Une délégation conduite par le ministre de la fonction publique et porte parole du gouvernement, Seyidna Aly Ould Mohamed Khouna a rendu visite au candidat à la présidentielle 2019 Birame Dah Abeid dans son siège de campagne.
La visite s’inscrit dans une tentative d’entame de larges concertations que le pouvoir veut initier avec au moins les quatre candidats qui ont participé à la dernière élection afin de décrisper la situation politique jugée délétère surtout après les événements qui ont suivi l’annonce des résultats de cette présidentielle que les candidats malheureux ont qualifié de hold up électoral avant de rejeter totalement ses résultats.
Malgré cela, les quatre postulants ont quand même exprimé toute leur disposition à engager un dialogue pour régler ce qu’ils considèrent comme une véritable crise politique.
Au cours des discussions avec la délégation du pouvoir, BDA, classé deuxième et qui a appelé au calme et à la retenue suite aux manifestations populaires postélectoraux, a déclaré au Calame que ce geste constitue une réponse et une orientation vers un dialogue pour résoudre la crise et que cette démarche est même indispensable.
Seulement selon lii, il y a des préalables avant d’entamer toute concertation qui sont de nature à apaiser les esprits et désamorcer la situation. Il s’agit, entre autres mesures, de libérer tous les prisonniers sur l’ensemble du territoire national arrêtés dans le cadre des manifestations postélectorales, de renoncer aux poursuites judiciaires à l’encontre des opposants de la diaspora, de retirer les forces armées mobilisées dans certains quartiers comme si le pays était en état de siège.
Il faudrait aussi, a ajouté BDA, que cette visite s’étende à tous les autres candidats et à leurs pôles de soutien car le succès de ces échanges dépend de la prise en compte du point vue de toute l’opposition. Aussi, il est important que l’Etat s’engage à revoir tout le processus électoral de fond en comble : depuis le recensement jusqu’à la révision du fichier électoral et son audit en passant par la composition de la Commission électorale nationale indépendante et le Conseil constitutionnel.
Il ya aussi l’urgence d’engager une profonde réflexion sur les grandes problématiques de fond socio-économiques qui touchent l’ensemble des Mauritaniens et sur lesquelles le pouvoir doit prendre des engagements très forts. Parmi ces questions, il ya la reconnaissance des partis politiques comme le RAG ou le FPC et des organisations comme IRA.
Il ya aussi le règlement définitif du passif humanitaire à travers l’indemnisation intégrale des vrais ayants droit et le retour organisé des rapatriés dont certains sont encore au Mali et au Sénégal. Il ya aussi la question foncière, le partage équitable des ressources nationales, la reforme de la justice, le rapport entre les trois pouvoirs, la promotion des droits de l’homme et de la justice sociale.
Des concertations nationales entre tous les acteurs politiques autour de la gestion avantageuse au profit de tous les citoyens des importantes ressources nationales comme le poisson, le fer, les minerais et les énormes réserves gazières récemment découvertes. Il faut noter que BDA a déclaré que les pôles de l’opposition constitués des quatre candidats va former une commission technique pour la formulation d’un document relatif à un ensemble de problématiques liées aux droits de l’homme, à la cohabitation et à la situation socio-économique qui sera soumis au gouvernement pour être discuté et éventuellement recevoir une réponse favorable.
Beaucoup d’observateurs se demandent pourquoi maintenant à quelque deux semaines du départ de Mohamed Ould Abdel Aziz qui refuse depuis plus de trois ans de répondre à une opposition qu’il a tant méprisée, veut-on entamer un nouveau dialogue ?
L’opposition sera-t-elle de nouveau roulée dans la farine comme l’a été récemment lors des discussions pour l’élargissement de la CENI? N’aurait il pas été plus raisonnable et plus judicieux d’attendre l’entrée en service du nouveau président élu pour de telles concertations ?
Le Calame