Le Président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a tenu hier soir un point de presse conjoint avec le Président du gouvernement espagnol, Monsieur Pedro Sánchez, au palais présidentiel de Nouakchott. Lors de cette rencontre, les deux dirigeants ont mis en exergue les relations historiques d’amitié qui lient la Mauritanie et l’Espagne.
Intervention du Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani :
"C'était un grand plaisir pour moi d'accueillir aujourd'hui Son Excellence Monsieur Pedro Sánchez, Président du gouvernement espagnol, lors d'une visite d'amitié et de travail.
Cette visite, qui fait suite à celle que j'ai effectuée il y a quelques mois en compagnie de Madame Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, reflète réellement l'excellence et la profondeur des relations entre nos deux pays.
Cette visite nous a permis, à moi-même et à mon ami le Président Sánchez, ainsi qu'à nos délégations respectives, de procéder à des échanges fructueux et d'évaluer toutes les questions d'intérêt commun, en discutant des meilleures voies et moyens pour renforcer l'excellente coopération existante entre nos deux pays.
Nous avons examiné les défis communs actuels, puis discuté des moyens et méthodes nécessaires pour les relever, dans un esprit de solidarité et de responsabilité partagée, à travers des partenariats stratégiques équilibrés et mutuellement bénéfiques. Nous avons convenu ensemble de continuer à renforcer et diversifier notre coopération au service de l'intérêt commun de nos deux pays amis et au profit du développement et de la stabilité de la région dans son ensemble.
Je saisis cette occasion pour renouveler mes remerciements au Président Sánchez pour la volonté renouvelée de l'Espagne de fournir davantage de soutien aux efforts de développement de notre pays, et pour son soutien à la cause mauritanienne auprès de l'Union européenne et de la communauté internationale.
Je compte beaucoup sur l'engagement personnel du Président Sánchez pour faciliter la migration légale des citoyens mauritaniens vers l'Espagne et l'Europe, encourager la migration circulaire des jeunes Mauritaniens, et exempter les passeports nationaux officiels (passeports diplomatiques et passeports de service) du visa Schengen.
Je tiens également à exprimer, en mon nom personnel et au nom du peuple mauritanien, notre grande appréciation pour les positions honorables et courageuses de l'Espagne concernant la cause juste et légitime du peuple palestinien, qui souffre toujours sous l'occupation.
En renouvelant mes remerciements au Président Sánchez, je lui souhaite plein succès dans sa tournée en Afrique de l'Ouest, ainsi qu'un agréable séjour en Mauritanie. Je vous remercie de votre attention."
Intervention du Président du Gouvernement Espagnol, Pedro Sánchez :
Je voudrais tout d'abord remercier le Président de la République Islamique de Mauritanie, mon ami Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, pour l'accueil chaleureux.
C'est un honneur pour moi de visiter à nouveau la Mauritanie, ce pays avec lequel nous entretenons des relations d'amitié historique, de bon voisinage, et de coopération fructueuse.
L'objectif de ma visite, et celui du gouvernement espagnol, est de renforcer nos relations bilatérales qui traversent une période excellente, comme en témoigne ma rencontre avec le Président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani.
Je pense que le meilleur témoignage du climat de compréhension entre nos deux pays est la déclaration commune que nous avons adoptée, un document qui couvre un large éventail de questions d'intérêt commun, telles que le développement économique, le renforcement de la sécurité, et en particulier la gestion conjointe et organisée du phénomène migratoire, entre autres.
Nous avons également convenu de tenir la première réunion de haut niveau entre la Mauritanie et l'Espagne en 2025, ici en Mauritanie, ce qui constituera une nouvelle opportunité d'intensifier nos relations bilatérales.
