La Banque mondiale a publié aujourd'hui la septième édition de son rapport sur la Situation économique en Mauritanie, révélant que le pays a réussi à renforcer sa stabilité macroéconomique malgré un ralentissement significatif de la croissance économique en 2023. Ce rapport souligne une baisse plus rapide que prévu de l'inflation et une amélioration du solde budgétaire et du solde extérieur.
La croissance économique de la Mauritanie a diminué, passant de 6,4 % (3,7 % par habitant) en 2022 à 3,4 % (0,7 % par habitant) en 2023. Ce ralentissement est attribuable à des facteurs cycliques tels que le resserrement de la politique monétaire et la dynamique fragile dans certains secteurs clés comme l'agriculture pluviale et les industries extractives. Néanmoins, la performance économique du pays reste supérieure à la moyenne mondiale de 3 % et à celle de l’Afrique subsaharienne de 2,9 %.
Malgré cette baisse de la croissance, l'inflation a reculé de manière significative, passant de 9,6 % en 2022 à 5 % en 2023. Cette diminution est due à la baisse des prix des denrées alimentaires et du pétrole, ainsi qu'à une politique monétaire stricte. Parallèlement, le déficit de la balance courante s'est réduit, grâce à une évolution favorable des prix des importations et à une diminution des importations de biens d'équipement. Le déficit budgétaire a également baissé à 2,5 % du PIB, soutenu par une réduction des dépenses en capital.
Optimiser le Capital Humain : Un Défi Majeur
Le rapport met en lumière les défis structurels persistants qui freinent la croissance à long terme de la Mauritanie, notamment l'optimisation limitée du capital humain. La richesse en capital humain par habitant a diminué au cours des vingt dernières années, malgré une augmentation du stock global. Les enfants nés en 2024 ne pourront espérer utiliser que 15 % de leur potentiel de capital humain d'ici l'âge de 18 ans, un problème particulièrement aigu dans le pays.
Urbain Thierry Yogo, économiste principal pour la Mauritanie, souligne l'importance de poursuivre les efforts pour optimiser l'utilisation du capital humain et développer des stratégies de résilience face aux chocs climatiques, économiques et sociaux. Les priorités incluent l'amélioration de l'éducation, la réduction des inégalités de genre et la mise en place de politiques économiques plus inclusives.
Recommandations pour une Croissance Inclusive et Durable
Intitulé « Maximiser le rendement du capital humain en Mauritanie pour une richesse accrue et une prospérité partagée », le rapport recommande plusieurs mesures pour soutenir une croissance inclusive et durable. Parmi celles-ci figurent le renforcement de l'éducation et de la formation professionnelle, la suppression des obstacles sociaux et juridiques pour les femmes et les jeunes, et l'adoption d'un cadre fiscal prudent en prévision de la production de gaz.
Le rapport propose également l'amélioration de la sélection et de l'exécution des projets d'investissement public, ainsi qu'une meilleure intégration des femmes et des jeunes sur le marché du travail.
Ibou Diouf, représentant résident de la Banque mondiale en Mauritanie, conclut : "Bien que la Mauritanie ait réalisé d’importantes avancées en matière de stabilité macroéconomique, il est fondamental d’aborder les défis structurels qui freinent la croissance à long terme. En poursuivant les efforts dans la maximisation du capital humain et en optimisant la gestion des finances publiques, la Mauritanie pourra non seulement consolider ses acquis, mais aussi favoriser une croissance plus durable et plus inclusive."
La Mauritanie semble sur la bonne voie pour consolider ses gains économiques tout en adressant les défis structurels pour une prospérité partagée et durable.