RFI Afrique - Le pays célèbre le 60e anniversaire de son indépendance ce samedi 28 novembre. Mais cette date marque aussi un autre anniversaire, douloureux : le massacre de 28 militaires noirs, pendus sur la base d’Inal, dans la région de Nouadhibou, le 28 novembre 1990.
Un drame qui s’inscrit dans une période de sanglante répression contre les Négro-Mauritaniens, entre 1989 et 1991. Une période qualifiée de « passif humanitaire ». Comme chaque année, le collectif des veuves a prévu sa propre marche ce samedi pour réclamer une nouvelle fois justice.
Sur des nattes, Houlèye Sall accueille les membres dans la cour de sa maison. La présidente du collectif des veuves a aujourd’hui 80 ans. Son fils Abdoulaye a été tué en novembre 1990.
« Ma vie a été gâchée, confie-t-elle. L’État n’a jamais rien dit, jamais rien fait… Je me sens un peu vieille, mais depuis 30 ans, je marche le 28 novembre pour protester. »
Une loi d’amnistie a été votée en 1993 pour les auteurs des crimes commis entre 1989 et 1992. Inadmissible pour Maïmouna Alpha Sy. Son mari, lieutenant des douanes, a été tué à Nouadhibou la veille de la fête de l’indépendance.
« Nos enfants et nos petits-enfants »
« La fête de l’indépendance devrait être de la joie, affirme Maïmouna Alpha Sy. Nous, c’est le contraire : c’est les pleurs, c’est le deuil. On leur a dit pourquoi est-ce qu’ils ont été enterrés. Les responsables sont là. On veut que ces gens soient traduits devant la justice. On ne va jamais abandonner. Si ce n'est pas nous, ça sera nos enfants et nos petits-enfants. »
Justement, Mamadou Lamtoro Camara avait à peine 2 ans quand son père a été tué à Inal. Le trentenaire parle d’un devoir de mémoire : « Je vois parfois les générations de mon âge qui ne savent même pas ce qui s’est passé en Mauritanie. C’est grave. Il faut que tous les enfants du pays sachent. Comme ça, nous pouvons construire la Mauritanie dans une bonne dynamique et vivre ensemble. »
Avant la marche, une journée de prières était organisée ce vendredi.
Avec notre envoyée spéciale à Nouakchott,
Charlotte Idrac