Dans la soirée du 11 avril 2021, alors que la Section de Sebkha du SPD tenait une réunion publique de sensibilisation dans un lieu fermé, des éléments de la police ont fait irruption et avec violence, ont intimé l’ordre aux militants de quitter les lieux. Ils finiront par s’attaquer aux équipements de sonorisation coupant brusquement le son.
Il s’agissait d’un acte délibéré de provocation. Tout de même, les organisateurs ont pu contenir la foule de militants et sympathisants surchauffés. Les camarades Issa Ould Alioune – Secrétaire général et Louleid Ould Meissara – Coordinateur régional Nouakchott – Nord sont arrêtés sur le coup et conduits au commissariat de police Sebkha 3 où le commissaire les a soumis à un interrogatoire pendant une heure d’horloge.
Le SPD est une rencontre de mouvements citoyens, d’organisations socio-professionnelles et d’activistes politiques et de droits humains. Il organise ses manifestations publiques sous le couvert de l’une des organisations membres au nom de laquelle, les démarches nécessaires auprès de l’administration et de la police sont faites. Ce fût le cas pour la rencontre de Sebkha.
Cette situation de fait, au détriment des droits et libertés, est une règle établie par le système politico-militaire qui dirige la Mauritanie depuis un certain 10 juillet 1978. Ce système a réussi à imposer aux acteurs politiques et à ceux de la société civile une procédure illégale d’obtention d’autorisation pour l’organisation de toute manifestation publique.
Est-il opportun de rappeler une fois encore que manifester pacifiquement est un droit des mauritaniens que la constitution du pays leur accorde ?
Il est à souligner que cette loi fondamentales dispose que ceux qui veulent organiser une activité publique doivent tout simplement en informer, trois jours avant sa tenue, l’administration locale (Hakem) pour que celle-ci puisse étudier la situation au plan de l’ordre public et de la sécurité.
Le rétrécissement du champ des libertés
La pensée unique. C’est elle qui prévaut aujourd’hui en Mauritanie. Ce qui est dit, s’il déplait aux autorités du moment, est circoncis net ; les moyens sont à profusion pour faire taire toute voix qui va à contre-courant. Ceux qui chantent les louanges du prince de l’heure peuvent organiser à loisir leurs manifestations et n’ont rien à craindre de la police du système.
La surveillance électronique s’est accrue, ajoutée aux intimidations ouvertes orchestrées par les supplétifs du régime ; elle fait aujourd’hui du statut de blogueur et de lanceur d’alerte une position hautement dangereuse. Ainsi, les autorités pensent pouvoir couvrir leurs lacunes et incompétences.
Absence de réponses aux souffrances des mauritaniens
C’est lamentable de constater qu’après dix-neuf (19) mois à la tête du pays, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani peine à dérouler son programme qu’il a présenté durant sa campagne électorale, dans « mes engagements ». Les mauritaniens attendent encore les changements positifs promis. Ils sont frappés de plein fouet par l’insécurité alimentaire ; les prix de la plus part des denrées alimentaires de première nécessité ont augmenté de plus de 50%.
Les difficultés d’accès aux services publics de base se sont aggravées (la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable…). Pas une semaine où on ne découvre pas sur les réseaux sociaux des manifestions de villageois entrain de réclamer de l’eau à boire et ce, dans la plus part des régions de l’intérieur du pays.
Ceux qui viennent de leurs villages cherchant à se faire enregistrer sur le registre de l’Etat civil souffrent le martyr. Ils passent des journées entières au soleil et beaucoup d’entre eux dorment à la belle étoile dans l’espoir de pouvoir se faire enrôler.
Les problématiques sérieuses liées à la cohésion sociale (esclavage, racisme d’Etat, exclusion et assassinats extrajudiciaires des années 89 – 92…) n’ont pas du tout fait objet d’une prise en compte par le régime.
La gestion économique de la pandémie du Covid 19 a été catastrophique. Les mauritaniens attendent encore la réponse à la question : comment les fonds colossaux qui ont été mobilisés pour soulager la souffrance des populations vulnérables ont été utilisés ?
Aujourd’hui, les mauritaniens sont meurtris et atteints dans leur dignité.
Les violations graves des droits humains
A ceux qui vantent les avancées démocratiques dans le pays, le SPD leur oppose la récurrence des cas graves de violation des droits humains. Dans cette démocratie, les autorités assistent passivement à toutes les formes de manifestation des pratiques esclavagistes, aux expropriations foncières, à la torture publique de paisibles citoyens qui réclament leurs droits….
De l’apologie de l’esclavage et de ses séquelles
De Kaédi à Ouadane, en passant par Diaguily, Guemmou, Bouanze, Dafort…, la récurrence des actes de violences et autres comportements inadmissibles dont la source n’est autre que la volonté de certains groupes sociaux d’entretenir des traditions ancestrales et archaïques. Cet état de fait relègue certains groupes à des positions d’infériorité limitant leurs droits dans toutes les manifestations de la vie en communauté.
Ces atteintes graves à la dignité humaine excluent d’office les groupes d’extraction servile de certains niveaux de la gestion des lieux de culte (l’imamat) ainsi que de l’accès à la propriété foncière (terres de cultures). Ces violations graves des droits humains n’auraient pu continuer à prospérer sans la passivité manifeste des autorités locales, très souvent complices.
La révocation du camarade El Kory Sneiba de son poste de conseiller au Ministère de l’éducation, de l’enseignement technique et de la réforme parce qu’il a participé, aux côtés du président Boubacar Messaoud, à la conférence de presse consacrée au cas d’esclavage révélé à Ouadane par l’ONG SOS – Esclaves est un incident grave que le SPD condamne vivement. Un incident qui en dit long sur l’absence de volonté des autorités actuelles à combattre l’esclavage.
De la torture publique
Récemment, des actes graves de torture publique ont été enregistrés sur des citoyens revendiquant leurs droits par voie de manifestations pacifiques. C’est le cas des étudiants de l’université de Nouakchott, des femmes de Tivirit et des candidats à l’enrôlement au centre d’Etat civil de Sélibaby. Dans chacun de ces cas, les éléments des forces de l’ordre se sont attaqués avec violence à des citoyens pacifiques, faisant plusieurs blessés.
Notre position:
Attaché au respect et à la protection des droits humains mais aussi à la paix et à la cohésion sociale, le SPD exprime sa compassion avec des populations mauritaniennes en proie à la paupérisation et à l’insécurité alimentaire car laissées à elles même face aux dictat des fournisseurs et dénonce :
*Tout acte d’apologie de l’esclavage par des discours ou des comportements inadmissibles qui, malheureusement, ont tendance à se banaliser ainsi que le silence complice des autorités face aux situations conflictuelles.
*Les atteintes aux libertés individuelles et collectives dont les autorités se sont rendues fautives.
*Les expropriations foncières face auxquelles, les administrations locales font preuve de laxisme, souvent de complicité avec les auteurs des forfaits.
Le SPD appelle :
– Au calme et à la responsabilité les citoyens impliqués dans le contentieux devenu tragique, né du traitement de la problématique de l’esclavage et ses séquelles.
– Les autorités à prendre leurs responsabilités pour l’application effective des lois nationales qui criminalisent l’esclavage et ses pratiques associées.
– Le président de la république, conformément à la constitution et à ses promesses électorales à faire démissionner le gouvernement actuel pour absence de résultats positifs et incapacité d’accomplir la mission qui lui a été assignée.
Faite à Nouakchott, le 15 avril 2021
Le Secrétariat National à la Communication