
Le ministre de l’Énergie et du Pétrole, M. Mohamed Khaled, a annoncé, mardi dernier, que les premières quantités de gaz du projet Tortue/Ahmeyim (GTA) seront expédiées vers les marchés internationaux dès la fin du mois de février 2024. Cette étape marque une avancée majeure pour ce projet stratégique, fruit d’un processus de travail rigoureux et couronné de succès.
Un projet phare pour la Mauritanie et le Sénégal
Situé à environ 120 km des côtes mauritaniennes et sénégalaises, à une profondeur de 5 000 mètres, le champ gazier GTA dispose de réserves estimées à 20 trillions de pieds cubes de gaz. Lancé en 2018 grâce à un accord de coopération bilatérale entre la Mauritanie et le Sénégal, le projet est développé en trois phases. La première phase, qui démarre ce mois-ci, produira 2,5 millions de tonnes de gaz liquéfié par an, tandis que les phases suivantes porteront la production à 10 millions de tonnes annuelles.
Le gaz sera principalement destiné aux marchés européen et asiatique, avec une orientation finale déterminée par la demande et les prix. Cette exportation renforcera la position de la Mauritanie sur la scène énergétique internationale.
Une infrastructure complexe et innovante
Le ministre a détaillé les composantes techniques de la première phase du projet :
-Puits de production : extraction du gaz à 120 km des côtes ;
-Équipements sous-marins et pipelines : collecte et transport des liquides vers les plates-formes ;
-Plateforme FPSO : séparation du pétrole liquide et exportation à 30 km ;
-Plateforme FLNG : liquéfaction du gaz et exportation à 10 km.
Des études techniques sont en cours pour la deuxième phase, avec l’objectif d’accélérer la production d’ici 2030 et de répondre aux besoins locaux en gaz.
Vers un hub énergétique régional
La Mauritanie aspire à devenir un centre énergétique régional intégré, en exploitant non seulement ses ressources gazières, mais aussi ses énergies renouvelables. Le pays bénéficie d’atouts uniques, tels qu’un ensoleillement intense (2 200 kWh/m²/an) et des vents puissants (plus de 10 m/s), idéaux pour la production d’hydrogène vert. Le gouvernement a déjà adopté un code de l’hydrogène vert, le premier en Afrique, et signé plusieurs protocoles d’accord avec des entreprises internationales.
Développement des infrastructures et attractivité des investissements
Le ministre a également évoqué les projets énergétiques en cours, comme le champ gazier de Banda (1,5 trillion de pieds cubes), qui alimentera une nouvelle centrale électrique de 300 mégawatts d’ici 2028. Le champ de Birallah, avec ses 80 trillions de pieds cubes de gaz, fait également l’objet de discussions avec des entreprises internationales.
Pour attirer les investissements, la Mauritanie a modernisé son cadre juridique, notamment avec la mise à jour du code des investissements et la loi sur le partenariat public-privé. Le pays offre des incitations fiscales, des garanties de sécurité et une liberté totale pour les entreprises étrangères.
Avec ses ressources gazières, ses énergies renouvelables et ses réformes économiques, la Mauritanie se positionne comme un acteur clé dans le secteur énergétique mondial. L’exportation du gaz de Tortue/Ahmeyim marque le début d’une nouvelle ère pour le pays, qui vise à transformer ses richesses naturelles en moteur de développement économique et social.