
La Mauritanie vient de perdre l’un de ses hommes politiques les plus constants, les plus droits, et les plus lucides. El Khalil Ould Tiyib, député, patriote et figure respectée du paysage national, s’est éteint au Maroc des suites d’une longue maladie. Sa disparition laisse un vide immense, tant dans les rangs de ceux qui croient à la parole publique qu’au sein de tous ceux qui, silencieusement, avaient vu en lui une boussole morale dans les moments les plus obscurs de la vie nationale.
Dans un contexte où tant d’acteurs publics ont préféré l’ambiguïté, le compromis ou l’opportunisme, El Khalil Ould Tiyib avait choisi la voie la plus rare : celle de la vérité nue, dite sans tremblement, sans calcul, sans peur.
Il fut l’un des tous premiers au sein de la majorité au pouvoir, à dénoncer sans détour la décennie du pillage, ces années où l’État fut pris en otage par un gang, déterminé à détourner les institutions de leur raison d’être pour en faire un instrument d’enrichissement, de clientélisme et d’impunité. Alors que beaucoup continuaient à se taire, lui a parlé. Alors que certains continuaient à trouver des justifications, lui a nommé les choses.
L’histoire retiendra que le pays lui doit beaucoup. Car El Khalil Ould Tiyib fut également l’un de ceux qui ont empêché que la Mauritanie ne sombre dans les manipulations institutionnelles et les dérives autoritaires qu’un clan, fort de plus d’une décennie de pouvoir absolu, tentait encore d’imposer pour préserver ses privilèges.
Il fut le premier à s’opposer frontalement à ces desseins funestes, notamment lorsque ce groupe voulait continuer de contrôler, à travers la pseudo « Référence Suprême », les nominations stratégiques, la haute administration, les rouages sécuritaires — en particulier le BASEP — afin de prolonger son œuvre de prédation.
Sans sa vigilance, sans sa parole forte, sans son courage indéniable, la Mauritanie aurait pu basculer dans une zone d’incertitude, de tensions et peut-être même de violences politiques. El Khalil Ould Tiyib a su, par son attitude sereine mais ferme, éviter à son pays des épreuves que beaucoup redoutaient.
Il appartenait à cette génération rare qui considérait que la fonction de député n’est pas un privilège, mais un combat, un devoir vis-à-vis des citoyens, un engagement envers la vérité et le droit.
Sa disparition endeuille la nation. Mais elle oblige aussi. Elle rappelle que les véritables serviteurs de l’État sont ceux qui acceptent d’être seuls lorsque tout le monde se tait ; ceux qui disent non quand le silence serait plus confortable ; ceux qui se dressent quand d’autres se courbent.
El Khalil Ould Tiyib laisse une trace profonde. Il laisse un exemple.
Et dans un pays où l’histoire se cherche encore des repères, l’exemple reste parfois la seule lumière.
Que Dieu l’accueille dans Sa miséricorde infinie. Qu’Il accorde patience à sa famille, à ses proches, à ses compagnons de route.
La Mauritanie perd un homme.
Elle gagne un symbole.
Moussa Ould Samba Sy

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