Au cours d’une réunion du patronat regroupant le président de l’UNPM et certains acteurs de la filière Pêche, l’un des opérateurs a évoqué l’histoire incroyable de l’arraisonnement des bateaux turcs dans la zone de pêche interdite.
Tout a commencé avec le passage dans cette zone d’un patrouilleur de la Marine Nationale qui rentrait d’une mission de routine. Le capitaine du patrouilleur fut surpris de trouver sept bateaux turcs pêchant dans cette zone dédiée à la reproduction et où la pêche est strictement interdite. Il contacta immédiatement les gardes côtes pour les informer de la situation et leur donner l’immatriculation des bateaux. L’officier de permanence lui répondit que cela était impossible parce que lesdits bateaux se trouvaient bien dans leur zone de pêche normale. Le capitaine du patrouilleur un peu vexé qu’on puisse mettre en doute sa parole répondit qu’il n’y avait aucun doute et que les bateaux étaient bien là devant lui. Les Gardes Cotes lui demandèrent de les arraisonner et de les faire rentrer avec lui à Nouadhibou, ce qu’il fit aussitôt.
Les bateaux pêchant dans la zone économique exclusive de la Mauritanie (ZEEM) doivent être dotés, chaque année, d’agrément du MPEM qui définisse les périodes de repos biologique, les zones de pêche interdite, les maillages des filets, etc. Tous les navires opérant dans nos eaux territoriales sont désormais, obligatoirement, munis de balises qui permettent de les localiser en tout temps et en tous lieux. Grâce aux deux systèmes de surveillance, ARGOS et INMARSAT, le trafic est suivi en temps réel.
Il est évident que ces bateaux avaient trouvé le moyen de hacker le dispositif de surveillance des gardes cotes pour montrer qu’ils se trouvaient dans une zone alors qu’effectivement ils étaient ailleurs rendant ainsi inopérant le système des balises.
Si ces bateaux ont pu le faire, on peut aisément imaginer que d’autres l’ont fait ou continuent à le faire. Il s’agit là d’une double infraction de la plus extrême gravité. Pêche dans une zone interdite dont la sanction peut aller jusqu’à la saisie du bateau et falsification des données informatiques et acte de piraterie informatique qui remet en cause toute la surveillance de nos côtes et éventuellement mettre en danger la sécurité nationale.
Mais le plus surprenant c’est que ces bateaux ont pu reprendre la mer après s’être acquittés d’une amende pécuniaire minime. Aucune enquête n’a été diligentée pour comprendre comment ces navires ont pu mystifier les moyens techniques de surveillance des Gardes cotes. Et même la Commission des arraisonnements n’a même pas eu voix au chapitre. Cette impunité manifeste et cette indulgence inconcevables sont un mauvais signal envoyé à tous les autres fraudeurs qui n’attendent qu’une occasion pour passer à l’action. Le précédent fera qu’ils invoqueront cette jurisprudence en cas d’arraisonnement. Les bas fonds moins de 20 mètres qui constituent la zone de procréation de poissons doit impérativement être protégée. Il en va de l’avenir de la ressource halieutique du pays.
BC