"Votre Président, l’Obsession du Pouvoir, et la Science : Le syndrome « Matle veyd rassou ». | Mauriweb

"Votre Président, l’Obsession du Pouvoir, et la Science : Le syndrome « Matle veyd rassou ».

sam, 13/10/2018 - 12:37

Comme le mauritanien lambda, vous vous êtes posé, plus d'une fois, une version ou une autre de ces questions qui vous ont taraudé, vous et vos semblables, chaque fois que la polémique nationale autour du troisième mandat s'est emballée : "mais, il est fou ou quoi, Leader Bien-aimé/Guide éclairé ? Ou bien c'est moi qui suis fou ?  Pourquoi tient-il tant à ce troisième mandat pour rester au pouvoir ? Dix ans-là, ce n'est pas suffisant, ou quoi ?" "Je me demande si ça va bien dans sa tête." Il se trouve que, pour ce débat qui perdure, ces interrogations (et la dernière en particulier) sont on ne peut plus pertinentes pour votre coin du Gondwana (pour emprunter le concept du chroniqueur inégalé Mamane). Le verdict de la science[1] est que les mauritaniens (et les autres gondwanais d'ailleurs) que ces questions (effrontées qu’elles soient, mais hautement citoyennes) ont longtemps tarabustés, n'étaient pas fous du tout et que, comme ils s'en sont doutés (ah, la sagesse populaire !), quelque chose cloche bien dans la tête de nos bien-aimés leaders, lorsqu'ils s'obstinent à s'accrocher au pouvoir--et au diable donc la constitution et ses serments, et de même pour le discernement le plus élémentaire. Ce que des études récentes ont fortement suggéré est que le pouvoir ne fait pas que corrompre au sens courant du terme. Et ça, il s’en est privé chez nous, n’est-ce pas ? Mais il fait bien pire. Le pouvoir modifie la personnalité et même, tenez-vous bien, la composition chimique du cerveau de leurs 'excellences'.  Il transforme les relations interpersonnelles (et le reste).  En un mot, les effets du pouvoir sont pervers, pernicieux et, à bien des égards, comparable aux effets des drogues illicites tant décriées. 

(…)

 

Désintoxication Précipitée ?

Le Professeur Al Rodhan conclut que la neurochimie du pouvoir a des implications sur la politique et l’alternance au pouvoir.  Etant donné que l’effet du pouvoir sur le cerveau est de créer une situation d’addiction, les individus dont le pouvoir n’est pas limité seront incapables de se contrôler, ce qui favorisera l’apparition de dictateurs.  Dans ces cas, « La brutalité et le manque d’égard pour les citoyens de pays dirigés par de tels leaders au pouvoir absolu tendront à être la règle quelle que soit la psychologie du dirigeant » (c’est moi qui souligne).  A bon entendeur…

Le tout dernier mot du professeur Al Rodhan mérite aussi d’être soigneusement médité :

« Etant donné que le retrait du pouvoir [peut-être même la perspective d’un retrait], comme toute désintoxication subite, produira des envies incontrôlables, il est hautement improbable que ceux qui ont le pouvoir, surtout le pouvoir absolu, l’abandonneront volontairement, en douceur, et sans dommage matériel ou humain.  Il est important de se rappeler que, comme tout sentiment humain, le pouvoir est neuro-chimiquement inter-médié et que tout pouvoir absolu peut créer des impulsions irrationnelles, additives et destructrices ».  (C’est moi qui souligne encore). 

 

*Mes remerciements à mon neurologue de fils pour avoir attiré mon attention sur ces études sur les effets du pouvoir, de tout pouvoir, et surtout le pouvoir absolu, sur le commun des mortels.  Je m’efforce ici de les synthétiser pour le lecteur moyen en espérant l‘aider à mieux comprendre certains aspects peu connus, je crois, du martyre qui semble affliger les dirigeants africains lorsqu’approche l’heure de quitter le pouvoir.

 

Prof. Boubacar N'Diaye