Dette colossale, détournement du domaine public, projets fictifs où s'engouffre l'argent public, la dernière décennie du président Aziz aura un impact désastreux pour l'Etat et les citoyens.
Devant le Parlement, le Premier Ministre a été on ne peut plus clair. Les recettes retrouvées au trésor public après l'ancien régime sont de 26 milliards Mro seulement dont 18 milliards prêt d'un bailleur de fonds. Le PM a encore ajouté que l’ancien régime a parallèlement laissé une ardoise de 527 millions US dont 300 millions de dollars doivent être remboursés en 2020. ET depuis le 14 février 2020, la commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur la gestion des dossiers économiques et fonciers par le régime de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a commencé officiellement ses activités. La commission a dévoilé la liste de sept dossiers ciblés par l’enquête à savoir le fonds des recettes pétrolières, la vente du foncier des infrastructures publiques (écoles, stade Olympique, école de police…),, l’attribution des marchés publics, dans les secteurs portuaire et de l'énergie solaire…
Faut-il donc accepter que la préoccupation au plus haut niveau de la gestion de la crise du Covid-19 passe sous silence les scabreuses affaires, héritage d’un régime qui a, au grand dam du pays, a tout dilapidé, sans état d’âme ?
Près d’une trentaine de personnalités des secteurs de l’énergie, du pétrole, des ports, des aéroports et du patrimoine foncier, ont déjà été entendues. Plusieurs personnalités de la haute administration, ainsi que des ministres ont été auditionnés pour faire la lumière sur des questions comme la liquidation de la Sonimex, la gestion de la Fondation de la SNIM, les contrats de pêche avec une société étrangère etc. Mais est-ce suffisant pour remonter toute la gabegie érigée en système dix ans durant (2009-2019) ?
Non, sans doute ! Car les affaires qui ont émaillé cette décennie dépassent largement le champ souscrit par nos enquêteurs de l’Assemblée d’autant que le droit a toujours été bafoué et instrumentalisé pendant cette période, soit pour détruire les adversaires de l’ancien président ou encore garantir l’impunité à ses protégés. Beaucoup d’affaires où l’ancien président -et son clan- semble être le véritable marionnettiste, n’ont jamais connu d’épilogue comme ce fut le cas de centaines de citoyens délestés de leurs propriétés dans l’affaire retentissante de Cheikh Ridha. Malgré leurs plaintes, les citoyens, arnaqués par le Cheikh qui lui-même aurait été utilisé dans ce manège par l’ancien président, n’ont pas encore pu faire aboutir leur affaire devant les juridictions dont les voies semblent toujours impénétrables.
Toute ces deux dernières décennies durant, le régime du président Aziz a arnaqué le pays et les citoyens. Les exemples sont légion. L’affaire des avions, celle de l’usine de sucre, le rôle de la STAM, société marocaine introduite dans le sérail de l’ancien président, de la Société de transport public à l’iranienne. Dans le secteur agraire, c’est la Snaat (société nationale d'aménagement agricoles et de travaux ) qui pulvérisera la «révolution » agraire avec la sous-traitance du projet à la STAM ! Encore elle. Les conséquences de cette gestion chaotique du pays sont là : usine d’aliments (ALEG) et de Lait (Néma) n’existent que sur le papier.
Mais l’on peut continuer d’égrener ces projets morts-nés et dans lesquels l’argent public a été injecté à volonté. Le plus douloureux et certainement le plus patent est l’affaire du démontage de la Sonimex pour en noyer les créances. Pendant cette période, tout est permis y compris le troc avec la mise en place de l’aéroport international de Nouakchott par Najah Major Work qui profite d’un prêt de 15 milliards octroyé par le régime. Depuis, la Snim devient une tirelire où le régime puise jusqu’à l’essouffler totalement.
Sur le volet énergétique, l’affaire de Wartsila continuera aussi de faire tache d’huile alors pour les infrastructures de santé -révélé par le COvid-19, le pays est en sous-équipement médical dangereux malgré les sommes faramineuses engloutis par ce secteur pendant cette période. Une période où les instances de contrôle n’ont pas brillé -comment le pouvaient-elle face au fait du Prince ?- par leurs enquêtes de gestion de la chose publique. Si contrôle, il y a eu, il l’a été contrôle des gestionnaires au bas de l’échelle. La Cour des Comptes et l’IGE semblaient sclérosées et mis aux ordres d’un gouvernement véreux.
Si l’ancien régime a pu par ses éléphants blancs tromper une certaine opinion, il est rattrapé par sa gestion boulimique des affaires publiques et devrait nécessairement, un jour, rendre compte car aucun secteur n'a été épargné.