L’Union pour la République (UPR) a désigné, samedi 2 mars à la suite d’un congrès, le général Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed « Ghazouani », comme candidat à l’élection présidentielle de juin prochain. Dauphin du président Mohamed Abdelaziz qui l’a choisi, ce militaire qui occupe actuellement le poste de ministre de la défense part comme un des principaux favoris de la prochaine présidentielle.
Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz a décidé qu'il ne se représentera pas pour un troisième mandat et pour faire taire les supputations, a choisi et dévoilé son dauphin. Il s'agit du général Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed "Ould Ghazouani", actuel ministre de la défense dont la candidature à la prochaine présidentielle de juin prochain, vient d'être adoptée par l'Union pour la République (UPR). Le parti au pouvoir a en effet tenu son 2e congrès ordinaire et a profité de la rencontre pour entériner le choix du président sortant à travers une motion adoptée à l'unanimité.
Le nouveau candidat de l'UPR a aussitôt revêtu ses habits de politicien et a appelé son parti à une mobilisation pour la victoire lors de la présidentielle. « Tous, vous devez opérer le sursaut qu'il faut pour faire de cette élection un succès total et me permettre de mettre en œuvre le programme ambitieux que je prévois », a scandé le général Ould Ghazouani devant les militants de son parti rassemblé pour l'occasion dans un stade de Nouakchott la capitale du pays. Dans sa première allocution comme candidat, il a dressé un bilan satisfaisant des deux mandats de son mentor, des résultats qu'il entend consolider et poursuivre une fois élu. La candidature du militaire était dans l'air du temps et donc tout sauf une surprise. En février, et aussitôt le choix du président Abdelaziz pour son successeur connu, plusieurs formations de la majorité présidentielle comme le Rassemblement pour la démocratie et l'unité (RDU), ont adoubé la candidature de l'officier qui a pris sa retraite de l'armée.
Un favori dans l'ombre d'Abdelaziz
A 63 ans, ce militaire de carrière qui a gravi tous les échelons de l'armée jusqu'au poste de chef d'Etat-major avant d'être nommé à la Défense au sein du gouvernement, est un proche parmi les proches du président. Désormais, investit candidat, il part favori même s'il va devoir battre campagne et peut-être gouverner sous l'ombre de son mentor, le président sortant. L'UPR est en effet sorti largement vainqueur des dernières élections de septembre dernier, et l'opposition peine à se donner un candidat unique pour espérer remporter le scrutin. Certes, certaines personnalités comme Biram Ould Abeid, le leader du mouvement anti-esclavagiste, ont déjà fait acte de candidature mais d'autres formations politiques sont également dans les start-box. C'est le cas du parti qualifié d'islamiste de Tawassoul qui fait presque bande à part au sein de l'opposition. D'autres personnalités comme l'homme d'affaires Mohamed Ould Bouatmou, ancien allié de Mohamed Abdelaziz et actuellement en exil, pourraient également se porter candidat mais à condition, comme c'est le cas pour ce dernier, de pouvoir se présenter au scrutin en raison notamment des dossiers judiciaires qui les concernent.
Bien placé donc pour remporter la prochaine présidentielle, le général Ghazouani va devoir politiquement exister sous l'ombre du président Abdelaziz qui n'exclut pas un retour sur la scène politique de son pays. S'il a choisi de respecter la constitution qui ne lui accorde que deux mandats successifs, le président en fin de mandat n'exclut pas un retour sur le devant de la scène politique. « Dès que la constitution me permettra de me représenter, je le ferai. Je ne peux pas me présenter à un troisième mandat mais la constitution ne m'empêche pas de me représenter après », avait-il confié à la presse en novembre. A Nouakchott et dans les chancelleries, on augure déjà des prémisses d'un « scénario à la Poutine et Medvedev »...
La Tribune Afrique