
La Mauritanie s’apprête à célébrer à l’instar de la communauté internationale ce 9 décembre la journée mondiale de lutte contre la corruption et ce alors que les enquêtes de la Soc et du Département de la Justice américaine enquêtent toujours sur des soupçons de corruption qui entacherait les activités en Mauritanie du géant minier Kinross.
Dans sa dernière conférence de presse le président de la République admettait lui même certaines de ces pratiques en les trouvant « normales. » Depuis dix ans, la Journée Internationale de lutte contre la Corruption rappelle l’adoption en Décembre 2003 à Mérida (Mexique) de la Convention des Nations unies contre la corruption (CNUCC). Cette célébration a notamment pour but de sensibiliser les citoyens et les différents acteurs aux conséquences de ce fléau qu’est la corruption.
Regroupant 173 États, la CNUCC est aujourd’hui un instrument clé de la lutte mondiale contre la corruption. A portée universelle, la CNUCC se distingue aussi par l’exhaustivité et la précision de ses dispositions. Elle incarne une approche globale de la corruption dans les secteurs public et privé et reconnaît l’importance des mesures préventives autant que répressives.
« La corruption est un phénomène social, politique et économique complexe, qui touche tous les pays. Elle sape les institutions démocratiques, ralentit le développement économique et contribue à l'instabilité gouvernementale. »
La corruption s'attaque aux fondements des institutions démocratiques en faussant les élections, et en créant des appareils bureaucratiques dont l'objectif premier est la sollicitation de pots-de-vin.
Le 9 décembre a été déclarée Journée internationale de lutte contre la corruption, afin de sensibiliser le monde à ce problème et pour faire connaître le rôle de la Convention, en matière de lutte et de prévention.
Les gouvernements, le secteur privé, les organisations non gouvernementales, les média et les citoyens du monde entier unissent leurs forces pour lutter contre ce crime. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) etl'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) sont à l'avant-garde de ces efforts.
La campagne internationale conjointe de 2015 se concentre sur la façon dont la corruption sape la démocratie et la primauté du droit, entraîne des violations des droits de l'homme, fausse les marchés, érode la qualité de vie et permet à la criminalité organisée, au terrorisme et d'autres menaces à la sécurité humaine de s'épanouir.
La campagne #breakthechain souligne également que la corruption est un crime transversal qui touche de nombreux domaines. Elle montre que les actions contre la corruption sont essentielles en vue d'atteindre les objectifs de développement durable, qui visent à mettre fin à la pauvreté, à protéger la planète, et à assurer la prospérité de tous.
Pour sa part la Mauritanie a adopté le 9 Décembre 2010, une stratégie nationale de lutte contre la corruption. Mais ce document malgré son importance est resté lettre morte dans l’essentiel de ses dispositions.
Certes un nouveau code des marchés a été adopté et un Observatoire a été mis en place mais l’accès des citoyens à l'information et sur l'action de l’administration et des services publics qui est garanti, afin de leur conférer la possibilité de dénoncer les comportements abusifs n’est qu’un vœu pieux. De même l’introduction de la lutte contre la corruption dans les curricula scolaires et professionnels est restée lettre morte. De plus, et alors que la stratégie préconise de “Faciliter la saisine de la justice par les corps de contrôle »: par le renforcement des moyens des organismes de contrôle de l’Etat: Cour des Comptes, Inspection Générale de l'Etat et Inspection générale des Finances. Les textes instituant ces organes devaient être révisés pour les autoriser à saisir directement la justice, des faits délictueux découverts dans l’exercice de leurs missions au lieu de rester tributaires du pouvoir politique qui a tendance le plus souvent à les utiliser pour régler des comptes plutôt que pour lutter contre la corruption. En outre, il était préconisé que ces organismes soient astreints à l'obligation de publier les résultats de leurs enquêtes ce qui n’a pas été fait. Plus grave encore la mise en place d’un parquet anti-corruption continue à être remise aux calendes grecques. Pour ce qui est de la transparence de la gestion des revenus des industries extractives la Mauritanie a adhéré à l’initiative de transparence dans le domaine des pêches (FiTy) et alors que l’initiative devait être lancée le 14 Décembre prochain, elle a été reportée sans aucune explication à l’année prochaine. C’est dire que l’actuel gouvernement semble trainer des pieds pour la mise en œuvre effective de cette stratégie qu’il a librement adoptée. En effet cette stratégie comporte des actions immédiates qui devaient voir le jour avant la fin de 2010 parmi celle-ci :
-Le recensement des agents publics et une réforme en profondeur de la fonction publique portant, entre autres, sur les modalités de recrutement, les procédures administratives, le contrôle de performance et d’intégrité des agents et les échelles de rémunération.
- L’obligation pour les hauts fonctionnaires, prévue par la loi du 18 septembre 2007, de faire une déclaration publique de patrimoine sera strictement appliquée et sa violation sanctionnée.
- Des chambres spéciales pour les délits économiques seront instituées. Les garanties de l’indépendance des juges, y compris leur inamovibilité, seront strictement respectées. La compétence des tribunaux sera renforcée à travers un programme de formation des magistrats. Des juges étrangers seront invités à siéger, pour un temps limité, dans ces juridictions, afin de les faire bénéficier de leur expérience.
- Le contrôle de l’exécution budgétaire sera étayé par des rapports soumis tous les six mois par le Gouvernement.
Et que dire des actions devant être prise entre 2010 et 2014 dont seul l’observatoire a été institué mais pas mis en place. C’est dire que malgré la propagande officielle dont le seul objectif est de montrer que le gouvernement prend à cœur la lutte contre la corruption alors qu’on sait qu’il n’en est rien.