Crise politique, crise financière, crise économique, crise sociale… Le malaise est général et profond au sein des populations qui battent de plus en plus de l’aile pour survivre. Si les plaintes et les vociférations pour un mieux être, ou plutôt, un être tout court, se font davantage écho, c’est bien parce que le gouvernement s’est montré incapable de nous procurer le minimum. Occasion de nous demander s’il en est capable !
En fait, pour nombre d’observateurs, le problème du pouvoir actuel est qu’il ne dispose pas de vision, ni de méthode et pêche par un dédain sordide qu’il affiche vis-à-vis du petit peuple qu’il tente d’amadouer par des gesticulations populistes, farfelues et sans suite. Et le prise est que quand il est appelé à le rescousse, notamment pour instaurer l’ordre, il n’hésite jamais à aller jusqu’au bout de la cruauté pour des futilités, juste pour monter la face hideuse de la brutalité et de la force qu’il croit seul remède aux maux des moutons que nous sommes.
C’est dans ce registre qu’il faut classer les répressions disproportionnées des manifestations pacifiques à Nouakchott et à l’intérieur du pays, les rafles nocturnes et ciblées dans des quartiers périphériques mis à l’index, la gestion de dossiers de malversations et de détournements de biens publics consacrée par le clientélisme dans le ciblage des accusés… Tout se passe comme si ce gouvernement ne veut point d’une situation sociale apaisée qui profite aux populations. Tout se passe comme s’il ne détient pas réellement les rennes de son pouvoir. En fait, tel est bel et bien le cas ! La Mauritanie est gérée par un système. Un système sournois et implacable qui se nourrit de la faiblesse des populations
C’est ce système qui encourage l’action prédatrice que mènent certains proches des entourages social et politique du chef qui ne peuvent plus avoir même la décence de se cacher pour commettre leurs forfaits. Ils se sucrent à coup de milliards en important à moindres frais, en pillant, en négociant des pots de vin et en bradant nos ressources alors que le petit peuple crève. Même la classe moyenne affaiblie, appauvrie et découragée n’arrive plus à avoir la force de tirer le diable par ces dix queues. C’est pour dire combien la situation économique est asphyxiante pour l’écrasante majorité du peuple.
Et le pire est que ce système là a fini par avoir raison du président qui semblait pourtant - en début de règne- indépendant de ce même système. Mohamed Ould Abdel Aziz que nous connaissions au départ n’est plus celui qui nous dirige. L’homme a perdu de la lucidité. Désormais, dans son attitude, prévalent surtout, la fougue excessive, la précipitation dans la décision, le manque de la concertation et surtout l’amour effréné pour l’isolement.
Les crises se multiplient et les solutions de les désamorcer ne semblent pas recherchées. La Direction politique gère (et très mal) le difficile quotidien d’un pays meurtri pas ses dirigeants et son élite. Aucune perspective autre. Nombreux sont ceux qui pensent aujourd’hui que cette solution réside dans la "révolte", seule perspective offerte aux Mauritaniens, car toutes les voies de compromis sont perverties et deviennent systématiquement un chapitre de compromissions.
Aujourd’hui, nous avons comme l’impression que le pays est en train de foutre le camp vu la multiplication des foyers de tension aussi bien à l’intérieur que partout autour de nous. Ceux qui gouvernent ne semblent pas savoir ce qu’ils font. Ils se contentent juste de suivre la "vague laudatrice", d’obéir à des "instructions" que ne comprennent même pas ceux qui les ont données.
La Mauritanie est en train de se détruire, devant le regard hagard de ses fils. Elle a besoin d’être secourue au plus tôt. Le cas contraire, c’est fatalement vers une fin certainement triste et désolante qu’elle va se diriger. Ce sera alors dommage. Parce que nous regretterions notre inaction.
Faudra-t-il alors pleurer tout de suite, ce pays pour lui permettre de se réveiller du sommeil dans lequel il est plongé depuis 1978 date d’arrivée des militaires au pouvoir ? Pourquoi pas ! Alors pleurons !
Amar Ould Béjà