La dernière sortie médiatique de la Première Dame de Mauritanie, Mme Mariem Mohamed Fadel Dah Ghazouani, prononçant son discours lors de sa participation à la vidéoconférence sur l’initiative pour l’élimination des fistules obstétricales en Afrique de l’Ouest et du Centre avait fait exploser la toile des réseaux sociaux.
Les mauritaniens d’ici et d’ailleurs et tous les africains de la sous-région ont été surpris d’entendre cette femme d’origine nomade s’exprimer par la langue de Shakespeare et aussi bien que le ferait un parlementaire britannique du Palais de Westminster. Prestation réussie sans accroc pour cette jeune femme devant les épouses des chefs d’états du Niger, des Comores, du Tchad et de la Sierra Leone, ainsi que les directeurs régionaux du Fonds des Nations Unies pour la population en Afrique.
Les mauritaniens, ce jour-là découvraient, (à visage découvert) et pour la seconde fois leur première dame qui s’exprimait cette fois en anglais avec aisance, calme, sérénité et maitrise incroyable sur un sujet aussi délicat que la fistule obstétricale, pathologie qui pose depuis toujours une équation difficile à résoudre pour beaucoup de structures sanitaires et des plateaux médicaux de pays pauvres.
C’est pratiquement les larmes aux yeux que cette intellectuelle élevée dans un environnement diplomatique de très haut niveau, a fait son mea-culpa en disant qu’elle ne pouvait pas s’imaginer l’ampleur de ce phénomène. Mme Ghazouani, Mariam Fadel Mint Dah, Première Dame du pays, médecin de profession, officier de l’armée mauritanienne en disponibilité, a déclaré en toute honnêteté, qu’avant la préparation de la tenue de cette vidéoconférence, elle ne saisissait pas la gravité et le degré de souffrance sous-jacents à ce problème majeur de santé publique, véritable drame social pour les femmes et les filles les plus démunies vivant dans les localités enclavées, sans accès à des services de santé de qualité.
Si pour beaucoup de mauritaniens toutes tendances confondues, la brillante prestation linguistique de la Première Dame du pays est un succès indéniable qui force l’admiration, ses consœurs, Fatima Maada Bio (Première Dame de Sierra Léone), Hinda Mahamat Abderrahim Acyl (première dame du Tchad), Ambary Azali (première Dame des Comores) et Lalla Melika (première Dame du Niger) se sont enrichies de l’expérience mauritanienne développée avec brio par l’épouse de notre chef d’état.
Données statistiques et chiffres clés à l’appui, Mme Ghazouani s’est focalisée sur l’ampleur du problème dans son pays et mis en évidence les défis auxquels les services de santé mauritaniens font face. En plus de la croissance démographique vertigineuse et face au faible accès des services de santé de la reproduction, les facteurs aggravants en Mauritanie restent :
- la prévalence élevée du mariage précoce,
- l’application timide de la planification familiale pour respecter un espacement des naissances recommandé,
- les grossesses précoces,
- les conséquences du nombre élevé de mutilations génitales.
Après avoir dressé l’état des lieux, Mme Ghazouani a ajouté que depuis le lancement de la campagne nationale en 2003, la Mauritanie a développé et mis en œuvre plusieurs programmes et stratégies pour lutter contre la fistule obstétricale. Cette politique a permis :
- l’élaboration d’une stratégie quinquennale d’élimination de la fistule obstétricale sur la période 2020-2025,
- l’adoption d’une fatwa (position religieuse en rapport avec la question) par les chefs religieux contre les mutilations génitales féminines,
- la création d’un centre régional d’excellence (ENSSS) pour le mentorat clinique des sages-femmes,
- la prise en charge chirurgicale et de réparation pour 635 femmes porteuses de fistules,
- l’intégration de la fistule obstétricale dans la liste des maladies indigentes,
- l’accès à la gratuité de la prise en charge,
- la réinsertion socioéconomique des femmes traitées et guéries de la fistule obstétricale.
Malgré tous les efforts consentis, à dit la Première Dame de Mauritanie, la fistule obstétricale reste un grand défi pour notre pays. Chaque année de 150 à 300 femmes porteuses de fistule obstétricale viennent accroitre l’effectif qui a enregistré jusqu’ici un gap cumulé de près de 2700 à 5400 cas.
Mme Ghazouani, en révélant le nombre énorme de 16 femmes qui meurent dans son pays par semaine en donnant la vie, ce qui s’exprime en chiffres à 582 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, a tiré sur la sonnette d’alarme.
Grande vedette de cette vidéo conférence, Mme Ghazouani, l’une des femmes mauritaniennes de cette dernière génération qui font ascension fulgurante par leurs compétences et leurs maitrises de dossiers liés à la santé, l’économie et les finances, a été la révélation de la réunion virtuelle. Elle ajoute à ce succès de la vidéoconférence « Initiative pour l’élimination des fistules obstétricales en Afrique de l’Ouest et du Centre », un autre succès enregistré lors de sa participation par visioconférence le mardi 23 février 2021 au VIIIe congrès de l’organisation de la femme arabe organisé sous le thème «Les femmes arabes et les défis culturels». L’autre fois-aussi la première dame, toujours avec maitrise, aisance, sérénité et compétence avait prouvé au monde entier et au Monde arabe en particulier que la Mauritanie (des femmes nomades ou des villageoises de la vallée qui sont de plus en plus émancipées) ont aussi leur mot à dire pour chercher à atteindre les objectifs que se sont fixés « le millénaire » et le « développement durable ». L’autre fois aussi, la prestation de Mme Ghazouani cette fois en langue arabe avait fait exploser la toile des réseaux sociaux. Cette avocate de l’émancipation de la femme mauritanienne ne fait que commencer à faire parler d’elle.
Mohamed Chighali