A la pointe des mouvements sociaux de contestation, Fatimetou Allal a ses convictions. Inébranlables. Nous avons rencontré pour vous cette jeune dame dont la présence, presque insolite dans le mouvement « Mani Chari Gasoil», fait désormais beaucoup parler d’elle. Portrait.
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La trentaine, un enfant d’un premier mariage. D’origine maure issue d’un milieu plutôt conservateur. Fatimetou .Allal est une anticonformiste. Et le clame haut et dans les rues de Nouakchott. «Il faut que nous apprenons à sortir des sentiers battus » confie-t-elle quand on l’interroge sur les raisons qui l’ont poussée à rompre les chaines sociales. Pourtant, cette femme versée dans le commerce à plus d’une idée dans la tête. Elle peut aussi compter sur son premier soutien : son père. Oui, derrière une « grande dame » peut aussi se cacher un «grand monsieur». Son père est en effet le premier à l’avoir encouragée à se battre pour ses idées. C’était il y a quelques années encore lorsqu’elle inaugurait ce qui désormais est devenu son obsession : lutter pour la justice sociale.
Fatimetou Allal n’a pas froid aux yeux et dit haut ce que beaucoup pensent tout bas. «Notre pays a besoin de tous ses enfants pour se construire. Et la couche laborieuse des pauvres devrait se sentir partie prenante de cette grande œuvre commune».
Pour elle les défis ne manquent pas mais ils ne sont pas insurmontables pourvu que la volonté politique mais qu'aussi les populations ordinaires y soient. Outre l’éducation, l’engagement politique et la participation à la construction du pays sont ses sacerdoces.
Fatimetou Allal aurait pu pourtant vivre « heureuse » comme toutes les congénères de son âge. Mais pour elle, il faut donner un sens à sa vie. Pour elle, Elle ne s’arrête pas beaucoup sur ce que ces congénères pensent de son combat. «Le plus important pour moi est de rester en phase avec mes convictions. Qu’on me taxe de ce que l’on veut, cela ne m’empêchera pas de continuer ce que je fais. Je ne milite dans aucun parti politique » dit-elle pour marquer son terrain social.». Et d’ajouter, «j’ai décidé de militer en faveur de la reconnaissance des droits des femmes afin qu’elles ne soient plus seulement un objet, mais un acteur de la vie sociale ». Aucune contradiction, selon elle, avec les préceptes religieux. Le militantisme d’une femme est de sa propre perspective, le seul à même de la faire accepter aux côtés de l’homme, dans le respect mutuel et la cohésion sociale. « Moi mon combat est celui des rues, de la mobilisation en faveur des droits mais aussi des obligations citoyennes. C’est tout ce qui m’importe ». Pourquoi la plus grande partie de la gente féminine ne fait pas comme elle ? Fatimetou répond tout simplement que : «ce sont les chaines sociales qui entravent le développement de la femme et partant de tout un pays. Le ce qu’en dira-t-on gêne l'émancipation des femmes». Dit-elle non sans regret d’autant pour elle que la religion devrait être l’instrument de cette liberté, assure-t-elle. Fatimetou Allal qui dit avoir beaucoup d’estime pour les pionnières de ce combat, Aichata Kane ou encore aujourd’hui Minetou Mint ElMokhtar, trouve qu’elles ne se sont pas toujours fait aidées par la tranche des jeunes filles. Elle, elle est sur tous les fronts sociaux. Arrêtée à maintes reprises, Victime parfois de « harcèlement sexuel » elle est prête à tout braver.
Finalement Fatimetou Allal est une sorte de Jeanne-D’Arc à la mauritanienne qui tient haut son flambeau pour la justice sociale, l’unité nationale mais aussi pour ce combat pour une véritable émancipation de la femme. “Si vos rêves ne vous font pas peur, c’est qu’ils ne sont pas assez grands” dit la féministe et femme politique Ellen Johnson Sirleaf. Une leçon apparemment bien assimilée par Fatimetou Bellal dans un pays où la préséance de la femme inquiète beaucoup les adeptes du conservatisme.
J.D