
Les échanges de frappes entre Israël et l'Iran se poursuivent avec une intensité inquiétante. Ce jeudi 19 juin, un nouvel épisode a marqué une escalade particulièrement grave : selon les autorités israéliennes, Téhéran a lancé une vingtaine de missiles balistiques, dont l'un a touché l'hôpital Soroka à Beer-Sheva, l'un des principaux centres médicaux du pays. Les images de l'impact et des dégâts ont immédiatement fait le tour du monde.
La réaction israélienne a été immédiate et véhémente. Le Ministre israélien de la Défense a fermement condamné l'attaque, la qualifiant sans ambages de "crime de guerre". L'ambassadeur d'Israël en France a été déployé sur plusieurs plateaux de télévision français pour dénoncer avec force ce qu'il a décrit comme un acte de barbarie prémédité. Son message était clair : frapper délibérément un hôpital est intolérable.
Pourtant, un silence assourdissant a résonné dans ces mêmes médias français. En effet, aucun des journalistes animant ces émissions n'a semblé avoir "l'honnêteté intellectuelle ni le courage" de faire le lien évident, douloureux, avec la réalité des hôpitaux de Gaza. Ces mêmes établissements médicaux – Al-Shifa, Al-Ahli, l'hôpital Al-Quds de la Croix-Rouge, et tant d'autres – systématiquement ciblés, assiégés, et souvent réduits en ruines par les frappes israéliennes au cours des derniers mois, causant des milliers de morts et de blessés parmi les civils et le personnel soignant.
Le contraste dans le traitement médiatique a atteint un sommet glaçant lorsqu'une journaliste française a déclaré : « Les Israéliens sont choqués car ils n’avaient pas l’habitude de voir ce genre d’images. Des images qu’ils voyaient seulement à Gaza. » Cette remarque, d'une cruelle inconscience, semble confiner Gaza dans "une autre dimension hors du biome humain", comme si la souffrance et la destruction y étaient normalisées, attendues, voire invisibles, contrairement à celles subies en Israël.
Cette asymétrie de l'indignation n'est pas un hasard. Elle s'inscrit dans le contexte plus large de ce conflit déclenché pour des raisons dépassant largement la sécurité immédiate : la survie politique du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, confronté à de graves procédures judiciaires et à une impasse politique domestique. Une guerre régionale sert ses intérêts de maintien au pouvoir.
L'Occident, dans son ensemble, semble paralysé par son hypocrisie habituelle. Aucune condamnation ferme et unanime ne désigne clairement l'agresseur dans cette spirale Israël-Iran. Les appels à la retenue restent vagues, souvent plus prononcés lorsque les frappes touchent le territoire israélien. Le droit international humanitaire, censé protéger les civils et les infrastructures médicales en toutes circonstances, apparaît effectivement réduit à l'état de "pacotille", instrumentalisé ou ignoré selon la nationalité des victimes.
Cette septième journée du conflit laisse un goût amer. L'attaque contre l'hôpital Soroka est un acte odieux qui mérite condamnation. Mais cette condamnation ne peut être crédible, ni moralement défendable, si elle n'est pas universelle et si elle ignore délibérément le calvaire subi par les hôpitaux et les civils de Gaza. La valeur d'une vie humaine, la sacralité d'un hôpital, ne peuvent dépendre de la nationalité ou de la géographie. Jusqu'à ce que cette vérité fondamentale soit reconnue et appliquée sans double standard par la communauté internationale et ses médias, les cris des victimes, qu'elles soient de Beer-Sheva ou de Gaza, continueront de se heurter à un mur d'indifférence sélective et de complicité tacite. Le cycle de la violence et de l'impunité ne pourra que se perpétuer.