère de la Santé à Gaza, incluant une majorité écrasante de femmes et d'enfants), un chiffre qui ne cesse de croître et qui, selon des estimations crédibles d'experts indépendants, pourrait en réalité dépasser les 60 000 victimes une fois les corps ensevelis sous les décombres comptabilisés. L'ampleur de la destruction systématique, des déplacements forcés et des conditions de famine imposées corroborent des accusations qui résonnent désormais bien au-delà des frontières de la Palestine.
Parallèlement, en Cisjordanie occupée, une autre tragédie se déroule dans l'ombre relative des projecteurs braqués sur Gaza. Des colons israéliens, souvent armés et protégés par l'armée, mènent des campagnes de terreur, chassant violemment des villageois palestiniens de leurs terres ancestrales, incendiant maisons et oliveraies, et commettant des meurtres en toute impunité. Cette violence illégale, documentée par de multiples ONG et rapports de l'ONU, participe d'une stratégie d'expansion et d'expulsion systématique.
L'État d'Israël, autrefois bénéficiant d'un large soutien occidental, semble avoir franchi une ligne rouge définitive. Son mépris obstiné du droit international est devenu systémique : plus de 150 résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies appelant au retrait des territoires occupés ou condamnant ses actions ont été ignorées ou bloquées, principalement par le veto des États-Unis. Ce rejet répété de la communauté internationale et des principes fondamentaux de l'ONU contribue à forger une image nouvelle et accablante : celle d'un État paria, isolé moralement et de plus en plus politiquement.
La France, dans un geste porteur d'une immense symbolique, semble se diriger vers la reconnaissance officielle de l'État de Palestine. Si elle concrétise cette intention, elle deviendrait le 149ème État souverain à le faire (sur un total de 193 membres de l'ONU), un chiffre significatif qui illustre l'isolement croissant d'Israël sur la scène mondiale. Parmi ces pays, on trouve presque tous les États d'Afrique, d'Asie, d'Amérique du Sud et centrale, de l'ancienne URSS et d'Europe de l'Est.
Cette reconnaissance tardive, mais cruciale, est un signal politique puissant adressé à Tel-Aviv : le statu quo d'occupation et de répression est intenable et ne sera plus toléré.
Le monde libre commence enfin, bien que tardivement, à ouvrir les yeux sur la source profonde de cette crise sans fin. L'actuel gouvernement israélien, dirigé par Benjamin Netanyahu et soutenu par une coalition d'extrémistes ultranationalistes et religieux, est clairement identifié comme l'obstacle principal à la paix. L'accusation est lourde mais de plus en plus partagée : Netanyahu et sa clique perpétuent délibérément la guerre et l'occupation pour des raisons de survie politique personnelle, détournant l'attention de leurs échecs internes et de leurs problèmes judiciaires. La sécurité d'Israël, brandie comme un étendard, semble servir de paravent à des agendas politiques radicaux et expansionnistes.
Cet éveil de conscience traverse même l'océan Atlantique, fissurant le soutien inconditionnel des États-Unis. Une majorité croissante de citoyens américains, particulièrement parmi les jeunes et les progressistes, exprime son horreur face aux images de Gaza et dénonce fermement l'appui militaire et diplomatique sans faille accordé par Washington à une armée israélienne accusée de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, voire de génocide. Les tensions montent au sein du parti démocrate, et la pression sur l'administration Biden pour conditionner l'aide militaire se fait de plus en plus forte, reflétant un changement profond dans l'opinion publique.
Israël se trouve aujourd'hui à un carrefour historique. Les actions de son gouvernement, le rejet du droit international, la violence extrême à Gaza et en Cisjordanie, et le mépris affiché pour les vies palestiniennes l'ont rendu, aux yeux d'une part grandissante de l'humanité, indéfendable. Le statut d'État paria n'est pas une étiquette que l'on porte par choix, mais la conséquence amère d'un choix politique : celui de la répression, de la colonisation et de la guerre perpétuelle plutôt que de la paix et de la justice. La reconnaissance accrue de la Palestine, la révolte des opinions publiques occidentales et le courage des voix dissidentes israéliennes annoncent peut-être le crépuscule d'une ère d'impunité. Le chemin vers la paix et la rédemption passera inévitablement par la fin de l'occupation, la justice pour les victimes, et l'acceptation du droit inaliénable du peuple palestinien à l'autodétermination et à un État viable. Le monde, enfin, ne détourne plus le regard.