
Les travaux d’un atelier régional de haut niveau visant à examiner et à valider le rapport d'étape du programme des filières stratégiques pour le renforcement de la sécurité alimentaire, de la résilience et du développement du commerce dans les pays du Sahel ont débuté, mercredi matin à Nouakchott.
Une collaboration multilatérale pour le développement du Sahel
Cet atelier de deux jours est organisé par le ministère mauritanien de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, en étroite collaboration avec plusieurs institutions partenaires : l’Organisation Arabe pour le Développement Agricole (OADA), le Comité Permanent Inter-États de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) et la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique (BADEA). Il réunit des experts, des bailleurs de fonds et des responsables techniques pour finaliser une feuille de route essentielle au développement de la région.
L'objectif principal de cette rencontre est d’examiner, d’analyser et d’enrichir le document provisoire de l'étude de faisabilité technique et financière dudit programme. Une fois finalisé, ce document sera présenté au groupe des bailleurs de fonds arabes pour financement. Une version préliminaire avait d'ailleurs été bien accueillie lors d'une réunion du groupe de financement arabe tenue à Vienne en juin dernier.
Faire face aux défis climatiques et sécuritaires
Lors de la cérémonie d'ouverture, le secrétaire général du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, M. Ahmed Salem El Arbi, a situé le contexte de cet atelier. Il a rappelé que les pays d’Afrique de l’Ouest sont fortement exposés à la sécheresse et à ses effets négatifs, notamment l’insécurité alimentaire et la perte de résilience face aux crises climatiques récurrentes.
« Ce programme constituera l’une des alternatives importantes pour faire face à la plupart des défis de manière systématique et coordonnée par le biais du CILSS », a-t-il déclaré, soulignant que ce cadre est le moyen le plus efficace pour coordonner les activités techniques et économiques conjointes des pays sahéliens. Il a aussi mis en avant les efforts considérables déployés par la Mauritanie pour renforcer la résilience des populations rurales par la construction de barrages, de digues et de fermes maraîchères.
Une initiative ambitieuse axée sur les filières stratégiques
Pour sa part, le secrétaire exécutif du CILSS a précisé la nature de ce programme qu'il a qualifié d'« initiative ambitieuse », centrée sur le développement des filières stratégiques de céréales et de produits commerciaux.
« Ce programme vise à œuvrer pour le développement de la production et de la compétitivité des filières stratégiques et le développement de chaînes de valeur inclusives qui offrent des opportunités d’emploi pour les jeunes et des revenus pour les femmes », a-t-il expliqué. Il a également mentionné l'ambition d'améliorer le cadre institutionnel et commercial pour faciliter les échanges internationaux.
Il a noté que l'atelier validera techniquement le rapport issu d'un diagnostic régional qui a identifié les principaux obstacles au développement : la faible maîtrise de l’eau, le déficit en infrastructures et l’accès limité aux financements.
Les changements climatiques, une préoccupation centrale
Intervenant au nom de l'Organisation Arabe pour le Développement Agricole (OADA), M. Ahmed Salem Ahmed, Directeur de la Formation, a dressé un tableau des défis environnementaux auxquels la région est confrontée depuis des décennies.
« Ces crises se manifestent parfois sous forme de vagues de sécheresse récurrentes et parfois sous forme de pluies torrentielles inhabituelles (…) constituant à ce jour la principale préoccupation des peuples du monde », a-t-il alerté. Il a insisté sur le fait que toutes les solutions pour un développement durable passent inévitablement par « le développement et l’efficacité de l’agriculture dans le cadre d’une approche durable garantissant la résilience des populations ».
Il a révélé que l'étude, financée par la BADEA dans quatre pays et mise en œuvre par l'OADA, a conclu à la fragilité des conditions de vie, à l'aggravation des changements climatiques, à une croissance démographique rapide et à une faible exploitation des potentialités agricoles, avec seulement 21% des terres arables exploitées.
Un engagement financier arabe de longue date
Le représentant de la BADEA, M. Hatem Al Jabri, a réaffirmé l'engagement constant de son institution envers le développement du Sahel depuis 1975. La Banque a financé environ 250 opérations dans la région, dont 120 sous forme de dons, pour une enveloppe financière avoisinant les 2 milliards de dollars au Tchad, au Niger et au Mali.
La BADEA a également contribué au financement des première et deuxième phases de l'étude de faisabilité du programme régional des filières stratégiques, démontrant ainsi son soutien sans faille à cette initiative cruciale pour la stabilité et la prospérité de la région.
La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence des secrétaires généraux des ministères de l’Elevage, et de l’Environnement et du Développement durable, ainsi que de nombreux responsables nationaux, soulignant l'importance multidimensionnelle de ce projet pour la Mauritanie et l'ensemble de la région sahélienne.