Pour la deuxième fois en quelques mois, un Boeing 737 MAX 8 d’Ethiopian Airlines s’est écrasé après son décollage dimanche au sud d’Addis Abeba, faisant 157 morts. La sécurité de cet avion est désormais remise en question. L’enquête se poursuit ce lundi, jour de deuil national. Les enquêteurs de l’aviation civile sont à pied d’œuvre sur les lieux du crash pour récolter le maximum de débris et d’indices et trouver les boîtes noires de l’appareil.
L’enquête se poursuit ce lundi pour déterminer pourquoi le Boeing 737 flambant neuf d’Ethiopian Airlines s’est écrasé dimanche au sud d’Addis Abeba, faisant 157 morts, une tragédie marquée en Éthiopie par un jour de deuil national.
Le Kenya était, lui, doublement endeuillé : avec 32 ressortissants à bord, c’est le pays le plus touché par la tragédie, et Nairobi est par ailleurs le hub régional des Nations unies, qui ont été durement affectées par la catastrophe.
Trouver les boîtes noires de l’avion
Sur le lieu du crash, dans un champ situé en dehors du village de Tulu Fara, à quelque 60 kilomètres à l’est d’Addis Abeba, des excavatrices étaient à pied d’oeuvre lundi matin, extrayant du sol des morceaux de l’appareil, sous le regard de badauds maintenus à distance par un cordon de sécurité.
Le Boeing s’est désintégré en heurtant le sol. En s’écrasant, il a creusé un impressionnant cratère, labourant la terre sur des dizaines de mètres de longueur.
Les enquêteurs de l’Agence éthiopienne de l’aviation civile, actifs sur le lieu de l’accident depuis dimanche après-midi pour récolter le maximum d’indices et trouver les boîtes noires de l’appareil, devraient être prochainement rejoints par une équipe technique de Boeing. Le PDG d’Ethiopian Airlines, Tewolde GebreMariam, a indiqué que l’enquête serait menée conjointement avec des enquêteurs américains.
Drapeau en berne au siège du PNUE
À Nairobi, le crash de dimanche était dans toutes les têtes ce lundi matin à l’ouverture de la conférence annuelle du Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE), qui a son siège mondial dans la capitale kényane.
Les drapeaux des pays membres qui flottent habituellement dans l’allée du quartier général du PNUE ont été retirés, laissant seule la bannière bleue des Nations unies, hissée à mi-mât. Une minute de silence a été observée à l’ouverture de chaque réunion. Plusieurs personnes devant participer à la conférence se trouvaient à bord de l’avion, notamment un haut responsable du ministère marocain de l’Energie et des Mines, et un professeur de l’université marocaine Hassan II.
Selon Maimunah Sharif, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), 22 employés de l’ONU ont péri dans le crash. « Souvenons-nous que nos collègues étaient volontaires pour voyager et travailler loin de leur foyer […] afin de faire de ce monde un meilleur endroit », a-t-elle déclaré lors d’une réunion en prélude à l’ouverture officielle, prévue dans la matinée.
Parmi les victimes onusiennes figurent six employés du PNUE et plusieurs autres du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Dublin a par ailleurs confirmé la mort d’un ingénieur irlandais travaillant pour le Programme alimentaire mondial (PAM) alors que les médias britanniques ont rapporté celle d’une employée de l’organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Des Boeing cloués au sol
Cet accident est un nouveau coup dur pour Boeing, dont le même modèle, version modernisée du best-seller 737, s’était écrasé lui aussi quelques minutes après le décollage, le 29 octobre, au large de l’Indonésie, faisant 189 morts. Une des boîtes noires de l’appareil appartenant à la compagnie indonésienne Lion Air avait signalé des problèmes d’indicateur de vitesse.
Suite à cet accident, Ethiopian Airlines a annoncé lundi qu’elle avait immobilisé ses six autres Boeing 737 MAX 8 « jusqu’à nouvel ordre ». Réputée sérieuse, la compagnie, détenue à 100 % par l’État éthiopien, a connu une très forte expansion ces dernières années. Sa flotte compte plus de 100 appareils, ce qui en fait la plus importante en Afrique.
Pékin a demandé lundi aux compagnies aériennes chinoises de suspendre les vols de leurs Boeing 737 MAX 8. Leur utilisation pourra reprendre après confirmation par les autorités américaines et Boeing « des mesures prises pour garantir avec efficacité la sécurité des vols », a indiqué le Bureau chinois de l’aviation civile.
Le vol ET 302, qui avait décollé dimanche à 08 h 38 d’Addis Abeba, a disparu des radars six minutes plus tard. Selon un témoin, Tegegn Dechasa, l’arrière de « l’avion était déjà en feu lorsqu’il s’est écrasé au sol ». L’appareil, livré courant 2018 à la compagnie, avait fait l’objet d’une maintenance le 4 février.
Neuf Français parmi les victimes
Les victimes du crash étaient de 35 nationalités différentes, selon des chiffres provisoires de la compagnie. Celle-ci a notamment dénombré 32 Kényans, 18 Canadiens, 9 Éthiopiens, 8 Italiens, 8 Chinois, 8 Américains, 7 Français, 7 Britanniques, 6 Égyptiens, 5 Allemands et 4 Indiens. Un passager voyageait avec un passeport onusien. Le gouvernement français a fait état pour sa part de la mort de neuf Français et le parquet de Paris a ouvert une enquête.
Les messages de condoléances aux victimes ont afflué toute la journée dimanche, du Premier ministre éthiopien au président kényan, de l’Union africaine au secrétaire général de l’ONU, en passant par le Premier ministre canadien et le président français Emmanuel Macron qui sera en visite officielle en Éthiopie mardi et mercredi puis au Kenya mercredi et jeudi.
Parmi les victimes figurent par ailleurs l’épouse et les deux enfants du député slovaque Anton Hrnko, un architecte italien, un professeur d’université canadien d’origine nigériane ainsi qu’un ancien secrétaire général de la fédération kényane de football.
https://www.ouest-france.fr/societe/faits-divers/crash/crash-du-boeing-d...