Sommet arabe à Tunis: À la recherche d'un second souffle | Mauriweb

Sommet arabe à Tunis: À la recherche d'un second souffle

lun, 25/03/2019 - 10:05

Syrie, Palestine, tensions entre le Qatar et le duo Arabie Saoudite/Emirats...Que nous réserve le sommet de la Ligue des États arabes?

Du 26 au 31 mars se tiendra à Tunis, le sommet de la Ligue Arabe. Un événement important organisé sous l’intitulé de “la solidarité et la coopération arabe”. Ce sommet va permettre d’éclaircir des zones d’ombre alors que les attentes des peuples arabes désenchantées par des décennies de défaites, de guerres et de compromissions ne font que baisser.

Le sommet de Tunis se veut rassembleur. La présence de 21 délégations arabes dont une majorité de leaders arabes tels que l’Egypte, les Emirats arabes unis, l’Arabie Saoudite, le Koweït et le Bahreïn, ainsi que des pays au centre des grands débats actuels tels que la Libye, représentée par le président du gouvernement d’Union Nationale, Fayez El Sarraj, et l’Algérie représentée par le président du Parlement, Abdelkader Bensalah sera scrutée.

Au centre de toutes les attentions, la question de la réintégration ou non de la Syrie au sein de la Ligue Arabe. Comme l’a indiqué le ministre des Affaires étrangères tunisien Khemaies Jhinaoui, la réponse à cette question doit résulter “d’une décision collective qui devrait être prises par tous les pays arabes”.

Pour être un peu plus éclairés sur les sujets, le HuffPost Tunisie a recueilli les témoignages d’une ancienne personnalité du paysage diplomatique tunisien. Premièrement, “la réintégration ou non de la Syrie au sein de la Ligue Arabe est un cas épineux, très épineux. Cela va prendre du temps, le sommet arabe de Tunis ne permettra pas d’aboutir à une solution immédiate. Les contentieux entre le régime syrien et d’autres États arabes sont aujourd’hui réels, notamment avec les États du Golfe. Malgré les récentes tentatives de renouer de bonnes relations diplomatiques avec la Syrie de la part des Emirats Arabes Unis et du Koweït, le Qatar et l’Arabie Saoudite sont toujours pour le moment réticents. Cela peut donc éventuellement être un frein au vu de la réintégration de la Syrie. Néanmoins dans l’optique d’une réintégration, cette action pourrait être un pas vers la stabilité de la Syrie, et par conséquent des États voisins de la Syrie notamment au niveau de la question de l’accueil des réfugiés”.   

La situation en Libye devrait aussi faire partie des sujets centraux et la Tunisie devrait jouer un rôle important dans le traitement de ce sujet aussi sensible que la situation du pays qu’il concerne d’après les propos de Khemaies Jhinaoui: “La Tunisie fait partie intégrante du paysage maghrébin et espère la stabilité et la réussite aux pays du voisinages”.

Concernant la Libye, “la Tunisie devrait encourager au dialogue en vu d’un retour d’une situation stable pour les voisins libyens. Les peuples tunisien et libyen sont historiquement et culturellement liés, la Tunisie doit donc encourager et aider son voisin à redevenir stable sans intervenir directement ou physiquement. L’ONU va convoquer en avril prochain une conférence nationale à Manul pour dresser une ‘feuille de route’ et c’est ce chemin là qui me semble le plus judicieux à suivre” indique cet ancien diplomate.

D’autres défis attendent le pays hôte par rapport à l’ordre du jour du sommet.

Remettre la Palestine sur les devants de la scène arabe après que les événements du printemps arabe l’aient reléguée au second plan, notamment en s’intéressant à la décision américaine d’installer son ambassade à Jérusalem. Ce cas devrait avoir aussi une place centrale car “la Tunisie est le pays arabe qui prend probablement le plus à coeur la cause palestinienne” poursuit la même source.

Le débat concernant la guerre au Yémen menée par la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite est également au programme.  

La présence d’un côté de l’axe saoudien/émirien et de l’autre côté du Qatar amènera sûrement la Tunisie à jouer un rôle de médiateur en vue de réchauffer les relations entre le Qatar et ses grands frères du Golfe.

L’ancien diplomate interrogé par le HuffPost Tunisie a un avis particulier sur la question: “Pour moi l’intervention en tant qu’intermédiaire pour tenter de régler les différends entre le Qatar et l’Arabie Saoudite ainsi que les Emirats Arabes Unis ne peut être réalisée que par des personnes légitimes. On a vu que le président Béji Caïd Essebsi jouissait d’un respect et d’une reconnaissance de la part de ses homologues du Golfe, constatés lors des visites et des déclarations des chefs d’États du Golfe. Cependant il y a une subtilité dans l’optique d’une intervention en tant que médiateur. L’intervention n’est bénéfique que lorsqu’elle a presque toutes les chances de fonctionner. Malheureusement les récentes relations entre les deux clans du Golfe n’offrent pour l’instant aucun espoir de réconciliation. Je ne suis pas dans la tête du président Essebsi mais je pense que s’il trouvera une opportunité d’intervenir il le fera.”

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