ILe ministre de l’hydraulique, Sid’Ahmed Ould Mohamed, fait encore des siennes. Mais cette fois, il a l’outrecuidance de remettre en cause et la crédibilité de l’Etat et celle des bailleurs de fonds pour un marché d’entente directe qu’il a lui-même initié et approuvé.
En effet, la Mauritanie vient d’obtenir du FADES le financement de la seconde phase du projet d’Adduction en Eau Potable d’Aftout Echerghi pour rendre disponible l’eau dans les modestes ménages de ces zones arides.
Un financement de 7 millions de dinars koweitien c'est-à-dire un peu plus de 23 millions d’euros.
Chronologie de la procédure d’attribution
Le FADES a encore fait montre par notification au gouvernement de sa disponibilité à accompagner les efforts du gouvernement mauritanien pour épancher la soif des populations. Une disponibilité que saisit en octobre 2020 le MHA pour solliciter par lettre adressée au FADES (fac-similé) l’accord du bailleur pour passer un marché d’entente directe avec le groupement d’études Mauritani-Malien SGIE-CIRA.
Dans cette lettre, le ministre invoque l’importance pour le gouvernement de la célérité requise auprès du bailleur pour accélérer le projet et gagner du temps pour son exécution. Le ministre va, par ailleurs, jusqu’à magnifier le bureau d’études attestant de son expérience avérée dans la mission qui lui est confiée. Tout naturellement et fort de la caution du gouvernement via le ministre de l’hydraulique et de l’assainissement, le bailleur donne son accord pour ce recrutement en novembre 2020.
Le 24-12-2020 la commission des marchés du MHA approuve aussi le projet de marché. Même attitude le 06-01-2021 chez la commission nationale de contrôle des marchés publics qui approuve également le marché (fac-similé 2). Et cerise sur le gâteau, le 12-01-2021, le bailleur approuve le marché d’entente directe demandé par le ministre et sollicite sa signature et son exécution dans les délais arrêtés. Le 22-01-2021 le ministre approuve le marché dont il est signantaire. Mais coup de théâtre de dernière minute. En effet, le 4 février 2021 et par une nouvelle lettre adressée au FADES le MHA lui demande cette fois-ci de surseoir à l’exécution du marché d’entente directe avec le bureau SGIE-CIRA. De quoi donner le tournis à toutes parties impliquées dans l’exécution du projet. Il est clair que le ministre pour une raison encore lugubre a cherché un «bon » alibi pour justifier auprès du bailleur sa volte-face mais aussi pour masquer sa légèreté. Le ministre indique dans sa seconde lettre au bailleur -sous prétexte donc de vouloir « rehausser le niveau de la transparence de l’acquisition du marché» - qu’il en souhaiterait l’ajournement.
Le MHA, de mal en pis
Une fâcheuse initiative qui non seulement embarrasse l’Etat mauritanien placé devant un fait inattendu de l’un de ses membres mais aussi le bailleur gêné par un courriel qu’il n’aurait pas dû recevoir du ministre et qui semble jeter le discrédit sur les procédures du bailleur lui-même et la transparence de ses actes. La décision du ministre d’écrire directement au bailleur pour signifier son objection à lui a désarçonné tout le menu gratin des cadres du ministère de l’économie et celui de l’hydraulique qui en ont vu des bizarreries durant leurs carrières mais jamais de cette facture là.
Tout le monde se demande pourquoi cette initiative désastreuse du ministre? A quelle fin ce revirement est-il opéré?
A priori, le bureau d’études SGIE-CIRA n’est plus dans les bons souvenirs du ministre. Pire encore, il serait dans son collimateur comme on en juge par ses dossiers «en instance » sur son bureau. Cette incohérence et cette contradiction flagrante du ministre qui, tantôt demande avec insistance à gagner du temps par la célérité de la réaction du bailleur, tantôt ne veut plus entendre parler du marché, créent une zizanie prévisible tant les exemples de violation des lois et textes sont légions dans ce département depuis qu’il en a pris les commandes.
Le ministre prétextait du souci pour les autorités d’une célérité dans la réalisation de ce projet; maintenant mets même en cause son obtention et dans le meilleur cas va le retarder encore plus. Des pratiques à l’antipode de la transparence et qui révèlent aussi grand jour le fait que les bénéficiaires des marchés publics sont souvent sous le joug des responsables gouvernementaux qui leur forcent la main pour des raisons inavouables.
Nous mettions en garde, il y a quelques semaines, contre la gangrène observée dans ce département par la violation systématique de la loi (http://mauriweb.info/node/8813). Et ça continue inlassablement. Le ministre vient de nommer par note de service un proche à lui comme coordinateur du gigantesque projet d’adduction d’eau de nouadhibou financé par le Fades pour un montant de 24 millions de dinars koweïtien, soit environ 70 millions d’euros. La personne nommée irrégulièrement par note de service est présentement chargée de mission au niveau de son cabinet. Pourquoi le Ministre n’a-t pas rattaché ce projet énorme -si l’on suit sa logique de placer sous son juron tous les projets- au niveau de son cabinet comme ce fut le cas des autres projets meublent son organigramme de décembre 2020. Aucun autre ministère n’en fait. C’est tout de même curieux.
Beaucoup d’alertes ont été lancées pour sauver ce qui peut l’être encore. Mais apparemment c’est peine perdue car rien ne semble pouvoir arrêter la violation de la loi et la mauvaise gestion caractérisée au ministère de l’hydraulique et de l’assainissement (MHA). Même les bailleurs ne sont plus épargnés de ses incohérences manifestes.
Nous y reviendrons
JD