
Du 8 au 12 septembre, la Mauritanie a pris part à l’« Exercice de Gestion de Crise – Bulgarie 2025 », organisé à Sofia et Montana par le Centre Euro-Atlantique de Coordination des Interventions en cas de Catastrophes (EADRCC) de l’OTAN. L’événement a réuni plus de mille participants venus des trente pays membres de l’Alliance, de l’Union européenne, de dix-huit pays partenaires, ainsi que de plusieurs agences onusiennes.
La Mauritanie était représentée par le Général de brigade Abou El Maali El Hadi Sidi Ould Amar, Délégué Général à la Sécurité Civile et à la Gestion des Crises. Une présence qui, si elle témoigne de l’importance accordée à la coopération internationale dans ce domaine, soulève néanmoins plusieurs interrogations quant à la pertinence d’une telle participation au plus haut niveau.
Un exercice pratique, mais des enjeux techniques
L’exercice simulait un tremblement de terre dévastateur de magnitude 7,2, avec des conséquences multiples : effondrement de bâtiments, hôpitaux et infrastructures, risque nucléaire et menaces d’inondations. Le but affiché était de renforcer la préparation opérationnelle et la coopération technique entre les différents acteurs de la gestion des catastrophes.
Or, il est frappant de constater que la plupart des pays ont envoyé des fonctionnaires et des cadres techniques directement impliqués dans la mise en œuvre des interventions, plutôt que les dirigeants en charge de la gestion globale et stratégique. La logique est claire : ces exercices sont conçus comme des laboratoires pratiques pour les opérationnels, afin de tester les procédures, d’identifier les failles et de mieux coordonner les équipes sur le terrain.
Une présence au sommet qui interroge
La décision de dépêcher le Délégué Général lui-même soulève plusieurs critiques.
- D’abord, parce que sa mission principale devrait rester la supervision stratégique et nationale de la sécurité civile, et non la participation directe à des exercices pratiques qui relèvent davantage des techniciens.
- Ensuite, parce que son absence à Nouakchott, dans un contexte où la Mauritanie fait face à des risques réels (inondations, sécheresses, accidents industriels), peut fragiliser la gestion quotidienne des urgences.
- Enfin, parce que la présence d’un haut gradé de ce niveau donne l’image d’un pays qui privilégie le prestige protocolaire à la préparation opérationnelle réelle.
Une approche qui révèle une confusion des rôles
Certes, la participation du Général peut être interprétée comme un signal politique fort de l’engagement mauritanien aux côtés des partenaires internationaux. Mais en termes d’efficacité, il aurait été plus pertinent d’envoyer des équipes techniques : ingénieurs de la sécurité civile, officiers de terrain, spécialistes en gestion des risques, qui auraient pu revenir avec des acquis concrets et applicables immédiatement au contexte mauritanien.
En définitive, cette décision illustre une confusion entre la représentation politique et la nécessité opérationnelle. À l’heure où les catastrophes naturelles et technologiques menacent directement les populations, ce sont les capacités pratiques, les procédures et la formation continue des équipes de terrain qui devraient être au cœur des priorités.