Coumba Dada Kane - Les femmes mauritaniennes célèbrent, à l’instar de leurs sœurs du monde, la fête du 8 Mars. Une fête qui vient consacrer les efforts de lutte pour leur épanouissement, en somme pour celle du monde, parce que la femme est mère du monde.
La fête du 8 Mars intervient cette année dans un contexte particulièrement délicat. Le monde entier vit, depuis plus d’une année une crise sanitaire provoquée par la pandémie de la COVID 19. Jamais le monde n’a connu une pandémie aussi démocratique, elle n’a épargné personne, aucune catégorie socioprofessionnelle. Tous en ont pâti. Et en premier lieu les femmes qui sont les pivots des familles.
Elles ont la lourde tâche de nourrir et d’entretenir les enfants, la famille toute entière. Et pour cela, dans notre pays, elles ont investi le secteur informel moteur de l’économie. Nombreuse d’entre elles quittent tôt la maison et n’y reviennent que tard ; c’est à ce prix qu’elles arrivent à couvrir les besoin de la famille.
Et ce, dans le milieu urbain que dans le monde rural fortement influencé par les aléas de la modernité. Leurs aides aux pères de familles sont capitales à la satisfaire les besoins vitaux du ménage : nourriture, éducation, santé, logement…
Les mesures restrictives adoptées pour lutter contre la COVID 19 ont fortement pesé sur leurs activités alors que leur écrasante majorité continuent à attendre les aides promises par le gouvernement dans le cadre du programme spécial de riposte contre les conséquences négatives de la pandémie.
Nous pensons aux femmes des champs, à celles qui s’occupent des troupeaux mais aussi à celles qui achètent, transforment et vendent les produits alimentaires. Nous n’oublions pas celles qui courent les plages et vendent du poisson dans nos marchés mais également celles qui sont assises devant leurs calebasses de couscous qu’elles proposent dans des ruelles sombres, qu’il vente ou qu’il pleuve.
Aux femmes domestiques et à celles qui travaillent rudement dans les fabriques et usines, nous pensons.
Pendant que les femmes se battent contre les conséquences de la pandémie de COVID 19 et espèrent voir enfin le bout du tunnel, une autre crise vient les frapper en plein fouet : la hausse vertigineuse des produits de première nécessité.
Il est à déplorer que les mesures prises par le gouvernement pour endiguer la spirale de cette flambée des prix demeurent sans effet à se demander si l’accord signé avec les importateurs est appliqué par les parties.
En effet, le combat des femmes ne se limite pas qu’aux besoins immédiats. Les mauritaniennes se battent depuis quelques années pour l’adoption d’une loi sur le genre qui les protégerait davantage malheureusement, le projet s’y affairant a été rejeté à deux reprises par le Parlement.
Et, malgré le comportement machiste du parlement et de certains groupes influents parmi la société, les femmes mauritaniennes ne baissent pas les bras ; elles continueront le combat pour leur protection mais aussi pour celle de la famille.
Les chiffres rapportés par les structures spécialisées montrent que les violences faites aux femmes ne cessent de s’accroitre, en nombre et en degré, dans notre pays où les viols accompagnés de violence sur les enfants mineurs inquiètent plus d’un spécialiste.
Dans ce contexte douloureux, nous faisons un appel solennel aux femmes mauritaniennes à se mobiliser afin de réclamer un dialogue politique national et inclusif, cadre approprié, où leurs droits et rôle seront fixés clairement et définitivement, en conformité avec les mécanismes internationaux auxquels la Mauritanie est partie, afin qu’elles puissent contribuer pleinement au développement de la Mauritanie parmi les nations égalitaires et justes.
Coumba Dada Kane
Députée à l’assemblée nationale
Vice-présidente d’IRA – Mauritanie