Comme je l'ai dit, l'une des questions que nous avons abordées est la gestion conjointe d'une question complexe qui affecte grandement nos deux pays, à savoir la migration. Je tiens aujourd'hui à rappeler un message que j'ai exprimé à plusieurs reprises dans mon pays, en Espagne, c'est que jusqu'à récemment, l'Espagne était aussi un pays d'émigration. Dans des moments très difficiles, de nombreux citoyens espagnols cherchaient à l'étranger une destination et aspiraient à une vie meilleure, tout comme aujourd'hui, de nombreuses personnes aspirent à une vie meilleure, souvent au péril de leur vie. Ainsi, pour nous, le phénomène migratoire est une question de principes moraux, de solidarité, et de dignité, mais aussi de pure rationalité, car la contribution des travailleurs migrants à notre économie est essentielle, tout comme le soutien à notre système de sécurité sociale et notre régime général de retraite.
En conséquence, pour l'Espagne, la migration est synonyme de richesse, de développement et de prospérité. Malgré le discours qui a malheureusement tendance à croître en Europe, la migration n'est pas un problème, mais une nécessité qui comporte certaines difficultés. Par conséquent, nous devons encourager les formules qui nous permettent de gérer le phénomène migratoire de manière humaine, sûre et organisée, au bénéfice de nos sociétés. Il nous faut donc combattre les mafias qui exploitent les êtres humains et mettent leur vie en danger, car les premières victimes de la migration illégale sont les migrants eux-mêmes. Je pense que cela nécessite une approche globale qui prend en compte tous les facteurs qui influencent la migration et renforce la coopération entre les pays concernés.
C'est dans cet esprit que nous signerons aujourd'hui des accords. Premièrement, nous allons signer un mémorandum d'entente pour développer un modèle de migration régulière, donc circulaire, une formule que l'Espagne a déjà développée avec succès dans différents pays et qui constitue un bon outil pour gérer les flux migratoires de manière organisée et légale.
En complément, nous allons signer une déclaration pour renforcer notre coopération en matière de sécurité et de lutte contre le crime organisé. À cet égard, je tiens à remercier le gouvernement mauritanien et son Président pour les efforts qu'ils déploient pour lutter contre la migration illégale, ainsi que pour leur coopération dans la lutte contre les réseaux de trafic de personnes. Nous avons un engagement ferme et une détermination à continuer à travailler ensemble pour combattre les organisations qui se livrent à des activités criminelles en exploitant les conditions terribles et le désespoir de ceux qui cherchent à migrer de manière irrégulière.
Enfin, je pense qu'il est intéressant d'envisager la création d'un Conseil des affaires mauritano-espagnol. Je suis convaincu que ce conseil contribuera de manière significative à accroître les relations économiques et commerciales entre nos deux pays, et qu'il offrira également de nouvelles opportunités, en particulier pour les entreprises économiques et commerciales qui opèrent dans une région chère à l'Espagne et proche de la Mauritanie, comme les îles Canaries.
Pour conclure, je voudrais annoncer que l'Institut Cervantes commencera à proposer ses activités en Mauritanie dès l'automne prochain, une première étape vers son implantation officielle en Mauritanie.
Je termine en insistant sur l'importance de l'Afrique pour l'Espagne, pour l'Europe, et particulièrement pour nous, en raison de notre proximité géographique, mais aussi de notre proximité culturelle et de nos intérêts communs.
L'Afrique a toujours été et restera une priorité pour la politique étrangère espagnole. Partant de ce principe, nous élaborons actuellement une nouvelle stratégie qui sera couronnée par la mise en œuvre de 100 actions et initiatives couvrant les principaux objectifs de notre action extérieure en Afrique. De plus, nous continuerons à travailler au sein de l'Union européenne pour renforcer le respect des engagements que nous avons annoncés en février dernier, lors de ma visite en Mauritanie avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, où nous avons pris ces engagements avec le gouvernement mauritanien, le Président Ghazouani, et d'autres organisations internationales telles que l'OTAN, pour rapprocher nos deux continents et relever ensemble les défis communs. Dans ce contexte, l'Espagne contribuera à hauteur de 500 000 euros à une initiative de formation dans les domaines de la défense et de la sécurité en Mauritanie.
En résumé, je tiens à dire que je crois fermement que le développement croissant de nos relations avec la Mauritanie, que nous renforcerons aujourd'hui, constitue une base importante sur laquelle nous pourrons développer l'ensemble de notre politique étrangère.
Je vous remercie infiniment."