Le360afrique - Le président mauritanien a réitéré, en marge des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, la nécessité de la suspension du service de la dette des pays du G5-Sahel, un regroupement de cinq pays qui font face à des crises multidimensionnelles.
Le Sahel désigne une vaste zone de 5 millions de kilomètres carrés, avec une population de près de 100 millions d’habitants, un environnement hostile marqué par des sécheresses récurrentes, le phénomène du changement climatique, et un développement exponentiel de l’insécurité et du crime organisé depuis quelques années.
Un environnement géopolitique auquel est venue se greffer la pandémie du coronavirus (Covid-19) et ses conséquences sanitaires, économiques et sociales en 2020.
S'y ajoutent des problèmes structurels liés à une économie non diversifiée et qui comprend peu d'activités de transformation. Tous ces éléments militent largement en faveur de la suspension du service de la dette des pays du G5-Sahel, selon Mohamed Cheikh El Ghazouani, président en exercice de l’organisation sous-régionale.
Il a réitéré cet appel jeudi 8 octobre, au cours d’une visioconférence sur le thème: «les défis économiques nés de la crise sécuritaire» dans la région du Sahel, organisée en marge des assemblées annuelles de printemps de la Banque mondiale (BM) et Fonds monétaire international (FMI).
Comme premier argument, le chef de l’Etat mauritanien se réfère aux problèmes structurels des économies du Sahel «caractérisées par une faible diversification, une prédominance du secteur informel, une prévalence aiguë de la pauvreté et un endettement à la limite du soutenable».
La deuxième raison «est liée à une situation sécuritaire de plus en plus préoccupante, compte tenu de la recrudescence et de l’expansion des activités des Groupes armés terroristes (GAT), entraînant de nombreuses pertes en vies humaines, des déplacements internes de populations, ainsi qu’une augmentation du nombre des réfugiés. Ainsi, suivant les estimations de la Banque mondiale (BM), le conflit qui sévit dans la région a causé plus de 15.000 morts, et entraîné des déplacements internes d’une population de plus d’un million d’individus et 165.000 réfugiés. Cette situation induit une forte augmentation des dépenses allouées à la sécurité, qui deviennent de moins en soutenables pour nos pays. La conséquence est un effet d’éviction des ressources destinées à d’autres secteurs vitaux, tels que l’éducation, la santé et l’emploi. Ce qui aggrave de jour en jour, la situation de nos économies, déjà suffisamment éprouvées par la rareté des ressources».
Le troisième argument est «la pandémie du coronavirus (Covid-19), qui est venue malheureusement, se greffer à des défis, aggravant une situation sécuritaire déjà difficile. C’est ainsi que les mesures de confinement très strictes, prises par les pays de la région, afin de contenir la propagation du virus, ont perturbé la production et les circuits de distribution, réduisant significativement la demande de biens et services».
Une situation dont les effets ont anéanti les efforts de lutte contre la pauvreté.
La Mauritanie a annoncé un plan de relance de l’économie post-Covid-19: le Programme prioritaire élargi sur 30 mois, dont le financement est estimé à 640 millions de dollars.
La croissance est attendue à -3,2% en 2020, contre environ 5% en 2019.
Le G5 Sahel est une organisation dédiée à la lutte contre le terrorisme, l’insécurité et la coordination des efforts de développement.
Elle est composée du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad.
De notre correspondant à Nouakchott
Amadou Seck