Le Monde Afrique - De plus en plus d’enfants sont tués ou recrutés par les groupes armés terroristes au Niger, en particulier dans les zones frontalières du Burkina Faso et du Mali où les attaques djihadistes se multiplient ces derniers mois, a dénoncé lundi 13 septembre Amnesty International.
« Dans la région de Tillabéri, au Niger, une génération entière grandit entourée par la mort et la destruction. Des groupes armés ont attaqué à maintes reprises des écoles et des réserves de nourriture et ciblent des enfants lors de leur recrutement », a déclaré Matt Wells, directeur adjoint à Amnesty International.
L’organisation non gouvernementale (ONG) publie lundi un rapport de 64 pages sur les répercussions croissantes du conflit sur les enfants dans la région de Tillabéri.
Cette zone dite des « trois frontières » est la cible récurrente d’attaques de deux groupes armés djihadistes : l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaida. Selon la base de données sur le lieu et le déroulement des conflits armés (ONG, Acled), citée dans le rapport d’Amnesty, les violences contre les civils au Niger ont fait 544 morts entre le 1er janvier et le 29 juillet 2021, contre 397 en 2020.
« Au bord du gouffre »
Une soixantaine d’enfants ont été tués dans la partie nigérienne de la zone des trois frontières, ajoute Amnesty, qui cite plusieurs témoignages d’adolescents rescapés. « A un moment, Wahab s’est arrêté pour parler aux combattants. Ils lui ont tiré sur le côté et il est mort quelque temps après », raconte un garçon témoin du meurtre de son ami de 12 ans, en mars.
« Wahab, avant de mourir, demandait aux bandits : “Qu’est-ce que j’ai fait ? Mon père, laisse-moi.” Je me souviens bien de ses paroles », déclare un autre témoin de la scène. « Je pense à Wahab et comment il a été tué. Il m’arrive de faire des cauchemars où je suis chassé par des gens à moto, ou de revoir Wahab supplier les agresseurs », ajoute un troisième ami de l’adolescent tué.
Si les massacres à grande échelle semblent être plutôt le fait de l’EIGS, selon le rapport, Amnesty dénonce également le recrutement de jeunes garçons de 15 à 17 ans, principalement par le GSIM, en particulier dans le département de Torodi, près du Burkina Faso. Les attaques contre les écoles sont également nombreuses, selon Amnesty, qui dénombre plus de 31 000 enfants déscolarisés dans la région de Tillabéri, 10 000 de plus que l’an dernier.
« Le Niger est au bord du gouffre. Les autorités nigériennes et les partenaires internationaux doivent prendre des mesures de toute urgence pour doter les enfants d’outils qui leur permettront de se construire un avenir », s’alarme M. Wells.
Le Monde avec AFP