La loi des finances 2016 devant l’Assemblée: Le ministre dans tous ses états | Mauriweb

La loi des finances 2016 devant l’Assemblée: Le ministre dans tous ses états

ven, 18/12/2015 - 15:35

Le samedi 12 décembre 2015, les députés ont adopté sans surprise samedi dernier le budget initial de l’exercice 2016 qui est cette année de 457 milliards 167 millions 622 mille ouguiyas. Un pactole dont 57 milliards vont directement à la défense et 28 au ministère de l’intérieur et de la décentralisation. Alors que les secteurs sociaux de l’éducation et de la santé font à peine à tous les deux une cinquantaine de milliards. Des incohérences budgétaires qui ont fait l’objet de houleux débats entre certains parlementaires et le tonitruant ministre des finances. La séance d’adoption du budget initial a constitué une occasion pour certains députés de critiquer sévèrement les politiques nationales dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la sécurité. Les députés sont même allés jusqu’à demander une refondation totale du système éducatif jugé complètement délabré et inefficace. Tout comme les prestations du secteur sanitaire autour desquelles le gouvernement et le ministère de tutelle font beaucoup de bruit. Alors que les médicaments restent contrefaits. La gestion des hôpitaux régionaux reste calamiteuse. Les indigents qui constituent la majorité des usagers de ces structures payent les yeux de leur tête pour accéder aux moindres soins et le cas échéant pour mobiliser les montants afférents (carburant des ambulances et frais de mission des chauffeurs) à leurs évacuations sans que quiconque sache à quoi servent les fonds régionaux alloués chaque année et les montants encaissés via les pharmacies internes de cession et les paiements des prestations. Sur le plan sécuritaire, les commissariats de Nouakchott et de l’intérieur se plaignent régulièrement du manque des moyens mis à leur disposition pour assurer le travail.

Comme tous ses pairs, le ministre des finances s’est présenté devant les députés de l’Assemblée Nationale flanqué de tous ses collaborateurs. L’’heure est grave. Comme d’habitude, les députés ont pris tour à tour la parole pour s’exprimer. Pour la majorité, tout est extraordinaire. Pour les quelques députés de l’opposition, ce budget ne sert pas à grand-chose. Les réquisitoires de Mohamed Ghoulam Ould Hadj Cheikh de Tawassoul et de Malouma Mint Bilal de l’APP ont été particulièrement sévères. La requête visant à augmenter le budget de l’institution de l’opposition démocratique est restée une doléance sans suite qui requiert selon les termes du ministre des finances un processus de procédures pour aboutir. Justement, le ministre des finances de la république deux fois décoré en moins de deux ans. Chose exceptionnelle pour être citée. Une décoration pour un zèle démesuré selon la déclaration des opposants du Forum. Un dédain que le ministre rend d’ailleurs bien à ces « gens » comme il aime à les appeler chaque fois que l’occasion se présente. Dans sa longue réponse aux députés pour justifier le budget et demander son adoption, le fabuleux ministre des finances est resté lui-même. Normal. Ce n’était pas véritablement le technicien des finances, mais il était plutôt le défenseur inconditionnel du système avec de régulières digressions qui lui faisait oublier qu’il était devant une honorable assistance de députés. Les sourires moqueurs. Les petites grimaces. Les hochements de tête. Les régulières incantations à la « Hawle wela kouweta illabillahi » en disent long sur le mépris qu’il a pour ces députés qu’il semble bien connaître en dehors de cet honorable hémicycle. Surpris que certains trouvent les 57 milliards de la défense un peu trop. Quand même pour la sécurité ? Heureusement que les honorables ne parlent plus des cinquante millions de l’Arabie Saoudite. Après le défilé du 28 novembre dernier à Nouadhibou, on n’a plus le droit de demander où est passé un quelconque argent. Le bel aéroport de Nouakchott. Aux normes internationales. Le ministre s’est même moqué d’une députée qui n’aurait pas vu quatre vingt écoles complètes réalisées, alors qu’elle a vu une classe tombée à El Kaira. Dans ses digressions, le ministre hâbleur n’a pas oublié une certaine presse traitée de calomnieuse, de diffamante et de « mangeuse de la viande des autres ». Tout ça pour qu’une loi scélérate passe afin que des milliards aillent renflouer irrégulièrement des bourses déjà lourdement pleines d’un argent public que le système démagogique de son Excellence le ministre prétend jalousement défendre et conserver.

Le Calame