Le 2e colloque international sur les innovations maritimes et portuaires s’est tenu récemment à Cotonou. Il a rassemblé des chercheurs et des professionnels du Bénin, du Niger, du Togo et d’Europe. L'occasion notamment d'évoquer les investissements portuaires en Afrique de l’Ouest pour rendre les infrastructures plus performantes. Aujourd'hui l’Afrique ne représente que 3% des échanges mondiaux. Lagos, Cotonou, Lomé, Tema, Abidjan, et un peu plus loin Dakar. Tous ces ports doivent faire des aménagements pour recevoir des bateaux de plus en plus gros, qui veulent rester le moins longtemps possible. Celui de Cotonou a fait de nombreuses innovations d’après sa directrice générale Huguette Amoussou. « On a amélioré la capacité d’accueil des navires. Il y a aussi le projet de réhabilitation du quai nord qui fait quand même une longueur de 1360 mètres. C’est inscrit au projet d’investissement quinquennal du gouvernement. » Le port de Cotonou est le seul à avoir quatre portiques installés par la société Bolloré sur son terminal pour décharger les conteneurs. Ces investissements privés se généralisent. Selon le géographe Benjamin Steck, spécialiste des ports en Afrique de l’Ouest, cela permet aux groupes internationaux de s’imposer. « Les investissements portuaires sont trop importants par rapport aux capacités d’autofinancement des ports africains. D’où l’évolution vers les partenariats public-privé et aussi les concessions à des intérêts privés d’espaces publics qui restent du ressort éminent de la puissance publique. Bien sûr, les groupes privés exercent des pressions mais en même temps les Etats font appel à eux. Je pense qu’il devrait y avoir obligation pour les opérateurs mondialisés d’intégrer à leur tour de table pour obtenir des concessions des intérêts nationaux des Etats où ils se trouvent. » Ces ports sont concurrents pour attirer les clients des pays de l’hinterland : Mali, Burkina Faso et Niger, qui comparent aussi les coûts d’acheminement des marchandises. Messan Lihoussou, chercheur en transport et logistique à l’université béninoise d’Abomey Calavi, plaide pour une intégration régionale. « Il est indispensable que les autorités portuaires, les acteurs portuaires puissent s’entendre pour investir ensemble dans l’arrière-pays. Il faut mettre en place des pôles de création valeur qui vont générer du trafic et permettre un trafic retour vers les ports. Aujourd’hui, il y a un déséquilibre: beaucoup de volumes vont vers l’arrière-pays mais très peu vers les ports, parce qu’à l’export, il n’y a pas grand-chose. » Même si tous ces ports se modernisent rapidement, reste deux obstacles : le manque de place pour s’agrandir et la corruption.
Source: www.rfi.fr via