Au MHA (ministère de l’hydraulique et de l’assainissement) l’anarchie est totale. Deux organigrammes en moins de 6 mois. Objectif, transférer la gestion des projets sous la coupe des ministres. On viole allègrement la règlementation et crée un précédent qui va rendre encore précaire l’organisation administrative.
Rien ne va plus au MHA. Une ambiance plutôt délétère. La partie apparente de cet iceberg est une violation (ou ignorance) systématique des lois et règlements qui gèrent l’organisation du département. Une atmosphère déconcertante pour des bailleurs de plus en plus incrédules face à cet état de fait où la seule règle qui vaille semble à qui mettra la main sur la gestion des projets en cours. Des projets qui jusqu’ici dépendaient encore des administrions sous tutelle.
Pourquoi ces mues ?!
En une année deux organigrammes (sur décrets) ont été adoptés pour le MHA sur insistance des premiers responsables du département. Le premier décret N°086/2020 avait été obtenu le 11 juin 2020 sous le magistère de l’ancien PM Ismail Ould Bedde Ould Cheikh Sidiya par l’ancienne ministre Naha Mint Mouknass. Mais à peine ce décret publié, Sid’Ahmed Ould Mohamed récidive lui aussi et obtient à son tour, le 8 décembre 2020, un autre organigramme sur mesure (décret N°208-2020). Pourquoi cette instabilité hilarante dans l’architecture organisationnelle ?
Le sésame se trouve dans la quintessence de l’article 5 (nouveau) dans le dernier organigramme. dévoile l’ambition de l’actuel ministre de transférer unilatéralement les projets de la SNDE (projet Dhar et le projet de distribution d’eau à Nouakchott) ainsi que d’autres projets en phases études (projet Nord, assainissement de Nouakchott et Projet Sectoriel Eau et Assainissement).
L’article «providence »
Un décret est une loi publiée au journal officiel. Les projets ont un délai limité et ne font partie -normalement- du domaine des décrets fixant les attributions des Ministres et l’organisation des administrations centrales de leurs départements.
Par ailleurs, les organigrammes sont faits sur la base du décret N°93-075 du 06 juin 1993 fixant les conditions d’organisation des administrations centrales et définissant les modalités de suivi et de gestion des structures administratives.
Aucun décret (organigramme) au niveau des autres ministères ne fixe l’encrage des projets à exécuter au niveau d’un cabinet du Ministre. Faut-il croire encore que le ministre de l’hydraulique ignore à ce point la réglementation ?!
Dans ce fameux article 5 nouveau, le nouvel organigramme stipule que : «les cellules et les unités de coordination des projets sont dirigées par des coordinateurs, ayant rangs de conseiller de ministre, nommés par arrêtés du ministre ».
Les conséquences d’une telle hérésie pourraient être à l’origine d’enjeux encore plus graves. Aude-là du challenge de la ressource humaine, le Ministre de l’hydraulique va-il initier, à chaque fois qu’un projet s’achève, un nouvel organigramme pour l’adapter à une nouvelle réalité administrative ? Si un nouveau projet est lancé -surtout que le programme du Président est ambitieux- va-t-il encore remodifier, une fois de plus, l’organigramme pour l’y inclure? Enfin dans cette logique d’accaparement de gestion des projets que restera-t-il aux administrations (la SNDE et les autres directions centrales) censées être en charge de la mise en œuvre des projets comme pour les autres administrations centrales dans d’autres départements ministériels.
Pas de fumée sans feu
Ce qui est certain est que cette approche inaugurée par le MHA n’existe nulle par ailleurs. Le gouvernement va-t-il enfin prendre conscience de la gravité de la situation porteuse de germes de dysfonctionnements, de conflits et de litiges que suscite déjà cette mesure anachronique et qui pourraient compromettre la réalisation de projets essentiels non seulement pour le gouvernement mais aussi pour les bénéficiaires directs à savoir les populations. La pilule est en cout cas grosse pour les bailleurs de fonds intrigués par les motivations profondes de ces changements. Il en est ainsi du FADES (Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social, la Banque Islamique de Développement (Bid), l’agence française de développement et d’autres encore qui ne manqueront pas très certainement d’émettre des réserves sur les risques de manque de transparence des procédures que ces changements organisationnels apportent. Le fades a déjà donné le ton. En effet, par lettre en date 08-10-2020 le FADES, à travers le ministère des finances, a demandé à être éclairé sur les justificatifs du transfert des projets Dhar et distribution de Nouakchott jusqu’ici pilotés par la SNDE -conformément aux conventions de financements- au profit du cabinet du ministre de l’Hydraulique. Une correspondance bien transmise au MHA mais qui, jusqu’à présent, est restée sans réponse. Un silence révélateur ?!