La sécheresse qui frappe le Sahel affecte particulièrement la Mauritanie. Celle-ci tente de parer la disette qui s'annonce en 2018.
Les pâturages sont grillés et les mares asséchées, comme le confirment les photos satellites de la Mauritanie publiées par Action contre la faim (ACF). Le sorgho comme la pastèque se raréfient. En Mauritanie, toutes les wilayas du pays sont concernées, à la différence du Sénégal ou du Tchad, dont certaines régions seulement sont affectées par la sécheresse. Dans le Tagant, on ne dénombre que cinq barrages sur quarante-deux conservant un peu d’eau. Le long du fleuve Sénégal, les déficits hydriques et en biomasse sont spectaculaires.
"Les populations ont commencé à puiser dans leur capital.
Elles entament dès maintenant leurs réserves destinées à la soudure"
« La campagne avait bien commencé, commente Jean-Noël Gentile, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) en Mauritanie. Puis on a constaté une pause pluviométrique de 20 à 40 jours qui a obligé les agriculteurs à replanter, souvent en vain car les pluies de septembre n’ont pas rattrapé le déficit. Déjà annoncées comme inférieures aux années normales, les récoltes seront très touchées. »
Le pire est à venir
Il est trop tôt pour prédire l’étendue des dégâts, mais l’on sait d’ores et déjà qu’ils seront comparables à ceux de la précédente sécheresse, en 2011-2012. « On observe une transhumance précoce des troupeaux vers le Mali et le Sénégal, poursuit Jean-Noël Gentile. Cela veut dire moins de lait à boire et à vendre, et plus de malnutrition. Les populations ont commencé à puiser dans leur capital : elles vendent des bêtes et elles entament dès maintenant leurs réserves destinées à la soudure. »
Des stratégies « négatives » (moins de repas, moins d’enfants à l’école) se mettent en place dans un pays où 28% de la population (1,076 million) se trouve en état d’insécurité alimentaire et où le taux élevé de malnutrition sévère parmi les enfants de moins de cinq ans impose des mesures d’urgence.
La « note de synthèse sur le déroulement de l’hivernage 2017 » rédigée en octobre par le Groupe technique spécialisé (FAO, ACF, WFP, FewsNet) conclut, suite à des visites sur le terrain : « La situation alimentaire est pour l’instant stable dans toutes les wilayas du pays. Les marchés sont bien approvisionnés en produits alimentaires importés (…) On constate néanmoins une tendance haussière des prix des céréales traditionnelles en l’absence de premières récoltes locales. »
Autrement dit, le pire est à venir. C’est pourquoi le PAM, l’Unicef et les ONG travaillent avec le gouvernement pour anticiper une pénurie alimentaire. « C’est une année difficile qui s’annonce », prédit le directeur du PAM en Mauritanie. Les 38 millions de dollars nécessaires en année normale pour secourir les zones les plus menacées ne suffiront sûrement pas.
Jeune Afrique