Crise des commerçants mauritaniens au Mali : Colère et appel à l'aide face à un « blocage politique » | Mauriweb

Crise des commerçants mauritaniens au Mali : Colère et appel à l'aide face à un « blocage politique »

lun, 22/09/2025 - 10:58

Près de 300 commerces tenus par des Mauritaniens restent portes closes dans la capitale malienne, Bamako, depuis une vingtaine de jours. Une situation qui plonge toute une communauté dans l'inquiétude et la précarité, et que les principaux concernés dénoncent comme étant une crise à forte dimension politique, exigeant l'intervention urgente des autorités de Nouakchott.

Un silence perçu comme un abandon

Dans un communiqué véhément, les représentants des commerçants mauritaniens ont exprimé leur profonde frustration face à ce qu'ils qualifient de « politique de l'autriche » de la part des plus hautes instances de leur pays d'origine. Ils pointent du doigt l'ensemble de la classe politique, les médias, ainsi que les autorités locales. Les griefs se cristallisent particulièrement sur leurs propres représentants parlementaires : le député de la circonscription d'Afrique, et les députés des moughataas d’Amourj et Adel Bagrou, accusés de rester sourds à leur détresse.

Malgré le dépôt, il y a cinq jours, des dossiers complets auprès du ministère malien du Commerce, comprenant toutes les pièces demandées, les autorités financières persistent à leur refuser l'autorisation de rouvrir leurs boutiques. Cette inertie administrative est perçue comme délibérée et motivée par des raisons qui dépassent le simple cadre réglementaire.

Un appel direct au Président El Ghazouani

Face à ce qu'ils estiment être un abandon de leurs représentants directs, les commerçants se tournent vers le plus haut niveau de l'État. Leur communiqué lance un appel solennel au Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, pour qu'il intervienne personnellement en tant que garant des intérêts des Mauritaniens de l'étranger.

Ils l'enjoignent non seulement de résoudre leur problème immédiat, mais aussi d'œuvrer à « consolider la relation fraternelle entre les deux pays » au profit des peuples malien et mauritanien. Pour ce faire, ils réclament l'envoi urgent d'un émissaire spécial sur place. Ce dernier aurait pour mission de constater de visu l'ampleur des préjudices subis, de soutenir moralement les commerçants affectés et d'évaluer les lourdes pertes financières en vue d'une éventuelle indemnisation.

Mobilisation et solidarité réclamées

Le communiqué ne s'arrête pas là. Il lance également un véritable cri d'alarme à l'ambassadeur de Mauritanie au Mali, l'exhortant à se montrer solidaire et à défendre activement les droits de ses concitoyens, estimant que sa présence et son soutien diplomatique sont cruciaux dans cette épreuve.

Enfin, face à ce qu'ils perçoivent comme l'inaction généralisée de leur gouvernement et l'absence de leurs députés, les commerçants annoncent leur intention de se faire entendre par des moyens plus forts. Ils affirment la nécessité d'organiser des sit-in et des rassemblements pacifiques pour protester contre ce « délaissement » et forcer les responsables à enfin prendre leurs responsabilités.

Les chiffres avancés par les commerçants ont été confirmés par une source officielle au sein de la communauté. Dans une déclaration préalable, Saadna Hamoud, vice-président de la communauté mauritanienne à Bamako, avait alerté l'opinion en révélant que le nombre de magasins concernés par cette fermeture forcée s'élevait à environ 300 établissements. Un chiffre qui illustre l'ampleur économique et sociale de cette crise pour les expatriés mauritaniens au Mali, et qui souligne l'urgence d'une solution rapide et politique.