Les avoirs bancaires de l'homme d’affaires mauritanien Mohamed Ould Bouamatou – qui vit en exil – ont été saisis ces derniers jours et placés dans des institutions financières appartenant à l’État de Mauritanie. Une information rendue publique par l'opposition, qui condamne cette nouvelle mesure qui touche le cousin du chef de l'Etat, en délicatesse avec le pouvoir.
Après avoir subi plusieurs perquisitions à son domicile de Nouakchott, cette fois ce sont les avoirs de Mohamed Bouamatou qui ont été saisis par la justice mauritanienne. Selon le parquet, la mesure prise est consécutive à une enquête ouverte en 2017 dans le cadre de la lutte contre la corruption.
Argument peu convaincant pour le forum national de l’opposition, qui parle de chasse aux sorcières. Elle exige la restitution immédiate des fonds qui servaient au fonctionnement de l’hôpital ophtalmologique Bouamatou, qui soigne des milliers de Mauritaniens « déshérités, marginalisés », comme le rappelle Khalili Dede.
Le vice-président du l’union des forces de progrès, qui assure la présidence tournante du forum de l’opposition, explique que la richesse de Mohamed Ould Bouamatou « a servi à des actions sociales très importantes ».
Justice « instrumentalisée »
Khalil Dede se dit préoccupé que la justice soit « instrumentalisée par le pouvoir politique en place pour régler des comptes ». Des accusations rejetées par le parquet, qui assure que la mesure est conforme à la loi.
Si la situation est aujourd’hui envenimée, la relation entre Mohamad Ould Abdel Aziz et Mohamed Ould Bouamatou n’a pourtant pas toujours été mauvaise, au contraire. Le second a même financé la campagne présidentielle du premier, en 2009.
Face aux récentes accusations du camp présidentiel, Mohamed Ould Bouamatou fait d’ailleurs mine de s’étonner d’avoir été considéré comme « un homme patriotique » à l’époque où il a « financé leur campagne ».
Le camp Bouamatou, qui vit désormais à Bruxelles, accuse le président mauritanien d'exercer des pressions sur lui pour faire main basse sur une partie de sa fortune.
RFI via cridem