Malgré le communiqué du parquet (ci-dessous) faisant état d’un recours contre la décision de la chambre criminelle de Nouadhibou élargissant le bloggueur Mohamed Ould Mkheittir jugé pour diffamation contre le prophète (PSL), des messages circulent sur la toile pour une marche de protestation contre ce verdict jugé «clément ».
La marche de protestation dont le point de rassemblement serait le palais présidentiel se formerait de tous les fidèles provenant des différentes mosquées de Nouakchott.
Les milieux officiels estiment que certaines mouvances islamistes tenteraient de récupérer cette affaire pour des raisons « politiciennes ».
Les forces de police et de sécurité seront très certainement déployées en début d’après-midi pour faire face éventuellement aux débordements dans de de telles manifestations.
Toujours est-il que jeudi toutes les activités économiques à Nouadhibou avaient été suspendues et des cordons sécuritaires déployés en raison de l’épilogue judiciaire dans cette affaire. Des heurts avaient néanmoins opposés police et manifestants contre la libération du bloggueur.
Arrêté depuis janvier 2014, Mohamed Ould Mkheittir a été condamné par la cour criminelle de Nouadhibou à 2 ans de prison et 60 milles ouguiyas d’amande. Il avait donc déjà purgé sa peine. Une peine jugée clémente dans certains milieux eu égard à la Sacralité du prophète en Islam.
L’arrestation du bloggueur blasphémateur qui retient l’opinion publique en haleine depuis janvier 2014 avait été condamnée par des Ongs des droits de l’Homme. Des rumeurs font état de possibilités d'exfiltration du jeune bloggueur vers un pays occidental comme l'Italie ou la France où il pourrait bénéficier de l'exil.
Les avocats du bloggueur, rappelle-t-on, avaient accueilli avec soulagement le verdict prononcé par la cour criminelle de Nouadhibou.
Le Parquet général fait un recours en cassation contre la décision de la Cour d’Appel de Nouadhibou
Le Parquet général a fait jeudi un recours en cassation contre la décision de la chambre pénale de la Cour d’Appel de Nouadhibou au sujet du dossier N° 003-2014. C’est ce qu’indique un communiqué dudit parquet dont une copie est parvenue à l’AMI et dont voici le texte intégral :
« Suite à la décision rendue cet après-midi (jeudi, ndlr) par la chambre criminelle de la Cour d’Appel de la wilaya de Dakhlet Nouadhibou autrement composée, décision afférente au dossier N° 003-2014, le Parquet a immédiatement fait un recours en cassation contre ladite décision devant la Cour Suprême (chambres réunies), en vue d’une application saine et rigoureuse de la loi, après que la décision ait été rendue contre sa requête fondée et étayée par son argumentation contenue dans sa plaidoirie contre le condamné dans le dossier porté devant la Cour.
Le Parquet général avait exercé l’action publique contre le condamné depuis les premiers instants où il a été informé des faits graves incriminés qu’il a commis, l’a présenté devant la juridiction compétente et a accompagné, de manière efficace, toutes les étapes de la procédure judiciaire et continuera, conformément à la loi, à accomplir son devoir sacré dicté par le droit et consistant à protéger la société et ses croyances sacrées.
Au moment où le Parquet général exerce ce recours en cassation que la loi lui confère en vue de voir appliquer de manière saine et rigoureuse la loi dans cette affaire, et conformément à sa vision, il convient de noter que la Cour a appliqué des règles de fond consacrées par le Code pénal mauritanien qui a été, au demeurant, élaboré par un groupe de grands Ulémas du pays en application des dispositions de la Chariaa islamique, qui est en vigueur depuis 1983 et ce, dans le cadre de l’indépendance dont jouit la justice mauritanienne et qu’il nous appartient de respecter et d’appliquer les décisions.
Le Parquet général rappelle à tous que le pouvoir judiciaire est la seule autorité compétente pour trancher juridiquement les affaires portées devant la justice et pour prononcer les peines prévues par la loi et attire l’attention sur le fait que les voies de recours prévues dans la procédure judiciaire sont les seules à pouvoir être mis en œuvre contre les décisions de justice.
Le Parquet général».